Preston Tucker fait parti de ces doux dingues que rien n’arrête. Des gars totalement emportés par leur passion, leurs rêves, qui se transforment parfois en projet (ça me rapelle quelqu’un ça tient !), quitte à y perdre tout ce qu’ils ont. En attendant, il fut à l’origine d’une voiture originale et avant-gardiste à qui il allait donner son nom, mais surtout, défrayer la chronique ! L’une d’entre elle refait surface 70 ans plus tard…
Rassurez vous, je ne vais pas vous raconter toute l’histoire de Tucker… Certains en ont fait des livres, voir même un film (Que je vous conseille d’ailleurs !). Nan, juste les grandes lignes…
Preston Tucker commence chez Cadillac comme messager. Après quelques déboires chez Ford, où il a essayé de mener un projet de voiture de course en association avec Harry Miller, il quitte le milieu de la bagnole pour devenir policier dans le Michigan. Là, il est régulièrement confronté à l’horreur des accidents de la route. Voilà qui va faire germer dans son cerveau le projet qui deviendra celui de sa vie mais aussi, celui qui le fera connaitre mondialement.
Pendant la seconde guerre mondiale, Preston amasse une petite fortune dans la fabrication de tourelles à canon rotatives. En 1944, il décide de concrétiser son rêve en fabriquant une berline innovante et lance un audacieux et original programme de financement. Une fois la machine en route, il loue une ex-usine de moteurs d’avions située à Chicago.
Il y fabrique une cinquantaine d’exemplaires avant que la commission de surveillance boursière lui tombe dessus. On lui reproche d’avoir usurpé la collecte des fonds en avançant des innovations techniques qui n’ont pas été appliquées. La production est arrêtée et Preston Tucker se retrouve submergé par les procédures juridiques. Beaucoup soupçonnent les puissants Big Three (Ford, GM et Chrysler) de Détroit de chercher à le couler. La Tucker est devenue tellement populaire qu’elle met en péril leur puissance ! Comme quoi, quand les petits font trembler les énormes…!
Preston en sortira blanchi, mais totalement épuisé et ruiné ! Sa société est placée en liquidation et malgré ses tentatives, Tucker ne réussira jamais à renaitre. Preston nous quitte la veille de Noël 56 emporté par le cancer.
Aujourd’hui, une Tucker peut atteindre 3 Millions de $… Le prix de l’exclusivité, de la rareté pour une voiture finalement tellement moderne pour son age ! Le dessin fait preuve d’une grande originalité pour une grande berline de 5m30 sur plus de 2 de large. Son gabarit ne l’empêche pas d’offrir une finesse aérodynamique tout en sachant rester belle et gracieuse. Sa face avant est marquée par un capot en pointe, borné par des ailes échancrées. 1ère originalité, son phare central directionnel qui surplombe un pare-choc chromé aéré, qui fait également office de calandre. L’arrière est tout aussi original, avec ses 2 ailes proéminentes et ses prises d’air latérales. Il se termine lui aussi sur un volumineux pare-choc chromé et méchamment aéré.
Ces aérations permettent au moteur d’évacuer ses calories. Situé en porte à faux arrière, il s’agit d’un 6 à plat que Tucker est allé emprunter à un hélicoptère Bell. Un Franklin 6 ALV-355 ci (5.5 l) en alu qui développe 166 ch et 504 Nm de couple. Même si le rendement est digne d’un Caterpillar, il permet à la Tucker de tomber le 0 à 100 en 10 secondes et de plafonner à 192 km/h… En 48 ça faisait de vous un aigle de la route !
La boite est semi-automatique, avec présélecteur Cord. Le bloc est alimenté par une injection, les 4 freins à disque, bref, on peut déjà compter sur ce qui se faisait de mieux à l’époque. Mais pas que… Le pare brise est escamotable, le moteur peut se sortir en une 1/2 heure, les portes sont de type « autoclave », la structure est déformable pour absorber l’énergie en cas de choc, les banquettes intérieures (A l’époque, les places avant avaient également un banquette) ont des coussins interchangeables pour égaliser l’usure (!!!), le tableau de bord est capitonné, elle est équipée de ceintures de sécurité, les 4 suspensions sont indépendantes, et bien sûr, ce fameux et célèbre phare central directionnel.
La Tucker a marqué son temps, même si seulement 51 exemplaires ont vu le jour. Un 52ème a été retrouvé dans l’usine, en cour de montage, il a été terminé avec les pièces restantes et est devenu le plus côté !
Forcément, avec si peu d’exemplaires et une telle image, chaque modèle a été répertorié, du moins 47 d’entre eux ont été retrouvés. 5 Tucker auraient donc connu une carrière tragique pour finir en compressions rouillées ! Sauf que voilà, c’était sans compter sur Mark Lieberman, un spécialiste de la Tucker qui en a d’ailleurs possédé 3 et est connu pour la qualité de ses restaurations.
C’est grâce à lui que ce modèle vient d’être dégotté au fond d’une grange dans l’Ohio, où il coulait une paisible retraite depuis 1982. La Tucker n’affiche que 7877 miles au compteur et hormis les stigmates d’une immobilisation prolongée, elle est en parfait état. Mais il est malin Mark. Quand il a retrouvé le modèle il y a 3 ans, et voulu le racheter, le propriétaire a refusé son offre préférant la conserver. Alors plutôt que de le crier sur les toits, Mark a su rester discret et est resté en contact avec le proprio. Il lui a fallu 3 ans pour réussir à le faire craquer et charger la Tucker sur sa remorque pour enfin, dévoiler son acquisition à la planète !
Une belle stratégie, si on part du principe que bien entendu, personne ne sait et ne saura jamais à quel prix il a réussi à l’acheter. Ce qu’on sait par contre, c’est que la restauration va commencer et qu’elle se retrouvera vite sous les feux d’un podium lors d’une vente aux enchères. Et quand on voit la culbute du dernier modèle vendu par Mark qui est parti à quasiment 3.000.000 $, on comprend la discrétion et la patience de notre homme !
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