’70 Ford Torino King Cobra… qui ne piquera pas !
par Thierry Houzé | 11 février 2019 | Street |
Dans les années 60, Ford, Dodge et Plymouth se livrent une guerre sans merci sur les ovales américains, théatres des affrontements acharnés de la NASCAR ! Mais à la fin de la décennie, les vitesses atteintes deviennent impressionnantes, Plymouth et Dodge affutent leurs armes, alors chez Ford, on se doit de réagir vite et bien. Et la réponse va s’appeler Torino King Cobra…
En 1968, le championnat NASCAR voit s’imposer la Ford Torino Talladega. Mais à partir de la saison 69, les choses vont changer pour le constructeur à l’ovale bleu. Ses 2 principaux rivaux débarquent avec la Plymouth Superbird et la Dodge Daytona. Nous sommes en 69 et les performances explosent… Les Vmax dépassent les 320 km/h et chez Ford il faut absolument réagir.
Depuis le début de l’année, les ingénieurs bossent sur une version musclée de la Torino. Plus basse, plus large, plus longue, la voiture est toujours en développement pour l’ouverture de la saison.
Dessinée par Larry Shinoda, elle reçoit une face avant taillée comme une flèche, avec ce capot qui plonge vers le sol et rallongée de 19 cm par rapport au modèle d’origine. Les ailes sont galbées et une prise d’air apparait à la base du pare-brise.
Lors des premiers essais, l’aérodynamisme de la face avant surprend les pilotes… Elle est plaquée au sol, à tel point, que c’est le cul qui joue aux valseuses et devient totalement ingérable en courbe et au freinage. Une lunette arrière concave n’y changera rien, et les ingénieurs commencent alors à étudier un aileron pour venir assagir les fesses de la voiture.
Mais voilà, pendant ce temps, Henry Ford II nomme Lee Iacocca à la tête de Ford qui aussitôt, limite le budget de Ford Racing qui perd 75% ! En parallèle, la NASCAR impose aux constructeurs de commercialiser 3000 modèles routiers (Au lieu des 500 demandés auparavant) pour que les voitures puissent être homologuées.
C’est trop… Lee Iacocca interrompt le programme King Cobra alors que 5 protos ont été assemblés (Dont 2 sur base de Mercury Cyclone Spoiler II). L’un d’eux va passer au broyeur. Deux sont sauvés par Bud Moore, propriétaire du Bud Moore Engineering team en NASCAR, qui après les avoir aperçus au siège de Ford à Dearborn a de suite fait savoir son envie de les acquérir… Il le fera pour la modeste somme de 1200 $… pour les deux voitures (Soit 6500 € en tenant compte de l’inflation !). Deux autres ont également été racheté par des ingénieurs de Ford.
Moore a rapidement revendu l’une d’elle et l’autre, il l’a laissée pourrir au fond d’un champ dans sa propriété de Caroline du sud, jusqu’à ce que 2 fans de Ford tombent dessus et rachète pour entreprendre une restauration dans les règles de l’art. Le problème était que très peu d’informations sont disponible sur ces 4 protos, notamment au niveau de la mécanique. On savait juste que l’un des protos avait reçu un V8 429ci Cobra Jet et un autre était équipé du Super Cobra Jet.
Il n’empêche qu’aujourd’hui, les 3 survivantes sont traquées par les collectionneurs (Oui, une a disparu des écrans radars !) et dès que l’une d’entre elles pointe le bout de son capot, c’est l’effervescence. Un proto jaune s’est vendu y’a 2 ans pour 525.000 $… et le modèle orange avec capot noir mat est dispo depuis bientôt 1 an chez un spécialiste de Las Vegas pour 500.000 $ (Full resto, mais avec un Boss 429 à la place de son moteur d’origine… surement pour ça qu’il peine à trouver preneur !). Si vous cherchiez un muscle qui sort de l’ordinaire…
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