A la fin des années 60’s, une sportive accessible devait être simple et légère. Il lui fallait se reposer sur une plateforme sérieuse et efficace pour pouvoir embarquer un moteur par forcément surpuissant… puisque son poids lui permettait d’être pétillante, vive et agile. C’est grosso modo avec ces codes que Porsche a développé sa 914… Sauf qu’il y a eu Brutus !

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Et Brutus, c’est pas du p’tit bras ! Autant dire que l’engin porte bien son nom. Mais pour cela, il faut se replacer dans son contexte. En 64, Porsche lance la 911 qui vient remplacer la 356. Mais la sportive est beaucoup plus chère que son ainée, et du coup, certains clients se détournent vers la concurrence. Il faut donc rapidement combler ce trou dans la gamme afin de limiter la casse. En parallèle, chez VW, on cherche aussi un modèle un peu plus sportif pour venir séduire une clientèle jeune et aisée et surfer sur le succès du Karmann Ghia qui est surement séduisant, mais pas foncièrement sportif.

Les deux marques ont toujours été étroitement liées, surtout depuis qu’un certain Ferdinand Porsche a inventé la Coccinelle… qui servira ensuit de base à la Porsche 356. C’est donc tout naturellement que VW et Porsche vont développer la 914 qui va exister en 2 variantes… La 914-4 avec son Flat 4 VW sera assemblée à 100% chez Karmann et la 914-6, dont les caisses seront expédiées chez Porsche où elle recevront un Flat 6 maison. Il était même question de commercialiser la 914-4 à travers le raison VW sous la marque Volkswagen-Porsche… Mais cette idée sera abandonnée. 

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Il n’empêche que pour chaque Porsche 914 vendue, VW touchait ses royalties. Et la 914 rencontrera le succès puisque durant ses 7 années de carrière, Porsche écoulera 115.000 exemplaires de la 914-4 et 3500 de la 914-6.

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Mais voilà, même si la 914-4 se vend très bien a su trouver ses adeptes, la 914-6 peine à s’imposer face à une concurrence plus affutée. Et ça chez Porsche, ça ne passe pas ! Surtout que la 914 est loin d’être ridicule une fois passée en mode « Race »

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Du coup, chez Porsche, on demande au service compétition, alors dirigé par Ferdinand Piëch d’étudier une version plus virile de la 914. Donc en parallèle de la 917 qui s’apprête à entrer en course, les ingénieurs vont assembler 11 prototypes appelés Porsche 916 et dont le 1er proto défile sous vos yeux. Il sera d’ailleurs le seul dans cet config’ puisque les 10 autres qui suivront, recevront le Flat 6 2.4l (Qui est en fait un 2.3l !) de 190 ch qui équipait la 911 S. 

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Mais revenons en à Brutus, qui porte bien ce surnom trouvé par Corina, la fille de Ferdinand Piëch. Ce dernier, histoire de voir un peu ce que le châssis avait dans les rotules, lui a en effet greffé ni plus ni moins que le Flat 6 2.9l de la 911 RSR. Une usine à gaz à peine civilisée, en position centrale arrière, et qui dépassait allègrement les 300 ch. La caisse était celle de la 914-6 largement revue et renforcée. D’ailleurs, oubliez le toit Targa, puisqu’un morceau de tôle venait fermer tout l’bazar. 

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Finalement, le projet restera sans lendemain. Plus performante de que la 911, l’état major refusa qu’une 914 puisse ridiculiser leur best seller. Du coup, Piëch récupéra Brutus et la fila à sa fille qui en fit son daily pendant plusieurs années ! Elle en fit même modifier l’habitacle à plusieurs reprises… Ah ça avait l’air cool d’être la fille du boss ! 

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En 74, la voiture est vendue à un colonel canadien basé en mission en Allemagne. 4 ans plus tard, alors qu’il repartait aux USA, il embarque la voiture avec lui et la fait homologuer et immatriculer. Sachant que la voiture comporte un numéro de série en tant que véhicule de production limitée à moins de 10 exemplaires entre 71 et 72, avec un numéro de châssis équivalent à celui d’une 914-6. Quand le Colonel Après le décès du colonel, la voiture va disparaitre de la circulation, entreposée au fond d’un garage, sous un bâche.

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Jusqu’au jour où un collectionneur américain, qui a entendu parler de cette voiture, décide de retracer son historique pour remonter sa trace. Et ça va marcher puisqu’il va retrouver la voiture, commencée par être bouffée par la rouille mais avec seulement 46.000 km au compteur. Il rachète l’épave pour une bouchée de bretzel et fait une grosse culbute en la revendant dans l’état à un collectionneur de Porsche de course. La voiture a été confiée aux meilleurs spécialistes pour être entièrement démontée et restaurée dans les règles de l’art (Aux States, ça veut dire plus neuve que neuve !) et collaboration avec certains fournisseurs allemands pour respecter son authenticité. 

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Après 3 ans de restau’ elle réapparait en 2017 au concours d’élégance d’Amelia Island avant d’être exposée pendant 6 mois au « North American headquarters » de Porsche à Atlanta, puis au musée Petersen de Los Angeles. Elle a été l’une des stars de la vente Artcurial au salon de Rétromobile et est partie pour 953.600 €… Désolé, c’était pas moi !

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