Banale, sobre, simple… c’est comme vous voulez. Sauf que la Porsche 911 qui débarque, elle n’est ni restomodée, ni backdatée, ni préparée, ni droppée, ni swappée, ni shootée, ni coursifiée, ni « rsrisée »… juste et seulement d’origine. Oui, une Porsche 911 de 1968, une 2.0 S full d’origine, restaurée et qui plus est Maching Number, sur DLEDMV !
« Cette Porsche, vous allez l’aimer ou la détester » ! C’est comme ça que la presse a présenté la Porsche 901 en 1963. Même si 50 ans plus tard, elle a été érigée au rang d’icône, Dieu sait que ses débuts allaient être compliqués… Déjà avec l’entrée en jeu de Peugeot qui après seulement 82 modèles tombés des chaines, va obliger Porsche à rebaptiser sa sportive. En effet, la marque française a racheté le droit des noms à 3 chiffres avec le zéro en position centrale, qui symbolisait le trou pour la manivelle. Du coup la 901 deviendra 911…
Puis il fallait aussi compter sur les Porschistes qui n’avaient d’yeux que pour la 356. Devenue plus habitable, plus grande, plus lourde, plus confortable… mais aussi plus puissante et plus performante, cela n’allait pas empêcher les aficionados de la marque de considérer la 911 comme un boulet. Pourtant, elle était plutôt bien née car si la 356 était une évolution sportive de la Cox, la 911 allait se baser sur la 356… mais en bénéficiant de l’expérience acquise en course. Avec 130 ch pour 1080 kg, la 911 et son Flat 6 2.0l gavé par deux Solex Double corps, proposaient des performances au dessus des 356 les plus affutées… et un potentiel démentiel que Porsche allait petit à petit exploiter.
Car son Flat 6 a été spécifiquement développé pour pouvoir prendre des tours et évoluer en cylindrée en vue d’une utilisation en compétition. C’est donc en 66 que débarque la 911 S au salon de Paris. Et les choses commencent à devenir sérieusement… sérieuses ! Nouvelles bielles et nouveaux pistons pour un taux de compression augmenté. Culasse modifiée avec des arbres à cames et soupapes plus pointus. Les Solex sont remplacés par deux Weber triple corps plus performants. La boite compte désormais 5 rapports. Le châssis aussi est affuté… Amortos Koni, barre anti-roulis plus grosse à l’avant et barre stab à l’arrière plus ferme. Les freins avant et arrière adoptent des disques ventilés. Ainsi armée, la S passe à 160 ch. Mais au delà de la puissance pure, c’est surtout le caractère qui fait un bond en avant. Le bloc est rageur et respire haut et fort au fur et à mesure qu’il prend des tours.
En 68, une injection mécanique Bosch débarque sous le capot arrière, ainsi qu’un radiateur d’huile dans l’aile avant droite. Enfin, le carter est désormais en magnésium pour gagner un peu de poids. Le Flat affiche 170 ch à 6800 trs pour 1030 kg… Pleine en bas, elle explose à l’approche de la zone rouge. La 911 2.0 S revendique 225 km/h en pointe après avoir passé la barre des 100 km/h en 7,5 et les 1000m en moins de 29. N’oubliez pas que nous sommes en 68… et qu’à l’époque sur la route, vous croisiez majoritairement des Peugeot 404, Ami 6, 4L, Simca 1000, DS, R8, 204… et qu’une voiture considérée « performante » comme l’Alfa Giulia ou la BMW 2002, atteignait fièrement les 170 km/h !
C’est donc l’un de ces 5056 exemplaires que j’ai eu la chance de croiser… Parfaitement restauré, 100% Matching Number et pour ne rien gâcher, propriété de Peter, petrolhead aussi accessible que cool. Du genre qui ne se prend pas la tête en faisant partager sa passion avec n’importe qui. D’ailleurs pour l’anecdote, le jour de notre rencontre, nous faisions une expo avec Steph’, le poto de VDR84 qui avait aligné une vingtaine de voitures ! Peter nous avait donné un coup de main pour les mener, et par la même occasion, confié quelques unes de sa collection avant de nous rejoindre avec sa sublime Porsche 911 2.0 S qui lui servait de daily dominical. La voiture garée au milieu de l’herbe, vitres baissées et clés sur le contact, nous partions fêter notre rencontre devant une bonne bière bien fraiche. Au bout d’un petit moment (Et de quelques mousses !), voilà notre homme qui commence à s’inquiéter… C’est vrai que laisser une caisse à plus de 200.000 boules ouverte avec les clés sur le contact, on peut se dire qu’on joue un peu avec leu feu ! Mais non, son souci venait de sa baguette de pain qu’il avait oubliée sur le siège passager et craignait qu’elle n’y soit plus ! Cela dénote bien l’esprit de Peter, pur petrolhead dans l’âme.
Sa Porsche 911 2.0 S est juste sublime, neuve comme au 1er jour, avec sa robe Dunkel rot metallic, son volant bois, ses sièges tendus de cuir noir, même l’autoradio est d’origine, Peter n’ayant pas succombé à la mode des combinés néo-rétro. D’ailleurs, il a aussi fait en sorte de ne pas tomber dans l’excès des restaurations too much… l’esprit est resté fidèle à celui d’origine. Pas de chromes sur-brillants et la peinture n’en fait pas trop… juste ce qu’il faut.
Par contre, à l’arrière, Peter s’est un peu lâché. Le Flat 6, celui d’origine, à une santé de fer… entièrement refait, il en a profité pour lui offrir un p’tite cure de vitamine. Il affiche désormais 2.2l et dépasse gentiment les 200 ch dans une bruit métallique ressorti du passé, un truc à vous glacer le sang. Bien entendu, les Fuchs en 15′ viennent terminer ce chef d’oeuvre (Oui je parle de chef d’oeuvre, arrêtez de râler, mais je perd toute notion d’impartialité devant une caisse qui me fait rêver !).
Ce qui était paradoxale ce jour là, c’est que posée là au milieu de sportives plus démonstratrices, plus actuelles, plus modernes, plus maquillées, plus affutées, la 911 passait totalement inaperçue. Et quand je discutais vaguement avec ces autres exposants aussi fiers que leurs égos surdimensionnés ou quelques « petrolheads » se disant pourtant « connaisseurs » aucun ne la remarquait… une simple Porsche 911 classique comme les autres finalement… les selfies se faisaient devant notre MP4 12c, ou devant une Testarossa, ou encore avec notre bestial RS6 MTM ou la M6 Gran Coupé garée à ses côtés… Mais pas devant la 911. Pour moi, ça reste quand même le symbole franco-français d’un manque flagrant de culture auto.
Oui, le petrolhead n’en sait pas beaucoup malheureusement, et le peu qu’il connait, il l’étale comme une merde dans laquelle on vient d’enfoncer le pied gauche ! Quoiqu’il en soit, je les ai laissés attirés par la lumière, le bling bling… car pour moi, la star de la journée, la plus belle et la plus désirable, c’était bien la Porsche 911 2.0 S de Peter !
© DLEDMV via Titi
une Porsche qui me fera toujours rêver. son look des années soixante, juste à couper le souffle. rien d’extravagant mais un charme renversant.
j’aimerais tant au shooter quelques unes un de ces quatre…
PS: le narrateur de ce reportage a fait une petite erreur au niveau du 0 à 100km/h je pense qu’il manque le : » la barre des 100″
sinon comme toujours, et depuis un bon moment déjà, super reportage réussi autant au niveau photo que narration!
continuez à nous vendre du rêve