Pour les incultes, la Ford Escort est une sorte de tas de tôle tout juste bon à rouler… et encore, quand la rouille n’est pas venue lui bouffer les entrailles ! Pour les autres, c’est une de ces caisses qui a su rentrer au Panthéon de l’auto grâce à son palmarès qu’elle s’est forgée tout le long de sa carrière qui a duré presque pendant 50 ans ! Et celle par qui tout a commencé, c’est cette Escort RS 1600 au potentiel délirant !
Dans les 60’s et 70’s, les sportives qu’on pouvait croiser sur la route avaient quasiment toutes un ADN sportif. Opel Kadett GTE, R8 Gordini, A112 Abarth, Mini Cooper S, BMW 2002 Ti… et la Ford Escort RS 1600. Ces caisses, c’est des écoles de pilotage. Loin d’être des monstres de puissance, elles savaient pourtant se montrer dociles, vivantes, enivrantes et surprenantes d’efficacité et de performances pur ceux qui osaient les mener dans leurs retranchements. Une époque où les performances pures n’avaient pas encore remplacé le plaisir de conduite et les sensations qu’elles savaient distiller par paquets de 10 !
Leurs conceptions venaient de la course, circuit ou rallye, parfois même les deux. Ils fallait donc qu’elles puissent être facilement préparées et souvent, leur potentiel était assez délirant. Les mécaniques savaient être sophistiquées mais elles ne sacrifiaient ni la fiabilité, ni la robustesse. Et à la fin de cet article, vous n’en douterez plus…
L’Escort RS 1600, c’est la base idéale pas trop chère, pour aller taper des résultats et chasser les chronos. La caisse est aussi solide qu’une tank et aussi légère qu’un pet de bébé ! De plus son 4 cylindres Kent était indestructible et savait se prêter volontiers à un bon shoot de testo… et ça pouvait aller très très loin, comme la Gr4 qui se pavane sous vos yeux et qui a été entièrement refaite à neuf !
Et le Gr4 en 73, c’était l’élite du rallye. La caisse est une AVO, avec ailes élargies, entièrement vidée, renforcée et ressoudée. Un arceau est boulonné pour rajouter encore un chouill’ de rigidité ! Dans l’habitacle, c’est baquets et harnais Sparco, volant RS, commutateurs de pompes, coupe circuit, pédalier alu, extincteur, bref, le trict minimum… même si les panneaux de portes ont été conservés à la façon d’un souvenir d’une ancienne vie ! Bon jusqu’à là le truc en impose, surtout avec sa couleur rouge sang…
Le châssis est passé en mode « perf’ et efficacité pures et dures ». Combinés Bilstein réglables, trains renforcés, pont arrière Big Atlas, 4 freins à disques avec double circuits, frein à main hydraulique et roues magnesium en 14′ chaussées en Dunlop.
Sous le capot, c’est du violent ! Le « petit » 1.6l tout alu BDG Millighton à carter sec, est gavé aux Weber 48. Il est forgé, toutes pompes sont passées en gros débit et d’un côté, il se gave en air frais pendant que de l’autre, le collecteur spaghetti débouche sur une ligne 100% free ! Accrochez vous bien car le gazier va taper au delà des 9000 pour envoyer 255 ch sur les roues arrière. La boite manu’ est une Quaife à 4 rapports avec embrayage bi-disques et elle est accompagnée par un différentiel Salisbury avec LSD…
Ouais, j’y suis passé un peu vite. Mais je répète pour les retardataires… 4 cylindres 1.6l pour 255 ch à plus de 9000 trs ! Ca fait du 160 ch/l… en atmo. Ah ça doit hurler plus fort que la voisine… Et ça doit être jubilatoire de sentir les deux 48 s’ouvrir à pleines gamelles pour en réclamer toujours plus, le tout ponctué par les hurlement du bloc et la succion de l’admission !
Oui, tout ça c’était en 1973… il y a plus de 45 balais. Et ça a plutôt bien vieilli !
© Konzept Heritage
Magnifique ce temps là que j’ai pu avoir la chance de le vivre, sans oublier aussi l’Opel Kadett GTE,la Fiat 131 Abart et la mythique Lancia Stratos .