Dans les années 60, l’endurance était aussi médiatisée que la F1. Protos et Grands Tourismes s’y battaient et une victoire garantissait le succès et le prestige à la marque. De ces bagarres sont nées des rivalités qui ont marqué l’histoire automobilesque ! Donc aujourd’hui, on va passer Père Motor en mode nostalgie pour qu’il vous parle d’une des légendes de l’époque, la Nissan R382 V12…
L’histoire de Nissan en compétition est venue de Datsun qui engagera sa 210 en rallye, suivie de Prince, qui faisait courir la Skyline S54 GT en 64 puis la R380 en 65, un an avant avant la fusion avec Nissan. Le but est d’engager les voitures dans les épreuves qui se déroulent au Japon et de montrer que la marque peut rivaliser avec les meilleurs, notamment Porsche.
Au Grand Prix du Japon 1964, la Prince s’incline de peu face à la Porsche 904 GTS. Les Skyline S54 GT accrochent quand même les 2ème et 6ème places, et la marque n’a pas l’intention d’en rester là, surtout qu le 6 en ligne G-7 montre un potentiel et une fiabilité plus que satisfaisants. Mais la marque décide de se battre avec les mêmes armes que les allemandes, le moteur central. L’état major de Prince décide alors de développer un nouveau châssis et de l’habiller d’une carrosserie spécifique à l’aéro poussée. Le 6 en ligne de 2.0 l est celui de la Skyline, il sera revu pour passer à 200 ch et accompagné d’une boite 5 Hewland. Il sera rebaptisé G-8. Quand Nissan reprend le projet, le bloc passe à 220 ch… et en 1966, la R380 II s’offre un doublé face aux nouvelles Porsche 906. L’année suivante, Porsche prend sa revanche et Nissan décide, une fois encore, de monter d’un cran…
La saison 68 voit donc débarquer la R381 directement inspirée des protos qui courent en CanAm. La voiture n’a plus rien à voir avec la R380, on passe de Pikachu à Godzilla ! La R381 est une barquette, basse, large, musclée, qui doit recevoir un V12 en son centre… Sauf que le moteur n’étant pas prêt à temps, les ingénieurs se répercuteront sur un V8 Chevrolet 5.5 l de 450 ch dont les cornets d’admission seront directement à l’air libre derrière le pilote. Autre spécificité, deux ailerons XXL placé côte à côte, directement emprunté aux proto Chaparral. Mis à part que chacun d’entre eux est réglables depuis l’habitacle du pilote.
La voiture est engagée la même année au Grand Prix du Japon aux côtés de plusieurs R380… En face, Toyota aligne sa 7 et Porsche quasiment toutes la gamme de ses sportives… Une R381 remporte la course devant une Porsche 910. Les 5 voitures qui suivent sont toutes des Nissan ! Pari gagné…
Du côté des ingénieurs motoristes, le V12 est prêt et Nissan a bien l’intention de la greffer à la R381… Sauf que lorsqu’ils le présentent, ils se rendent compte qu’il ne rentre pas ! Et plutôt que de se passer de ce moteur, la marque décide alors de mettre en chantier un nouveau châssis… la R382 voit le jour.
Une nouvelle carrosserie est alors dessinée, toujours aussi violente, basse et large. Notez que les ailerons ont disparu, interdits par la FIA au terme de la saison 68. Le V12 de 6.0 l qui a pour nom de GRX-3, est couvert d’une prise d’air et la carrosserie échancrée permet d’admirer ses collecteurs spaghetti. Les ingénieurs sont partis de deux blocs G-8 passés en V et gavés par une injection mécanique Lucas. Il développe entre 580 et 600 ch (Aucun chiffre officiel).
Nissan entame la saison 69 du championnat Groupe 7 japonais, comprenant la manche internationale du Grand Prix du Japon qui permet, outre une audience mondiale, de se frotter à l’élite de la catégorie. Sauf qu’en face, Porsche, Lola, McLaren avaient affuté leurs armes et qu’on a aussi remis une couche à la Toyota 7 en faisant passer son V8 et 3.0 l à 5.0 l, et qui, selon les rumeurs, affichaient plus de puissance que le V12 de la Nissan !
Le règlement de compte a lieu au Grand Prix du Japon 1969 sur le circuit de Fuji… et aux qualifs, Nissan décroche les trois premières places. Mais lors de la course le lendemain, les trois voitures ratent leur départ et restent collées sur la grille avant de s’élancer derrière toutes leurs rivales. La course d’endurance se transforme en une course contre la montre… et au terme des 120 tours, Nissan passe le drapeau à damiers aux deux premières places, suivi par cinq Toyota 7 et sept Porsche (917, 908 et 910…!).
Cette victoire est surement l’une des plus importantes dans l’image sportive de Nissan, surtout que la marque s’est imposée à domicile… Et pour ne rien gâcher, la voiture est belle. Maintenant ça pourrait être bien que Nissan se rappelle de cette période de son histoire pour venir, comme à l’époque, se frotter à Toyota en endurance… Vous ne trouvez pas ?!
Légende que je ne connaissais pas, merci DLEDMV!!!