Certaines caisses ont poussé leur ringard’attitude tellement loin qu’elle on finit par créer leur propre style bling-bling. Et dans le genre, vous avez deux reines… L’Excalibur et la Stutz Blackhawk ! La première, on y reviendra, et probablement avec des photos exclusives… Quant à la seconde, il vous suffit juste de cliquer sur « Lire plus »…
La Stutz Blackhawk, c’est une caisse de luxe américaine, qui a été commercialisée de 71 à 87. Oui, une caisse contemporaine qui adopte un look vintage, inspiré des années 50. La Blackhawk a vu le jour à travers la « Stutz Motor Car of America, Inc », un société créée en aout 68 par un james O’Donnell, un banquier new yorkais, qui allait redonner vie à la « Stutz Motor Company », une marque qui avait déjà commercialisé des voitures de luxe de 1911 jusqu’à 1935. Un peu comme si le Crédit Agricole rachète et fait renaitre Facel Vega de nos jours !
Enfin sachez quand même que les Stutz des années 20 et 30 se sont quand même offertes un beau palmarès comprenant une 2ème place aux 24h du Mans en 1928, plusieurs podiums à l’Indy 500 et pas moins de 10 victoires à Pikes Peak !
Pour en revenir à notre Blackhawk, elle affiche donc un dessin néo-rétro barroque… limite excessif ! Les traits ont été tracés par Virgil Exner, un ancien designer qui a notamment travaillé chez Dodge, Chrysler et Plymouth. Le prototype qui allait servir pour finaliser la voiture (Pas de vrai développement, son but n’étant pas d’aller shooter du chrono sur circuit !) a été assemblé par Ghia qui au passage, a pris 300.000 $. La présentation officielle se fait en janvier 1970 à l’Hotel Waldorf Astoria, un établissement mondialement connu, situé à Manhattan sur Park Avenue.
La Stutz Blackhawk, c’est long capot plat qui débouche sur une calandre paradoxalement étroite et fine, entourée de deux yeux ronds. L’habitacle est rejeté à l’arrière, et alors que l’avant tente de montrer quelques rondeurs, les vitrages sont taillés à la tronçonneuse. Enfin l’arrière est fin avec une ligne qui plonge vers la route et un massif pare-choc chromé qui accueille des barres luminescentes qui servent de phares. La roue de secours est posée sur le coffre… Le flanc est marqué par une barrette elle aussi chromée dont le tracé en vague, rompt avec la ligne de caisse quasiment rectiligne. En guise de bas de caisse, des marche-pieds chromés qui viennent protéger de l’échappement en side pipe. Enfin chaque aile est remplie par des roues à rayons en 17’…
Malgré les apparences, la Stutz Blackhawk accuse un gabarit de grosse berline… d’ailleurs, quelques clients rajouteront du cash pour faire rajouter une paire de portes à l’arrière.
Sous le capot, on retrouve à la base un V8 de 7.4 l et 425 ch, emprunté à la Pontiac Grand Prix. Accouplé à une boitoto GM TH400, la voiture, qui pesait quand même 2,3 tonnes, pouvait caler son aiguille à 210 km/h après être passée de 0 à 100 en 8,4 secondes. Sachant qu’au passage, elle engloutissait plus de 30 litres au 100 ! Mais au fil des années de production, ce sont plus d’une dizaine de V8 de cylindrées et d’origines différentes qui allaient passer entre ses roues avant !
Dans l’habitacle, à part les grilles d’aération, les haut-parleurs et la colonne de direction, tout le reste est en cuir Conolly, en moquette, en bois précieux ou plaqué or ! Et on retrouve le luxe, la finition et le style des meilleures productions italiennes… puisque la Blackhawk était assemblée en Italie à Turin.
Malgré son côté atypique, presque 600 voitures furent vendues durant ses 16 ans de carrière. Un succès qu’elle doit à la notoriété de ses clients… Déjà lors de sa présentation, deux personnalités se déchirèrent à coups de dollars pour acheter le premier modèle, Elvis Presley et Frank Sinatra (C’est le King qui aura le dernier mot) ! Coup de pub assuré… Sinon elle séduira, entre autres, Sammy Davis Jr., Dean Martin, Jerry Lewis, Barry White, Billy Joel, Paul McCartney, Al Pacino, Mohamed Ali, George Foreman, Tom Jones, Elton John…
Moi j’dis qu’aujourd’hui, si on veut se faire remarquer,quitte à envoyer du lourd, plutôt que de se la jouer dans un mauvais SUV de footballeur, autant y aller direct avec une Stutz Blackhawk ! C’est ringard, bling-bling, dépassé, outrancier… mais finalement, hyper tendance ! Et quand on voit que ça s’échange pour le prix d’un X5 Diesel… y’a pas à tortiller non ?!
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