« Tu montes à Epoqu’Auto à Lyon ? Ah ben tu veux en profiter pour prendre l’Alpine ? Ce sera plus sympa… » Ouais, y’a des histoires, elles commencent bien ! Surtout quand le week-end est à rallonge et que manifestement, tu vas te retrouver pendant 4 jours avec la dernière Alpine A110. L’occasion de vous en parler, de la shooter mais surtout, de l’essayer…
Il aura fallu 20 longues années avant qu’une Alpine neuve vienne enfin poser ses roues sur le bitume. Et 20 ans, dans le milieu de la bagnole, c’est long. Alors pour bien marquer les esprits, Alpine devait frapper un grand coup. Déjà son retour allait en être un pour tous les fans de la marque (Et ils sont nombreux !) mais il fallait trouver un modèle qui percute et ravive la flamme bleue.
Un SUV ? Un pick up ? Non, la marque a su résister (Pour le moment…!) aux modes et tendances actuelles, si ce n’est celle du néo rétro qui a largement inspiré les designers internes puisque la nouvelle venue sera, logiquement diront certains, la plus emblématique des Alpine, à savoir la berlinette A110.
Forcément, avec un tel ADN, inimaginable de bâcler la copie. Le challenge est moins simple que ce qu’on peut le croire… Une marque de voitures sportives en France ! L’initiative est tellement osée et risquée qu’en cas d’échec, il ne faudra pas compter sur une 2nde chance. Du coup, l’état major, les designers et les ingénieurs d’Alpine vont prendre le temps pour réfléchir à l’aspect de la voiture, développer un châssis à la hauteur et trouver le bloc qui allait coller à l’esprit de la berlinette originelle. Le tout sans sous estimer une concurrence plus qu’affutée et aller séduire une clientèle étrangère incontournable pour obtenir des chiffres de ventes satisfaisants.
Ainsi, la marque fait un retour discret (A l’initiative de Carlos Tavarès, alors N°2 du groupe Renault/Nissan) en 2012, d’abord associée à Renault avant de présenter son concept Alpine Célébration le 13 juin 2015 à l’occasion des 24h du Mans. Nous sommes alors déjà face au dessin de celle qui sera présentée officiellement à Genève en mars 2017, l’A110.
Après une première série (Ecoulée en un week-end !) de 1955 exemplaires numérotés et appelés « Première Edition », l’Alpine A110 arrive au catalogue avec deux finitions, la Pure et la Légende. Et c’est cette dernière qui vient poser ses roues sur votre site préféré (Vendue par les potes de chez DrivArt).
Les traits reprennent ceux de son illustre ainée. Plus grosse, plus large, plus haute, elle a su s’adapter aux normes actuelles sans pour autant tomber dans la caricature. C’est une réussite et si ce n’est quelques aigris éternellement coincés dans le passé, les réactions sont agréablement positives et sympathiques. Les cous se tordent et les pouces se lèvent sur votre passage. Surtout que la robe Bleu Abysse, de ma caisse à durée déterminée, met ses courbes à leur avantage.
Au niveau du châssis, Alpine a misé sur l’aluminium. La voiture reste rigide et légère. Un peu plus de 1100 kg, par les temps qui courent, c’est une prouesse. Parfaitement et naturellement maintenue, elle est directe et précise, s’appuyant, au cas où, sur un freinage Brembo sans faille. Il sait se montrer progressif, mordant, facile à doser et suffisamment endurant pour ne pas se priver.
Au milieu, calfeutré derrière le pilote, le 4 cylindres 1.8l turbo fait entendre sa voix et ses 252 ch pour 320 Nm de couple. Il accompagne parfaitement la légèreté de l’A110. Ni trop, ni pas assez. Les perfs ont largement de quoi déposer 95% de ce que vous croiserez, bien aidées par une boite à double embrayages (Développée par Getrag) qui compte 7 rapports aussi vive que rapide. Les roues arrière mordent l’asphalte pour envoyer la Berlinette de 0 à 100 en 4,5 seconds. Il lui faut 8 secondes de plus pour passer les 400m avant de passer la barre des 1000m en 23,2. Au niveau des relances, il suffit de souder pour être aussitôt propulsé vers l’avant.
Même si elle a pris du volume comparativement à sa soeur des 60’s, elle reste encore compacte dans la circulation quotidienne et moderne… et pour une sportive, c’est plutôt fun, avec ce sentiment de pouvoir se faufiler avec agilité.
Dans l’habitacle, c’est baquets Sabelt garnis de cuir, bouton de démarrage, sélecteur de rapports, écran tactile avec GPS, enregistreur de données et système Alpine Telemetrics qui vous permet d’accéder à de nombreux paramètres en temps réel, températures, pression de turbo, G, force appliquée sur les pédales… La sono est signée Focal et on peut compter le main libre, la caméra de recul, enfin, tout c’qui fait une bonne caisse moderne. Et c’est là que le paradoxe de l’A110 apparait.
Pour commencer, l’A110 est hyper facile à vivre. Même campée sur des jantes en 18′ chaussées en 205/40 et 235/40, elle reste confortable. L’équipement complet vous facilite la vie, à croire que vous êtes dans une des dernières berlines sportives du Losange. L’accès est juste comme il faut, vous n’avez pas besoin de vous contorsionner ni pour y descendre, ni pour en sortir. Même la garde au sol est idéalement prévue pour ne pas se chopper un crampe au fessier à chaque dos d’âne ou inégalité de la route. Les coffres (Un devant et un à l’arrière) sont accessibles et logeables pour partir en week-end à deux.
Son seul défaut, il vous gâche le quotidien… A part une pochette en cuir posé entre les sièges, sur la cloison qui vous sépare du bloc, ainsi que deux filets quasiment inatteignables pour un humain normalement constitué, l’habitacle n’a aucun rangement ! Enfin si, un pseudo bac sous la console centrale flottante… mais qui peine à retenir quoi que ce soir dès que vous commencez à jouer du volant. Mais pourquoi n’ont ils pas mis une boite à gants ? Allez, de simples et compacts vide-poches sur les panneaux. Alors oui, il y a pire… Mais ne serait qu’avoir de quoi ranger un ticket de péage, un porte feuille, un téléphone ou quelques papiers, je ne crois pas que ce soit du superflu qui aurait engendré un quelconque surpoids !
Alors les plus virulents me répondront que nous sommes dans une sportive à l’esprit pur. Alors ok… On oublie notre petit bordel personnel si inutile pour se concentrer sur le caractère de la belle qu’il est temps de faire passer en mode Sport, pour la transformer en bête. Les compteurs changent de ton, l’échappement devient plus présent et se met à crépiter. L’accélérateur et la direction deviennent plus réactifs. La boite aussi, même si elle vous laisse encore le choix entre un mode 100% auto ou manuel. Enfin si vous optez pour laisser les aides électroniques (100% déconnectables), elles deviennent plus permissives.
La voiture garde son équilibre naturel en se montrant plus affutée et vive, sans pour autant devenir piégeuse. Le grip est phénoménal. Même si l’A110 sait parfaitement rester agile sur demande, son train avant met en confiance. Sur le sec, sans aide électronique, il est difficile de prendre la motricité en défaut. Son agilité est bluffante. Vous comprendrez que l’alchimie est idéale. Rapide ou technique, l’A110 est une ventouse à bitume qui vous donne du plaisir quel que soit le profil de la route. Seul bémol, sur un gros, gros freinage appuyé, en mode attaque acharnée, on peut sentir le cul s’alléger et se mettre à flotter légèrement. Mais il faut aller vraiment la chercher et la provoquer.
L’Alpine A110 est un jouet… Déjà elle en a la bouille. Elle y rajoute le caractère tout en sachant être accessible, sportive, efficace, docile, bestiale, joueuse, rapide… (Rayez la mention inutile en fonction de vos gouts !). Sa force, c’est de s’adapter à l’humeur de son pilote, sans jamais en faire plus que ce qu’on lui en demande. On sent que c’est une vraie sportive, développée par des passionnés pour des passionnés. Les ingénieurs d’Alpine ne sont pas tombés dans le piège de la course à l’armement si chère aux allemands. Non, leur objectif a été simplement de proposer une sportive pure et efficace, qui rappelle que pour être envoutante, il faut trouver l’équilibre entre la puissance, le châssis et le pilote. Au delà des perfs à l’état pures, elle mise sur les sensations et redonne la priorité au pilotage, sans le rendre inaccessible. De plus, son panel de réglages fera que vos pourrez la rendre plus ultime au fur et à mesure que vous améliorerez votre niveau de pilotage. Elle saura combler un conducteur amoureux de son physique ou son histoire, de la même façon qu’un pilote adapte des sorties circuit ou spéciales improvisées (Sur route fermée… bien entendu !). Bref, cette Alpine A110, c’est presque un sans faute…
Oui presque, car à mon sens, il ne manque plus qu’une chose à cette nouvelle A110… Enfin deux, une boite manuelle et un véritable frein à main en lieu et place d’une paire de palettes et d’un simple bouton sur la console centrale. Merde, son ADN vient du rallye non ? Alors comment l’imaginer autrement qu’avec un levier et un manche ? Allez Mr Alpine, rajoutez lui un Pack RS et votre sportive sera parfaite.
Un gros défaut pour moi, l’imposant rétro intérieur qui masque la vue dans les virages…..