Porsche 904 GTS de 1964 – Quand Butzi mange de la pizza !
par Tim | 2 mars 2020 | Street |
Oh quelle belle Ferr… Hein ?! Une Porsche ? 904 GTS ? Bon dieu, mais il leur est arrivé quoi à Stuttgart en 64 ? Avant j’aimais pas les Porsche, maintenant on commence a être potes, mais avec ce genre de conneries, j’vais devenir accroc moi !
Et faut dire que celle-ci y’en a un paquet qu’ont jamais du en entendre parler. Parce qu’elle ressemble a tout sauf une Porsche. J’avais eu le même genre de réaction la première fois que j’étais tombé sur une BMW 507 (dans un film avec De Funès d’ailleurs, si ça vous parle…), et je trouve qu’il est toujours vraiment surprenant de voir comment certains constructeurs sortent de leur zone de confort pour aller chercher un nouveau public.
Alors trêve de bavardages, allons direct au but, le design original de cette 904. On pourrait croire qu’elle est le fruit du coup de crayon d’un designer italien des 60’s mais il n’en est rien. C’est le petit fils de Ferdinand, Ferdinand « Butzi » (ben quoi ?! Aux US ils s’appellent bien tous junior !) qui a dessiné ces lignes. Ledit petit fils accessoirement connu pour avoir dirigé l’équipe de designers qui a pondu la Porsche 901, rebaptisée plus tard… 911. Oui, le gars a dessiné une caisse dont le design est toujours d’actualité, bientôt 60 ans plus tard.
Mais revenons à notre 904 GTS. Nous sommes en 1962, et Porsche vient de remporter sa seule victoire en F1, après une saison désastreuse. Et comme on dit par chez moi, quand ça veut pas, ça veut pas. Du coup la firme décide de changer de discipline. Et c’est à l’endurance qu’elle s’intéresse, pour y faire courir une GT de sa conception.
Pour commencer, Porsche souhaite foutre le bordel dans la catégorie moins de 2L pour aller chercher les petites italiennes. Pour ça il fallait du lourd ! M’enfin non, plutôt du léger, mais qui envoie du lourd. Ce qui est d’ailleurs cool en plus de ça, c’est que pour pouvoir courir dans cette catégorie, le constructeur doit vendre au moins 100 exemplaires dans les 12 mois d’une version « avec plaque » de son bijou. C’est grâce à ce genre de règles qu’on s’est retrouvés avec des 205 T16 et autre CLK GTR sur la route.
Tout ça s’est donc matérialisé par la 904. L’idée de base reprend celle de la 718 avec son moteur en position centrale arrière et… C’est à peu près tout. « Light is Right » comme on dit chez Lotus, et cette 904 en est un exemple grâce à sa carrosserie réalisée en fibre de verre chez le constructeur d’avion Heinkel. Là au moins on peut dire que cette caisse c’est un avion d’chasse ! Le châssis est optimisé dans sa conception (malgré l’usage de l’acier) et ne pèse que 54 kg !
Parlons un peu pistons. A la base, l’idée c’était de caser dans cette 904 le 6 à plat type 901 (prévu pour les 24h du Mans) mais par doute sur la fiabilité du bloc, les ingés ont préféré jouer la sécurité avec un 4 à plat 1.6 de 180 ch provenant de la 356. Dans cette config, la 904 GTS accusait 650 kg sur la balance et pouvait accrocher 257 km/h, ce qui pour l’époque est relativement suffisant sur des circuits techniques.
C’est courant 1964 que les 100 chanceux clients prennent livraison de leur 904 GTS, aussi appelée Carrera GTS. Elle cohabite en concessions avec la toute nouvelle 911 (type 901) au style radicalement différent. Certains exemplaires furent équipés d’autres moteurs, dont 2 avec les 8 cylindres issus de la F1 développant 225 cv.
D’autres recevront enfin le 6 à plat type 901 et/ou 906 (nos sources divergent à ce niveau, si vous disposez d’une info vérifiable, on est preneurs les gars !). La Porsche 904 connaîtra de nombreux succès dont une victoire au Mans en 1964, rebelotte en 1965, et elle ira se frotter aux routes sinueuses du Monte-Carlo en 1965, où elle finira quand même deuxième.
Pas dégueu hein ! Et en plus cette gueule… C’est vraiment une caisse magnifique, dont 108 châssis furent assemblés. D’ailleurs l’exemplaire du jour est une version un peu particulière, puisque malgré le niveau de standing de cette caisse aujourd’hui (on parle d’une voiture qui se négocie plus d’un million) c’est… Un swap. Ouais, vous avez bien lu, elle est équipée d’un 6 à plat type 906 de 2.0L et 210 ch alors que d’origine elle recevait le Flat 4. Avec la masse contenue de cette 904 GTS, ça doit avancer sévère, même pour une Porsche de plus de 50 ans.
Ah… On en apprend tous les jours ! J’espère vous avoir fait découvrir une caisse magnifique, peu connue, et vraiment performante. Porsche fait partie de ces marques surprenantes, avec un modèle phare mais tellement d’autres créations qui méritent qu’on en cause autour d’une bonne blonde… Ici on est fans, et vu que la marque se porte mieux que jamais, on se doute que c’est pas prêt de s’arrêter !
Ma première rencontre avec cette auto au crépuscule restera longtemps dans ma mémoire. Soir de printemps dans les embouteillages vichyssois, la bête toute porte ouverte à un feu rouge dans la file avec Walter Rohrl au volant!!! Les deux essayant de « ventiler » à minima après la folle journée passée ensemble sur les routes et circuits du Tour Auto!!!