Il existe des caisses, des concept car ou des protos, avec lesquels ont se ferait du mal juste en cherchant à comprendre pourquoi… En fait, le gars il a eu une idée et il lui a donné vie. Point ! Et dans le genre vaisseau spatial sorti de nul part, difficile de faire mieux – ou pire – que cette Citroën Indecision, transformation sur la base d’une CX Pallas. Allez, attachez vous, on va décoller !
‘Faut reconnaître qu’à une époque, chez Citroën, on savait dessiner des bagnoles… Ou du moins, sortir des lignes avant-gardistes et totalement différentes, décalées du reste de la production. Prenez la DS par exemple. A sa sortie en 55, elle allait quand même faire évoluer le domaine des berlines grâce à son style moderne, novateur, jugé même futuriste. Puis ce fut au tour de l’Ami avec sa lunette inversée, suivie de la SM qui affichait elle aussi un dessin particulier tout comme la GS. Tout ça, on le doit à Robert Opron, un designer à la vision innovante, mais au caractère bien affirmé. C’est lui qui a aussi signé la Fuego, le duo R9 et R11 (moins inspiré pour le coup) et il finira sa carrière chez Fiat où il tracera, en guise de bouquet final, les lignes de la magnifique Alfa SZ. Voilà, le genre de bagnole qui vous donnent envie de bosser votre code chez Ornikar, de passer votre permis pour vite vous retrouver derrière un volant.
Lors de sa période Citroën, il va également donner naissance à la CX. La dernière berline haut de gamme française écoulée à plus d’1 million d’exemplaires ! Là encore, le style était particulier, blindé d’arêtes vives, mais à l’arrivée, tout collait avec l’esprit de la voiture. De son châssis avec sa suspension hydropneumatique dont le circuit hydraulique était relié à celui des freins (comme les Rolls), jusqu’à l’habitacle qui cherchait à innover dans tous les coins, en passant par dessous le capot. Car si la CX sera finalement animée par des 4 cylindres, tout était prévu dès sa conception pour qu’elle se retrouve avec des moteurs rotatifs entre les roues avant. La crise pétrolière de 73 aura raison du Wankel jugé beaucoup trop gourmand donc inadapté et du coup, sacrifié et abandonné.
Pourquoi je vous parle ainsi de la Citroën CX ? Eh bien parce que c’est l’une d’elles qui défile tranquillement sous vos yeux, déguisée comme si elle s’était échappée d’un mauvais film de science fiction des 70’s. En fait, elle a juste traversé la Manche pour se retrouver, en 1984, sous les mains d’un certain Andy Saunders, designer anglais, aussi inventif que créatif, reconnu pour son style souvent inspiré de la Kustom Kulture. Rien ne dit s’il carburait à la jelly périmée mais en tout cas, le gars était quand même bien déjanté.
L’Indécision est montée sur une base de CX Pallas de 1976. Si le châssis et le moteur sont restés tels qu’ils l’étaient le jour de leur sortie d’usine, le reste a quand même bien pris sa race ! Au niveau carrosserie, seuls les ailes avant, le capot et les portières ont été conservées… mais modifiés. Le toit s’est retrouvé découpé alors que les cadres des vitres latérales avant et du pare-brise ont été rabaissés. Pour le reste, des tubes métalliques sont venus dicter les formes avant que des tôles aient été soudées dessus.
L’avant est plutôt sobre (si, comparé au reste de la caisse, on peut dire sobre !) avec une calandre relevée, composée d’une large prise d’air rectangulaire grillagée séparée par un montant central sur lequel doit venir se crocheter le capot. Les ailes avant sont profilées et filent vers des portes lisses qui se terminent sur les ailes arrières qui rendraient jalouses toutes les Cadillac des 50’s réunies ! D’ailleurs en les regardant, on comprend pourquoi on appelle ça des « ailes ». Le cul plonge en pointe sur deux feux qui, à l’image de la calandre, reprennent la largeur de la voiture. On se retrouve devant une sorte de navette spatiale, mélange entre un avion de chasse, un Belly Tank (ces hot rod qui allaient battre les records de vitesse sur le lac salé de Bonneville dans les 50’s), et un custom, le tout habillé avec le costard d’un chanteur de disco.
Un jeu de stickers, quelques dessins en trompe l’œil et des enjo’ plus tard, l’Indecision est prête à décoller. Enfin, Indecision 2 puisque la première du nom était blanche jusqu’à ce que Andy Saunders décide de la faire passer pour une boule à facettes… ou le fut’ du fameux chanteur de disco ! C’est gris satiné sur les côtés par contre pour le reste, on s’croirait à la foire du trône ! Ça scintille de mille feux. L’avantage, c’est qu’au moins, sur la route, on vous voit arriver de loin…
Dans l’habitacle, on retrouve du vinyle, d’la moquette du chrome et du plastique. C’est tellement rouge de partout, qu’on se croirait chez Spanghero ! Bienvenue dans le royaume du kitsch. Moustache et moquette apparente obligatoire si vous voulez vous approcher du buffet ! On reconnait le tableau de bord et les compteurs de la CX, mais pour le reste, c’est digne d’un scénario de Kubrick. Le volant composé de tiges chromées est en deux parties, et on doit retrouver un méchant Pioneer KUX 73 JM 120 mon petit !
Comme d’hab, nous ne sommes pas là pour comparer les goûts des uns et des autres. D’autant plus que malgré les haters qui trouveront leur raison de vivre dans des adjectifs aussi imagés que leur ouverture d’esprit, Andy Saunders lui, il vit de sa passion. Puis bon, des CX, il y a eu plus d’1.1 millions de produites, et 90% d’entre elles ont fini broyées ou en train de pourrir au fond d’un champ sans que ça dérange qui que ce soit, donc finalement en retrouver une imaginée comme cela, c’est plus du sauvetage que du gâchis puisqu’au moins celle là continue de rouler… ou de voler ?! On finit par ne plus trop savoir où est la vérité.
sacre découverte, il fallait osé.