’91 Acura NSX – Des turbos ? Allez, mettez en deux !
par Thierry Houzé | 20 octobre 2020 | Street |
Non c’est vrai… Comment Acura (Honda pour les intimes) a pu faire une caisse comme la NSX et y flanquer moins de 300 bourrins ? Non, franchement ! Avec le potentiel qu’elle avait, elle en méritait 350 minimum, voire même 400. Quel dommage. Enfin, heureusement qu’il reste les préparateurs et les sorciers de la mécanique pour lui coller deux escargots…
Alors voyez, ce qui est marrant avec Honda (Acura pour les intimes…!), c’est que les adeptes de la marque ont autant d’humour qu’un dictateur nord coréen ! Avec l’intro que je viens de poser, ma tête doit déjà être mise à prix. Je n’vais pas tarder à avoir la visite des membres de la secte des adeptes du Vtec (appelés aussi les pros du joint de queue de soupape), vous savez ceux qui se réunissent tous les vendredis soirs sur les parking des Casto nationaux…
Bien entendu que la NSX en avait assez… Enfin, surtout pour ses concurrentes. Déjà qu’avec 274 ch elle leur tournait autour, je n’ose imaginer si Honda en avait mis plus. Porsche et Ferrari peuvent remercier le Japanese Gentlemen Agreement qui faisait que les constructeurs nippons s’était fixé une puissance max de 280 ch à ne pas dépasser afin d’éviter que le taux d’accidents ne grimpent sur les routes japonaises. Bon, une p’tite fumisterie aussi bien politique que mécanique, puisque ce n’est plus un secret d’affirmer que ces 280 ch, c’était plus pour la théorie des fiches techniques que pour la pratique mécanique. C’est un peu comme si des crétins décidaient de baisser la vitesse sur nos nationales pour les passer de 90 à 80 km/h. Genre 10 km/h de moins ça va sauver des vies, alors qu’on aurait tous bien compris que ce serait juste pour balancer plus de PV et rentrer du cash dans les caisses qu’on nous dit vides (enfin, vous inquiétez pas, tout va bien pour eux…). Tu parles d’une connerie ! Hein ? Pardon ? Ah, excusez moi 30 secondes, mon avocat m’appelle…
Bref, en tout cas la NSX, avec son V6 3.0l, son Vtec, ses 274 ch, son châssis coque en alu, ses réglages affutés par Ayrton Senna himself et son look qui n’a pas pris une ride 30 ans plus tard (putain, déjà 30 ans !), elle a refilé des nuits blanches aux ingénieurs européens. Sauf que chez Honda, on a pas jugé nécessaire de la faire évoluer… et là encore, j’en vois quelques uns qui s’énervent. Bon ok, son V6 est passé à 3.2l, elle est passé de 274 à 294 ch, a été peaufinée au fil des années, mais excusez moi, y’a pas de quoi se mettre à danser à oilpé sur le comptoir (Tim, tu peux descendre !). Heureusement que la base avait 10 ans d’avance sur ses concurrentes, ce qui lui a permis de tenir bon et de rester devant pendant les 15 années qu’a duré sa carrière. Pour moi, elle aurait mérité de terminer en apothéose avec quasiment 400 ch sous son capot. Surtout que son châssis les auraient encaissé sans broncher.
Visiblement, je suis loin d’être le seul à être de cet avis. Car si la NSX est aujourd’hui un collector recherché, elle est aussi une supersportive qui a fait le bonheur des préparateurs. Atmo, turbalisée ou compressée, voire même swappée, elle en a quand même vu de toutes les couleurs. Comme le modèle rouge qui se pavane sous vos yeux.
Une Acura NSX de 91, soit l’une des toutes premières, reconnaissable à sa robe biton Formula Red en bas et noir en haut. Esthétiquement, si ce n’est le set de BBS Bugatti rien ne laisse présager de la tornade qui souffle sous son capot. Et encore, les nouvelles pompes ont conservé le diamètre d’origine. 7×16 » devant et 9×17 » derrière, chaussées en Kumho Ecsta en 205/45 et 255/40. Le châssis est laisse 100% d’origine. Suspats et feins encaissent paisiblement.
Sous le capot, le V6 C30A reçoit donc le renfort d’un duo de Garrett, chacun accompagné de son intercooler et d’une dump valve GReddy. Bien entendu, pour encaisser la charge, il est maintenant forgé, renforcé, gavé par du gros débit et géré par un boitier AEM. Au niveau de l’embrayage, c’est là aussi du Stage 3 en bi-disque. Oui, car il doit maintenant composer avec 550 ch et 564 Nm de couple. C’est tout ? Oui, ben commence par les coller dans la Clio et on en reparle !
Dans l’habitacle, une fois encore, si ce n’est les deux baquets Sparco et les manos qui ont poussé sur le montant, rien ne laisse penser que la bébête japonaise dépasse désormais les 500 bourrins. Tout juste un kéké qui a trop regardé Fast & Furious et qui a collé un échappement MgnaFlow sur sa NSX histoire de faire chier ses voisins quand il rentre à 2 heures !
Alors je pense qu’on peut parler de sleeper… même si niveau look, les BBS Bugatti ne sont pas forcément les jantes qui collent le plus à la NSX. Enfin, question de gout, donc ça n’engage que moi. Il n’empêche que la légende japonaise cache son jeu, sans chercher à tomber dans la caricature ou le bestial. Certains en font trop, d’autres pas assez… comme quoi, tout est une simple question d’équilibre.
© performanceautogallery via BaT
Bonjour,
J’ai participé au développement et à la commercialisation de la NSX, en partant de la HPX proposée par PininFarina, équipée du moteur Honda V6 F2, puis de la version 3.2 et finalement de la TypeR que j’ai conduite à Suzuka et Motegi, en particulier lors des journées « NSX Fiesta » . Je suis toujours en relation avec l’ingénieur Uehara, le père de cette voiture et avec Nobuiko Kawamoto, alors Président de HMCo qui en a permis la mise en production.
Par ailleurs j’ai conservé une Acura dernière version (phares fixes), une NSX 3.2 et aussi une S2000.
J’ai utilisé une NSX sur de nombreux circuits, soit avec un moteur préparé à env 380 ch ou avec un moteur usine ex-Le Mans de largement plus de 400 ch. Cela vous donne donc raison : le châssis, il est vrai un peu renforcé (cage) encaissait sans problème.
Cordialement