Toyota Corolla AE92 : Propu et 2JZ… en mode street legal !
par Thierry Houzé | 21 juillet 2021 | Street |
Toyota c’est la Corolla AE92… la caisse lamba aussi excitante qu’un épisode de Derrick. Toyota c’est aussi le 2JZ, 6 en ligne de la Supra et grand fervent des prépas copieuses histoire de bien remuer cette propu énervée. Cet article, c’est juste la rencontre des deux !
Avec la Toyota Corolla AE92, si ce n’est une version GTi de 130 ch, il n’y avait pas vraiment de quoi se défouler sur le bitume d’un circuit. Ajoutez y une dégaine aussi sexy qu’un bonne soeur et il faut reconnaitre que pour y trouver une quelconque attirance, il faut quand même vachement aller chercher derrière la façade. Il n’empêche qu’en parallèle, pour ceux qui voulaient voiture simple, un fidèle déplaçoir, elle était parfaite. Physique ingrat… peut être, mais quasiment indestructible. Considérée comme l’une des caisses les plus fiables de la planète, elle a su s’imposer sur tous ces marchés où on a plus besoin d’un tank que d’une voiture. De Dakar à Johannesburg et de Mexico à Ushuaia, la Corolla enchainait les centaines de milliers de kilomètres sans broncher.
Vous pensez bien que si l’une d’entre elles vient poser ses roues sur DLEDMV, c’est qu’elle n’a plus grand chose à voir avec une voiture de location ! C’est même tout le contraire… c’te Corolla, en terme de prépa, elle embarque tellement de pièces automobiles qu’elle pourrait rendre jaloux un site comme Daparto !
Cette Corolla de 89 appartient à Mathias, un Suédois qui bosse au Toyota Center de Gothenburg. Sa GTi, il l’a achetée d’occase en 2004, avec seulement 65 000 km au compteur – autant dire qu’elle était encore en rodage – histoire d’en faire son daily mais aussi pour en profiter de lui décrasser les roulements lors du Japmeet qui se déroule sur le circuit de Mantorp Park.
Forcément, vous pensez bien que c’est vite parti en cacahuète ! Un petrolhead reste un petrolhead… surtout quand il commence à dire que de temps en temps, il va aller chauffer l’asphalte d’un circuit au volant d’une voiture d’origine. C’est le moment de changer les disque de frein ? C’est surtout le moment d’upgrader… et ça va le faire aussi pour la ligne, les suspensions, les jantes, les pneus, les sièges… rapidement, le concept du « je la laisse d’origine » il est vite parti en live !
Et encore, ce n’était que le premier level… car rapidement Mathias il s’est dit que sa japonaise, elle manquait de watts. Tu m’étonnes ! Surtout que chez Toy, y’a un gazier qui va bien pour ce genre de puce, le fameux 4A-GE avec sa culasse 20 soupapes, un Black Top (la dernière génération qui a remplacé le Silver Top en 95). Un 4 cylindres qui affiche le caractère d’un vrai bloc multisoupapes japonais, 165 ch perchés à plus de 7800 trs où grosso modo, en bas t’as presque rien et tout se passe au dessus des 5500 trs pour aller y taper dans l’fond ! V’là donc le projet de Mathias… Y coller un 4A-GE Black Top accompagné de la boite 6 de la Corolla G6 hatchback E11… là aussi, un truc un peu débile qui a servi à des homologuer la pathétique japonaise en WRC… mais c’est une autre histoire que je vous raconterai bientôt (et vous comprendrez pourquoi !).
Pour en revenir à Mathias, son projet ne va rester que théorie et être rapidement abandonné… pour faire bien pire ! Il le reconnait, c’est en 2008 que les fils se sont touchés et que c’est parti en live alors qu’il voulait équiper le bloc d’origine d’une grosse admission avec passage en ITB. Finalement, il aura beau aller chercher des watts ou même swapper, ça ne solutionnera pas son problème… à force de pousser sa voiture dans ses limites, la solution devenait évidente, il lui fallait une propulsion. Sauf qu’il aimait top sa Corolla pour la sacrifier…
Du coup Mathias a voulu mélanger l’utile et l’agréable… comprenez par là, garder son daily tout en la transformant en propulsion. Sachez qu’en Suède, quand vous avez ce genre de projet, vous pouvez le faire dans les règles de l’art afin de pouvoir l’homologuer. Pour cela, il existe le SFRO (Sveriges Fordonsbyggares Riksorganisation), une agence qui va superviser les différentes étapes de la transformation pour les valider au fur et à mesure d’inspections régulières. Ainsi, les modifications sont faites avec une certification qui permet, une fois le projet terminé, à la faire immatriculer sans contrainte d’homologation.
Mathias a donc déposé son projet auprès du SFRO. Châssis tubulaire, moteur plus copieux et passage en propu. Une fois le projet validé, il a pu commencer les travaux ainsi que les différentes inspections de validations jusqu’à la dernière visite qui aura lieu en septembre 2017.
Huit longues années pour 6500 heures de taff… à l’arrivée l’engin est démoniaque. Un châssis tubulaire avec arceau intégré est ensuite habillé de panneaux en alu collés et rivetés, avant d’être coiffé par la caisse de la Corolla GTi modifiée et équipée d’un kit large et de spoilers en fibre, de prises d’air sur le capot et d’une trappe à essence Sparco. La robe rouge 3E5 est empruntée au nuancier Toyota.
Les trains roulants avant et arrière viennent d’une Supra MK4, maintenus par des combinés filetés D2 Racing réglables dans tous les sens. Tout le freinage vient du catalogue Wilwood avec étriers 4 pistons et disques percés de 356 mm. Enfin le tout est posé sur des Advanti Vertex Black en 8,5 et 9,5 x 19″ chaussées en Dunlop de 235/35 et 275/30.
Dedans, c’est maintenant orienté vers l’efficacité. Le tableau de bord spécifique est en fibre et équipé de combiné TRD de Supra et de manos de chez Autometer et AEM. Baquets, harnais, pédalier, soufflets et volant tulipé viennent de chez Sparco. Même si les panneaux de portes sont habillés d’alcantara, pour le reste, elle n’a rien à envier à une caisse de WRC !
Forcément avec un tel pedigree, on tutoie l’excellence une fois qu’on soulève le capot. Oubliez le p’tit 4 cylindres d’origine. La Supra n’a pas laissé que ses trains roulants et ses compteurs. Le 2JZ GTE faisait également partie du lot… 6 en ligne 3.0 l biturbo, mais inutile de faire les présentations, vous connaissez le gazier maintenant. Vous imaginez bien qu’il a reçu un gros shoot au passage. Passé en mono turbo XXL, wastegate Forge de 44 mm, admission K&N, durites silicone, pompe et injecteurs gros débit, intercooler en alu, ligne full inox… Mathias n’a pas cherché à exploser les chiffres, il voulait une caisse légère, performante, efficace… avec du grip. Pas la peine d’en faire une machine à virgule. Du coup, il n’a pas cherché à savoir la cavalerie de son gazier… il se limite d’annoncer sobrement et humblement un 400+…
Une fois terminée, Mathias présente une dernière fois a Corolla au SFRO et après une ultime vérif, il décroche son homologation. Voilà, la Corolla de Mathias, outre un look et une prépa délirante, peut donc rouler en tout tranquillité avec sa carte grise et ses plaques d’immat. Notez au passage la finition, sachant que c’est Mathias qui, en dehors de la peinture, a réalisé la plupart des travaux pour en faire probablement la Corolla AE92 la plus impressionnante d’Europe !
Méga cool. Je savais pas nos amis suédois aussi « ouvert » sur les homologations routes de certaines prépa’! Pas facile à deviner vu leurs législations routières!!!