Aston Martin DB5. Choisissez un chiffre entre 4 et 6 !
par Thierry Houzé | 20 janvier 2023 | Street |
En Angleterre, dans l’automobile, il y a 2 écoles. La première, celle du « Light is right » dont faisaient partie Colin Chapman et Trevor Wilkinson (TVR). Ou alors vous avez la 2nde, supportée par William Lyons et de David Brown qui, au contraire, ne voyez pas pourquoi on devait sacrifier le luxe pour faire une vraie sportive ? L’Aston Martin DB5 en est l’un des plus beaux exemples.
C’est compliqué de vous raconter l’histoire de l’Aston Martin DB5 sans en faire un livre. Bon, on va quand même essayer. D’autant plus que cette voiture a un petit côté assez mythique puisque c’est celle qui sert de voiture de fonction à l’agent secret favori du MI6 depuis pas mal d’années. Oui, pendant que certains vrp doivent se coltiner une Clio DCI ou un Nissan Qashqai, en se contentant de sandwichs de nuit dans des hôtels de passes, celui dont le nom est Bond, James Bond, peut passer en frais des suites dans les palaces de Megève et de Monaco, ses vodka Martini ou encore ces costards sur mesure, et vous l’avez deviné, déambuler au volant d’une Aston Martin DB5. Comme quoi être le préféré de Sa Majesté, ça peut donner des avantages !
Il n’empêche que l’histoire d’Aston Martin, c’est quand même un sacré bordel, du moins jusqu’à ce qu’un certain David Brown vienne mettre un peu d’ordre dans tout ça. En effet, si la marque est née en 1913, jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale, elle n’a été qu’une succession de liquidations et de rachats. Pourtant à la base Lionel Martin, y croyait. Avec son associé Robert Bamford, ils étaient persuadés de pouvoir abattre Bugatti, la référence en terme de sport. Mais les choses n’allaient pas forcément se passer comme ils l’imaginaient.
Il faudra attendre 1947 et l’arrivée de Sir Brown pour qu’Aston Martin puisse enfin commencer à se développer normalement. Faut dire aussi que le business, ça le connaît. Propriétaire de Lagonda, il va fusionner les 2 marques. Pour en faire une machine de guerre. Sa recette est simple. Faire des Aston Martin des sportives de référence sans pour autant sacrifier leur statut social. En gros, il veut que ses voitures soient aussi sportives qu’une Jaguar et aussi luxueuses qu’une Bentley.
Promis, je vais pas vous faire un livre, mais c’est quand même difficile de parler de la DB5 sans dire qu’elle n’est en fait qu’une évolution de la toute première Aston Martin signée David Brown, la DB1. C’est la première Aston à recevoir un 6 cylindres en ligne sous son capot et ça, ça va changer beaucoup de choses par rapport aux anciens 4 cylindres 2 l qu’elles avaient l’habitude d’embarquer. La DB1 va devenir DB2. Puis la DB2 va évoluer en DB2/4 voire en DB2 MkIII. Pourquoi pas en DB 3 ? Parce que le nom va être pris en 1950 pour celle qui va aller rivaliser avec Ferrari, Maserati et Jaguar sur les circuits du monde entier et qui sera remplacée en 1956 par la célèbre DBR1 qui apportera à Aston Martin sa seule victoire au Mans en 1959. Mais ceci est une autre histoire que je vous ai déjà racontée.
En 1958, Aston Martin lance la DB4. Dehors, les lignes se contentent d’évoluer. Bien que la DB1 avait été dessinée en interne, pour la DB4, David Brown va demander à Touring de s’en charger. D’autant plus que le carrossier italien va utiliser une solution qu’il a inventée quelques années auparavant, la structure Superleggera. Si vous êtes un habitué de DLEDMV. Elle, ne devrait plus avoir de Secret pour vous. Mais pour les petits nouveaux. Il s’agit ni plus ni moins d’un treillis tubulaire qui fait office de châssis et de coque sur lequel viennent se poser des panneaux en aluminium. De quoi assurer la rigidité et la légèreté de la voiture.
Dessous, elle signe l’arrivée d’un nouveau moteur imaginé par le motoriste polonais Tadek Marek. Ce 6 en ligne de 3.7 l tout en aluminium est étroitement dérivé du moteur de la DB3. Il développe 241 chevaux pour un poids qui se contente de 1240 kilos. L’Aston DB4 n’a rien à envier à ses concurrentes. Le succès est immédiat.
En septembre 1959, le coupé britannique devient encore plus méchant avec l’arrivée de la DB4 GT. Le 6 cylindres est revu. Il accueille un double allumage, trois carbus Weber et la culasse est préparée. Sa puissance grimpe jusqu’à 302 chevaux et son poids perd une dizaine de kilos. Avec 242 km/h en vmax, c’est la voiture de production la plus rapide de l’époque. 75 DB4GT vont être assemblées et 19 d’entre elles vont passer sous les mains de Zagato.
Bon c’est long, mais il fallait passer par là pour en arriver à notre DB5. Car si vous regardez le style de la DB4GT, c’est lui qui va inspirer celui de la DB5. Les phares sont carénés. Les lignes sont tendues, sportives, racées, séduisantes. Seuls quelques détails ont été revus, comme la partie arrière qui s’est adoucie. Nous sommes en 1963 et avec sa DB5, Aston Martin frôle la perfection. La grosse différence vient du moteur. Sa cylindrée a été portée à 4 l ce qui lui permet d’afficher 282 ch pour un couple de 390 Nm. La boîte est signée ZF et compte 5 rapports manuels. Dans l’habitacle, le cuir vient toujours de chez Connolly. Les meilleures ronces sont sélectionnées pour habiller le tableau de bord et plusieurs moutons ont été sacrifiés pour habiller le sol.
Pour les plus exigeants, David Brown va faire développer une DB5 Vantage qui ne sera commercialisée qu’en 1964. Le 6 en ligne accueille trois nouveaux Weber et des arbres à cames plus pointus. De quoi revendiquer 325 chevaux. Seulement 65 seront construites.
En 1965, la DB5 est remplacée par la DB6. Aussi, le moteur ne change pas. Mais pour la première fois les modifications de la carrosserie ont été apportées par des essais en soufflerie. L’empattement a gagné quelques centimètres. Et si, une fois encore, les modifications sont subtiles mais bien présentes, elles ne viennent pas dénaturer cette ligne toujours aussi belle, mais qui commence à vieillir. 2 ans plus tard, l’Aston DBS entre en jeu mais, comme une marque de respect, elle ne va pas remplacer la DB6 dont la carrière s’effacera peu à peu jusqu’en 1970. Toutes versions confondues, de la DB4 à la DB6, plus de 4000 voitures ont été assemblées. Mais celle qui va marquer le plus les esprits, c’est la DB5, qui, reconnaissons-le, a bien été aidée par James.
© DSFM20085 via BaT
Sur les profils, sans jamais y avoir prêté attention, je préfère l’équilibre de ligne de la DB6 à celui de la légendaire DB5. Merci DLEDMV pour vos photos en « parallèle »!!!
Speed sur 20 janvier 2023 à 23 h 07 min
Sur les profils, sans jamais y avoir prêté attention, je préfère l’équilibre de ligne de la DB6 à celui de la légendaire DB5. Merci DLEDMV pour vos photos en « parallèle »!!!
Pareil que toi.
J’ai vu une Db5 la semaine dernière et j’ai pu monter au volant d’une DB2 mk3 de 57, il y a quelque chose d’unique dans ces autos.
Un rêve <3