La Ferrari 275 GTB/LM Competizione Speciale, c’est la réponse de Ferrari à Shelby. Le texan et ses différentes Cobra et Daytona commençait à sérieusement déranger les ambitions sportives du Commendatore. Il fallait réagir et faire évoluer la 250 GTO afin de résister à l’envahisseur américain et à ses monstres aux énormes V8…

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Ferrari 250

Dans les années 50, la Ferrari 250 va devenir la référence en sport auto. S, MM, Monza, Testa Rossa, P, GT Berlinetta LWB et SWB, TDF… peu importe la version, la victoire était au rendez vous, des 24h du Mans à la Targa Florio en passant par Daytona, le Tour de France ou les Mille Miglia. Si la 250 GTO allait dominer la catégorie GT en 62, 63 et 64, elle allait cependant rencontrer quelques difficultés pour maintenir la Shelby Daytona. Faut dire que Ferrari possède ce talent de traduire les règlements jusqu’à la moindre virgule. La FIA craignant les colères d’Enzo qui joue souvent de son influence pour faire passer l’inacceptable. Ce sera la même avec la 250 LM dont l’homologation sera d’abord refusée avant qu’un compromis soit finalement trouvé.

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Tout pour la victoire

Tout c’bazar fut surtout le signe de voir les voitures de Maranello de plus en plus mises en difficulté. En gros, malgré ses titres et ses victoires, de 62 à 64, la Ferrari 250 commençait à montrer ses limites. Son V12 de 3.0 l avait un souffle impressionnant, la légèreté des belles rouges faisait le reste. Mais il faut comprendre qu’Enzo supportait très mal la défaite. Pour lui, même si ses voitures raflaient le titre, et gagnaient huit courses sur les 10 que comptait la saison, il ne retenait que les deux défaites !

Au tour des 330 et 275

Du coup, l’arrivée des Ferrari 330 en 62 et des 275 en 64, allaient aussi donner le moyen à Maranello de multiplier les versions et d’aller chasser dans d’autres classes. On l’a déjà vu ensemble avec les 330 LMB et GTO en 63, c’est donc aujourd’hui au tour des 275 GTB/LM Competizione Speciale de 64.

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Plus moderne

Pendant que la Ferrari 275 GTB était dévoilée pendant l’édition 64 du Mondial de l’Auto de Paris, les ingénieurs s’affairaient déjà sur elle pour la passer en mode compétition profitant de la base qui avait troqué son pont rigide à l’arrière contre des suspensions indépendantes et recevait une boite associée à son pont pour adopter une architecture transaxle. Une fois la voiture terminée, les choses n’allaient pas se dérouler comme on l’avait espéré à Maranello. C’est que les responsables des instances internationales du sport auto attendaient les voitures rouges de pied ferme.

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Après la 250 GTO et la 250 LM

En 62, la 250 GTO avait été homologuée comme une évolution de la 250 GT… alors qu’elle avait été développé et construite essentiellement pour le circuit. C’était border line, mais c’était passé. L’année suivante, Ferrari allait tenter le même coup avec la 250 LM… ce coup ci, le CSI (Commission Sportive Internationale) n’allait pas se faire avoir en l’homologuant en proto plutôt qu’en GT. Malgré plusieurs victoires, dont celle aux 24h du Mans 65, elle allait vite se faire surclasser par ses concurrentes. Comprenez donc que lorsque Ferrari allait présenter la 275 GTB/LM Competizione Speciale pour l’homologuer en GT, les membres du CSI allait rapidement refouler la voiture. Le poids n’était pas conforme. En effet si la 275 GTB affichait 1100 kg, la Competizione Speciale n’en faisait que 870… Ferrari y avait donc installé des lests pour l’alourdir. Le subterfuge ne passera pas, et tout comme la 250 LM, la 275 GTB/LM allait se retrouver en proto.

De longues négociations…

Mais ce coup-ci Enzo allait réagir, à sa façon ! Il pond aussitôt un communiqué de presse pour annoncer que la marque allait se retirer du GT laissant ainsi la porte grande ouverte au championnat du monde à l’invasion américaine de Shelby mais aussi aux nouvelles Ford GT40. Un raz de marée médiatique va alors s’abattre sur le CSI qui n’aura pas le choix de revoir les règles du GT. Après de longues discussions, un compromis finit par être trouvé en accord avec Maranello (!!) pour baisser le poids réglementaire de la catégorie à 980 kg. Enzo est content, la 275 GTB/LM prend du poids et se retrouve avec son homologation en GT.

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… pour seulement deux courses !

A Maranello, on a assemblé deux châssis. Le 06701 (celui qui défile sous vos yeux) qui va servir à décrocher l’homologation en GT. Mais aussi le 06885 qui, le temps des différentes négociations va être engagé en tant que proto à la Targa Florio et aux 1000 km du Nürburgring. Ce sera l’occasion de tester son potentiel. Et l’équipe ne sera pas déçue puisque la 275 GTB/LM Competizione Speciale va s’avérer être la plus rapide des GT ! On pense la mission accomplie… si ce n’est que le Commendatore, comme pour exprimer sa frustration auprès du CSI qui semble avoir gagné le bras de fer contre Maranello, décide de stopper le projet. La voiture ne participera pas aux 24h du Mans sous les couleurs de Scuderia mais sous celles de l’Ecurie Francorchamps qui va la racheter juste avant la course où elle terminera 3ème au général (1ère GT) derrière deux 250 LM. Elle rejoint ensuite le North American Racing Team (NART) pour gagner le Nassau Tourist Trophy et remporter une deuxième victoire de classe dans le Nassau Governer’s Trophy avant de prendre sa retraite. Une carrière courte… mais intente !

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Fausse routière, vraie voiture de course

Comme la 250 GTO, la Ferrari 275 GTB/LM Competizione Speciale avait été construite à partir de zéro. Elle reposait sur un treillis composé de tubes de faible diamètre afin de limiter le poids tout en conservant la rigidité. Les 4 roues indépendantes étaient maintenues par une double triangulation avec combinés ressort / amorto. Devant le V12 3.3 l reprenait la batterie de 6 carbus Weber de la 250 LM pour développer plus de 300 ch. Derrière, l’ensemble boite / pont s’associait à un différentiel. Au niveau look, malgré les apparences, elle était plus compactes qu’une 275… certains la décrivaient même comme une 275 à l’échelle 7/8ème. Des ouïes ont été découpées à l’arrière derrière les roues et les vitres latérales mais aussi sur les ailes avant. L’avant reprend le style de la 275 tout en étant un chouill’ affiné…

Gueule de 250 GTO

Le style 250 GTO ? Non, elle n’est pas née comme cela. Une fois homologué, le châssis 06701 a été vendu à client italien, habitué de la marque. Comme toute GT, elle est bien entendu aussi homologuée route. Il va donc s’en servir pour son usage privé tout en allant de temps en temps la décrasser sur circuit. Les trois entrées d’air à l’avant, c’est dans les années 70 qu’il va les faire rajouter…

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Unique

Il faut savoir que Ferrari a assemblé deux autres voitures supplémentaires en 66 toutes les deux commandées par des écuries privées… sans plus d’infos. Quant à la cette Ferrari 275 GTB/LM Competizione Speciale à gueule de 250 GTO, elle est la seule à arborer ce faciès…

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© Mecum Auctions