J’viens de me rendre compte qu’aux USA, il est plus simple de trouver une De Tomaso Pantera modifiée plutôt que d’origine. De quoi filer la chtouille au premier puriste venu qui réagira avec un « Bah c’est comme les Golf GTi chez nous ! »… Oui Kevin, si ce n’est que là, on ne parle pas de Golf mais de Pantera, la plus américaine des sportives italiennes…

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Sous le signe de l’ovale bleu

Sur les 7260 De Tomaso Pantera produites, le marché américain en a consommé presque 6000. En gros, plus des 3/4 des Pantera qui sortaient des usines de Modène grimpaient sur un bateau pour traverser l’Atlantique. Une fois arrivées sur le sol américain, elles étaient prises en charge par Ford qui se chargeait de leur distribution à travers son réseau Lincoln et Mercury.

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Carroll, Alejandro et Lee

L’histoire d’amour entre Ford et De Tomaso a commencé au début des 60’s grâce à une certain Carroll Shelby. Alors que Ford vient de se prendre un vent du côté de Maranello, Shelby met en relation Alejandro De Tomaso et Lee Iacocca avec qui il va se lier d’amitié. Le deal est signé et Ford va fournir le Kent de la Vallelunga. Entre temps, Shelby et De Tomaso s’associent afin de développer une sportive commune… Mais voilà, le texan va vite lâcher l’affaire et abandonner l’argentin pour se tourner vers le projet GT40 de Ford. Les deux hommes entrent en conflit et De Tomaso présente sa Mangusta (la mangouste est un animal capable de manger des cobras ! Tu vois le message…) motorisée de V8 Ford. Nous sommes alors dans la deuxième partie des 60’s. Ford a gagné son pari en allant rafler la victoire aux 24h du Mans et ainsi, se venger de l’affront porté par Ferrari. La GT40 est la reine de l’endurance. Mais elle coute cher, trop cher pour s’en servir de base afin de proposer une sportive routière.

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Chasse à la Corvette

A Détroit, on a cassé la tirelire pour montrer que Ford est capable d’aller battre les meilleurs. Si ce n’est que celui qui récolte, c’est Shelby. En même temps, c’est lui qui se charge de faire les GT40 en 66 et 67… m’enfin pendant que les Ford gagnent, les clients se ruent sur les Mustang Shelby. Mais chez Ford c’est la Corvette qu’on cible, plus en adéquation avec l’image portée par la GT40.

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Ford casse la tirelire

En septembre 69, Détroit rachète 85% de De Tomaso et propose à Modene de financer le développement d’une sportive qui va venir chasser sur les terres de la ‘Vette. Tu parles qu’Alejandro va accepter ! C’est Gian Paolo Dallara qui va donner naissance à la monocoque en acier qui accueillera ensuite un V8 351 ci (5,8 l) Cleveland de 330 ch associé à une boite 5 manuelle ZF. En mars 70 la De Tomaso Pantera est présentée à Modene avant de prendre la direction de New York pour y être dévoilée au salon de l’auto sur le stand de Ford.

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Voilà, c’est fini !

Mais voilà, l’histoire d’amour va s’arrêter en 74… Ford revend ses parts à un fond d’investissement de Hong Kong. En 75, l’ovale bleu stoppe l’importation et la distribution de De Tomaso après en avoir écoulé 5500. C’est Qvale qui prendra le relais, mais loin d’avoir la puissance financière et le réseau de Ford, les ventes se feront de manière indépendantes et anecdotiques jusqu’en 1996 qui allait signer la fin de la production de la Pantera.

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L’italienne qui se prend pour une américaine

Quoiqu’il en soit, la Pantera s’est forgée une image particulière dans le coeur des ricains qui la considèrent comme l’une des leurs. A tel point que des spécialistes s’en sont donné à coeur joie pour la rendre encore plus brutale. Et ça tombe bien puisque je vous en ai trouvée une… Ah la belle coïncidence !

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Precision Pro-Formance

Cette De Tomaso Pantera de 74 a passé sa carrière sur les routes américaines avant de se retrouver à la fin des 90’s dans les ateliers de Don Byars, l’un des spécialistes les plus réputés du pays, propriétaire du shop Precision Pro-Formance. La caisse a été entièrement démontée et mise à tôle afin de recevoir une restauration complète dans les règles de l’art et retrouver son aspect d’origine en robe rouge émail de chez PPG.

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Un look d’origine

En y étant, la caisse a reçu un kit de renforts à l’avant, l’arrière, ainsi qu’au niveau des supports de suspensions et des trains roulants. Le pare-choc avant monobloc a été remplacé par les moustaches qui équipaient les tous premiers modèles de 70 et 71.

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First classe

Dans l’habitacle, il faudrait être vraiment difficile pour ne pas kiffer. Du cuir noir plissé, des tapis en laine Wilton, des placages en bois sombre vernis. Sur la console centrale la batterie de contacteurs et de manos avec cerclage chromé. Bien sûr la grille de la boite manu et le volant Lecarra sont de la partie. Comme dirait un célèbre laveur de carreaux « c’est de toute beauté » !

Un 427 ci de 460 ch

Mais l’essentiel est ailleurs, en l’occurence sous le capot arrière en la personne d’un V8 revu par Blood Enterprises. Un 427 ci assemblé à partir d’un bloc alliage Dart équipé d’un vilebrequin Bryant Racing, de huit bielles MGP avec pistons forgés CP-Carrillo, surplombé de culasses Yates C3 en aluminium et d’un collecteur d’admission avec un carburateur quadruple corps Holley 950CFM. Le refroidissement est confié à un gros radia’ full alu équipé de deux ventilos à commande thermostatique. De quoi sortir 460 ch et 594 Nm de couple qui hurlent à travers une ligne 100% inox et filent aux roues arrière via une boite pont ZF à 5 rapports manuels avec un embrayage Centerforce et un différentiel à glissement limité.

Soudée au sol ?

Pour passer tout ce p’tit monde à l’asphalte, les trains roulants renforcés et passés en double triangulation sont maintenus par des coilovers réglables et des barres antiroulis 25,4 mm de diamètre. Aux quatre coins, le freinage signé Wilwood s’appuie sur des étriers 4 pistons qui mordent des disques percés, derrière des jantes Marino Perna en 8 et 11 x 17″ enrobés de Pirelli P Zero Asimmetrico 235/40 et 335/35.

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Restomod ou outlaw ?

Bien moins radicale que celles des Ringbrothers ou du Gas Monkey, cette Pantera signée Precision Pro-Formance mise sur la sobriété. Et à un moment on n’sait plus trop comment les appeler… Restomod ? Outlaw ? A partir du moment ou la restauration se fait avec des éléments modernes, on est donc bien dans la cour du restomod. Si ce n’est que comme une caisse intouchable touchée devient un outlaw, elle l’est aussi. On va dire 50% restomod et 50% outlaw… ça fait 100% DLEDMV !

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