Dans la famille Jaguar Type E, la crème de la crème, c’est la Low Drag et son évolution, la Lightweight. Donc forcément, quand tu dois restaurer ta Type E de 68 dont l’état tient plus de l’épave que du sex symbol monégasque, bah ça te brule les doigts de lâcher le budget et d’en faire une bête échappée d’un circuit tout en gardant le confort qui sied à son statut… oui, du 100% outlaw !
ADN de sportive
Quand la Jaguar Type E a pointé le bout de sa calandre en 61 elle allait rapidement enfiler le jogging afin de reprendre le flambeau en sport auto. Il ne faut pas oublier que dans les 50’s, Jaguar faisait partie des références. Après une victoire aux 24h du Mans en 51 avec la XK120 puis en 53 avec la Type C, ce sera au tour du triplé de la Type D en 55, 56 et 57. Mais voilà, chez Ferrari et Aston Martin, on n’allait pas se contenter de faire de la figuration.
Low Drag et Lightweight
En 62, trois Type E sont engagées dans la Sarthe. Deux verront la ligne d’arrivée à la 4ème et 5ème place. Même si l’usine a apporté son soutien, toutes avaient été confiées à des écuries privées. Ce n’était pas pour rien. A Coventry, on savait que la Type E et sa coque en acier allait avoir du mal à tenir le rythme des Ferrari et Aston avec leurs caisses alu. Ainsi Malcolm Wilson avait déjà lancé le projet d’une Type E reprenant sa monocoque acier mais avec tout le reste revu et corrigé, dont un pare brise incliné, un cul rallongé pour limiter la trainée et habillée en panneaux d’alu collés et rivetés mais aussi un 6 en ligne 3.8 l surplombé d’une culasse inspirée de celle de la Type D. Ce proto qui s’appellera Type E Low Drag servira de base à une série spécifique qui débarquera en course en 63, les Type E Lightweight. Dix seront assemblées sur des cabs coiffés de hard top et deux le seront à partir de coupés reprenant le look du Low Drag.
Dehors…
Vous aurez compris que celle qui vous chatouille la rétine n’est ni l’une ni l’autre… même si elles ont probablement inspiré son proprio. Ce coupé de 68 s’est retrouvé entièrement déshabillé. La monocoque a été refaite et renforcée avant de recevoir des panneaux de carrosserie réalisés chez Coachwerks Restoration de Victoria, en Colombie-Britannique. Les ailes ont gagné en muscle et se rejoignent via des bas de caisse plus larges de type Le Mans signés RS Panels SVV Ltd. L’ensemble se pare d’un superbe Opalescent Blue. Les phares sont sous bulles et les pare-chocs ont pris leur retraite. La fermeture du capot avant est renforcée par ses sangles en cuir. Les rétros ont migré sur les portes et le bouchon de réservoir en alu est de type Monza.
Dedans…
Dans l’habitacle le traitement est identique, parfait équilibre entre luxe et racing. Les baquets GTS Classics sont tendus de cuir bleu et noir avec harnais Crow fixés au demi arceau arrière. Coupe circuit, extincteur, volant trois branches Moto-Lita avec bande centrale jaune, jauges et compteurs Smiths, dont le tachy s’affiche en bleu avec zone rouge à la verticale. Si ce n’est que la direction est à assistance électrique, qu’une clim Retro Air se pilote via des commandes cachées sous le tableau de bord et que l’autoradio vintage est en fait une centrale multimédia Bluetooth à commande vocale de chez RetroSound. Rassurez les assureurs, une alarme veille au grain !
Dessous…
Ne vous inquiétez pas, le ramage est au niveau du plumage. Derrière les jantes en 15″ à fixation centrale – des Realm Engineering qui reprennent le style Dunlop – on retrouve un train avant à double triangulation et un essieu arrière multibras. La suspension réglable est confiée à GAZ et les barres antiroulis qui ont pris du diamètre sont elles aussi réglables. Quant au freinage, il est passé à disques avec étriers 4 pistons à l’avant.
6 en ligne 4.2 l
Sous le capot, le 6 en ligne vient d’une XJ6 de 82. Ce 4.2 l a été entièrement refait et modifié chez Lippencotts Garage (situé à Sinking Spring en Pennsylvanie). La culasse a reçu des soupapes plus grosses, des ressorts plus rigides et des arbres à cames ISKY Racing Cams. L’ensemble mobile comprend des pistons hautes compression Venolia, des segments Hastings, des bielles forgées et tout a été équilibré. L’allumage MSD associé à des bobines PerTronix Flame Thrower alimentent des bougies à tête froide. Un gros radia alu Howe avec deux ventilateurs CoolCat se charge des coups de chaud. Pour gaver les 6 gamelles, on retrouve un trio de carbus double corps Weber avec cônes et filtres en mousse. Les collecteurs et la ligne 100% inox viennent du catalogue Classic Fabs.
Le Mans Tribute
Un peu plus de 300 ch filent aux roues arrière via un volant moteur allégé, un embrayage renforcé et une boite 4 manuelle associée à un DGL. Inutile de préciser que la belle anglaise assume à fond son côté outlaw, même si cette Jaguar Type E se revendique comme Le Mans Tribute. En tout cas, Outlaw, Le Mans Tribute, replica… ça ne l’a pas empêché de trouver preneur à 170000 $ !
© 911r via BaT
Magnifique!!!
Le sans faute !!!