L’histoire de la Qvale Mangusta c’est surtout celle d’un sacré merdier qui s’est soldé avec seulement 284 voitures produites. Eh bien malgré sa rareté, il a bien fallu qu’une Qvale Mangusta se retrouve dans le garage d’un sorcier nommé Saleen afin d’être « superchargée » histoire d’aller tirer quelques watts en plus du V8 Ford. Sont fous ces ricains !
De Tomaso Biguà
A la base elle s’appelait De Tomaso Biguà. Mais quand Alejandro De Tomaso la dévoile au salon de Genève 96, sa petite entreprise connait la crise. La Guara ne s’est pas vendue. Et le développement de la nouvelle venue a fini par vider les caisses. Il lui faut trouver un partenaire financier s’il veut que sa Biguà puisse dépasser le stade du concept car. Et c’est de l’autre côté de l’Atlantique qu’il va trouver les fonds en s’associant à Bruce Qvale, dont le seul talent est d’être né après son père, Kjell Qvale, un homme d’affaire norvégien installé à San Francisco où il va devenir l’importateur officiel pour la côte ouest de MG, Morris, Jaguar et Rolls puis de passer à VW, Porsche, Maserati, Lamborghini et De Tomaso avant de devenir propriétaire de la marque Jensen.
La Mangusta is back !
Bruce va profiter des finances de papa et prendre la direction de Modène en compagnie d’Alejandro. Mais les choses vont vite partir en live ! Bruce veut prendre le commandement. Alejandro ne compte pas le laisser faire… c’est sa marque, son nom. Bruce veut rebaptiser la Biguà pour l’appeler Mangusta en référence au coupé sportif des 60’s, mais une fois de plus Alejandro s’y oppose. Mais les Qvale ne comptent pas en rester là. En 97 ils créent Qvale Modena SpA, envoient leurs avocats, déploient les contrats et finissent par prendre le contrôle de la marque deux ans plus tard juste avant de présenter en janvier 2000 au salon de Los Angeles leur nouvelle De Tomaso Mangusta. Bien qu’Alejandro ne fasse plus partie de l’aventure, il se rappelle à leur bon souvenir en interdisant les Qvale d’utiliser son nom… Si quelques modèles ont déjà été assemblés avec le nom De Tomaso (les plus recherchés par les collectionneurs), la suite de la production se nommera Qvale Mangusta. En 2002, la Mangusta s’est transformée en véritable échec et Qvale n’y survivra pas. La marque disparait… tout comme Jensen quelques années avant elle.
100% d’origine… oui, on peut le faire !
Il n’empêche que 284 Qvale Mangusta ont été assemblées et parmi elles, cet exemplaire de 2001 tout de Corallo Red Pearlescent vêtu et qui vous taquine la rétine depuis le début de cet article. Cherchez pas, tout est d’origine. Le freinage Brembo, les Antera de 18″ et même le toit rigide Rototop qui permettait de choisir entre trois configs, cab, coupé ou targa. Elle était vendue avec tout l’attirail ! C’est pareil pour l’habitacle tendu de cuir tabac, avec sièges baquets élec et sono à écran tactile. Ca faisait pas semblant.
Option Saleen… désolé !
La seule modif, elle est planquée sous l’capot. Ne m’demandez pas pourquoi mais cette Mangusta a fini par se retrouver chez Saleen où elle a servi de cobaye afin de développer le compresseur qui allait se charger de shooter son V8 4.6 l d’origine Ford. Ainsi armé, le roadster passait la barre des 400 ch car aucune puissance officielle n’a été annoncée si ce n’est que la Saleen S281 présentée quelques années plus tard et dérivée de la Mustang GT équipée du même bloc développait officiellement 465 ch. Chacun en ira de sa propre conclusion.
Fallait oser quand même
Il n’empêche qu’il fallait quand même en avoir pour utiliser une Qvale Mangusta pour en faire un proto d’essai. En même temps, vu la difficulté pour écouler les stocks, la côte a dû se fracasser si rapidement qu’elle s’est transformée en banque d’organes… en tout chez Saleen, on l’a fait !
© Chris_F via BaT