Dans les années 50, le custom allait voir le jour. S’acheter une berline ou un coupé premium et pousser le vice en le faisant personnaliser afin de le rendre exclusif mais surtout, unique. A ce jeu là, certains n’auront quasiment aucune limite pour en avoir plus que les autres. Ce sera le cas de Masato « Bob » Hirohata qui fera de son coupé Mercury Eight le custom le plus ‘influent » de l’histoire, le Hirohata Merc’…

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Personnaliser pour s’afficher

Dans les années 20 et 30, la bourgeoisie fortunée pouvait s’offrir un châssis motorisé qu’elle confiait ensuite à un spécialiste renommé qui se chargeait de réaliser une carrosserie sur mesure. Au sortir de la 2ème guerre mondiale, la formule allait rapidement s’essouffler pour laisser la place à des constructeurs spécialisés qui proposaient des voitures de luxe. Là encore, pour certains, le statut de l’engin ne suffisait pas. Alors afin de les rendre encore plus exclusifs, ils faisaient personnaliser et modifier leurs déplaçoirs. Rouler différent devenait une notion sociale qui ne touchait plus forcément que l’élite.

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Personnaliser pour se différencier

Voilà, n’en déplaise aux réfractaires, aux amoureux de jante tôle, aux adeptes de l’origine et aux ayatollahs de la rouille, mais depuis que l’automobile existe, l’élite n’a jamais voulu rouler comme la populasse. C’est pour cela que les marques premium sont les rois des options voire même du programme de personnalisation sur mesure. Mais à ce jeu là, la populasse s’est mise à créer ses propres codes. Partir d’une épave, d’une caisse banale ou populaire afin de la modifier et tenter ainsi, avec plus ou moins de talent, de la rendre unique. Car finalement, si personnaliser c’est se différencier, personnaliser c’est aussi s’affirmer. De quoi donner naissance au hot rod, au custom, au tuning, au lowrider

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Barris Kustoms

C’est de là qu’est parti le projet de Masato « Bob » Hirohata, un jeune homme d’affaire californien qui, après s’être offert un coupé Mercury Eight en 51, décide de lui offrir une cure esthétique afin de la rendre encore plus exclusive. Alors oui, on est loin de la berline populaire shootée au low rider… ici, c’est du premium. En effet, au sein de la planète Ford, Mercury se situait au dessus de l’ovale bleu, juste en dessous de Lincoln qui faisait office de haut de gamme. A cette époque, les Speed Shop spécialisés dans le hot rod et le custom ne manquaient pas. Parmi eux, un atelier basé à Los Angeles, le Barris Kustoms, ouvert par les frangins Barris, George et Sam, s’était fait un nom et une sacrée réputation.

Hirohata Merc’

Le coupé Merc’ Eight de 51, ils vont le faire entrer dans la légende… à tel point qu’il est aujourd’hui considéré comme l’un des 10 customs qui ont marqué l’histoire de la discipline. Pour ce faire, il va se retrouver top choppé de 4″ à l’avant et 7″ à l’arrière obligeant de revoir le cadre des vitres et le montant central. Le profil va être retravaillé des phares avant aux feux arrière empruntés à une Lincoln 52. Les ailes sont plus galbées et à l’arrière, une prise d’air fonctionnelle réalisée à partir d’ailes de Buick 52 ornées de 3 dents de Chevrolet. Les lignes sont lissées avec la disparition des poignées et des différents logos. La face avant est revue avec une calandre réalisée sur mesure à partir de 3 calandres Ford. La caisse est droppée et les jantes adoptent des enjoliveurs Sombrero d’origine Cadillac alors que les pneus la jouent classes en flancs blancs. Enfin pour la robe turquoise et noire, le peintre de Barris Kustoms – Junior Conway – y est allé d’une trentaine de couches entre la peinture et le vernis !

De quoi la rendre totalement différente de tout c’qu’on peut croiser dans les rues de L.A. Dans l’habitacle, l’ambiance est au vert et blanc du sol au plafond. Moquette et vinyle, lisse ou matelassé, la finition n’a rien à envier aux références de l’époque. Même les commodos reçoivent leur lot de couleur. L’autoradio est celui de du jour de la sortie d’usine. Quelques Pinstripping se chargent de la déco du tableau de bord.

A travers le temps

En 55, le V8 Flathead d’origine a laissé sa place à un V8 Cadillac et le turquoise a été remplacé par du doré. A la fin des 50’s la mode du custom va s’essouffler et Bob Hirohata va se séparer de sa Hirohata Merc. En 59, elle rejoint le garage de Jim McNiel, un fan, passionné et totalement fou de la voiture. Il convainc Bon de la lui céder pour 500 $. Il va en faire son daily mais le temps et ses impératifs familiaux vont finir par l’obliger à remiser le coupé Merc au fond de son garage.

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Un come back à 2 millions !

Des années plus tard, aidé par Pat Ganahl – le redac’ chef de Rod & Custom- l’historien Greg Sharp et Junior Conway himself, Jim réussit à rassembler le budget afin de redonner vie au Hirohata Merc qui va pouvoir reprendre la route en 2016 dans le but d’être exposé dans les différents rassos et salons mondiaux. Mais deux ans plus tard Jim McNiel décède et sa famille décide de revendre sa voiture. Elle rejoint le garage d’un collectionneur privé avant de la ressortir lors d’une vente Mecum en 2022 où elle changera de main pour presque 2 millions de dollars ! Le prix de la légende…

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© Mecum