Le vilain petit canard de Maranello, c’est elle. Ferrari sera si peu sûre de sa réussite qu’il la badgera Dino à sa naissance avant de la reconnaitre officiellement trois ans après sa sortie. Pourtant, la Ferrari 308 GT4 n’allait pas usurper le cheval cabré qui ornait ses flancs… au contraire, c’est surement celle qui allait oser le plus bouleverser les codes ! Et encore plus pour celle qui arrive…
C’est en 73 que Ferrari dévoile sa nouvelle Dino 308 GT4… Oui, Dino. Car les changement sont si nombreux qu’Enzo préfère ne pas prendre de risque, mais surtout, refuse que l’échec de cette nouvelle caisse ruine l’image qu’il s’obstine à perfectionner depuis 1947. En même temps, le Commandatore a ses habitudes que la nouvelle venue prend un malin plaisir à bouleverser. Pour commencer son dessin est le 1er à être signé Bertone (Tracé par Marcello Gandini) au lieu de Pininfarina. Ensuite, elle est la première de la Scuderia à voir son V8 passer en position centrale arrière. Avant elle, la 250 LM et son V12 Colombo, avait été exclusivement réservée à la piste pendant que les Dino 206 et 246 devaient se contenter d’un V6. Et pour finir, outre le moteur au milieu du châssis, elle devait assumer son rôle de coupé 2+2 ! Bref, vous comprenez qu’avec tous ces changements, Enzo n’a pas voulu trop se mouiller…
Ce sera donc sous la marque Dino qu’elle va voir le jour. Mais, la belle est bien née. Même si son dessin va engendrer un mauvaise polémique, certains lui reprochant de trop ressembler aux dernière créations de Bertone, notamment la Stratos et la Lamborghini Urraco. Il n’empêche qu’une fois le volant en main, la 308 GT4 fait vite oublier ces reproches, aussi futiles qu’inutiles.
Le V8 3.0 l double arbres nourri par 4 carbus double corps Weber 40 offre 255 canassons bien réveillés et énervés. D’autant plus qu’avec 1150 kg sur la balance, ils n’ont pas beaucoup à forcer. Enfin, son architecture encore originale pour la marque, lui offre un équilibre et une efficacité bluffante… ajoutez un châssis bien maintenu, et c’est la copie parfaite qui offre un compromis qui en fait l’une des références de l’époque. En mai 76, Enzo reconnait enfin la 308 GT4 comme l’une de ses filles légitimes et la fait enfin orner du cheval cabré.
Il n’empêche que Ferrari assemblera 2826 voitures en 7 ans de carrière… une prouesse pour une « mal aimée ». Qui a finalement pris sa revanche, puisqu’enfin, elle aujourd’hui reconnue à sa juste valeur… mais surtout, considéré comme l’une des plus agréables à conduire.
Quoiqu’il en soit, celle qui se pavane devant vous nous vient des USA. Là bas, les normes li faisait perdre une poignée de chevaux pour n’en afficher plus que 230. Il faut croire que ça n’a pas suffit à son proprio qui a décidé, alors qu’il allait lui offrir un restauration en bonne et due forme, de revoir deux – trois bricoles.
Au niveau du châssis pour commencer avec des suspensions réglables et un freinage Brembo. Les jantes en trois parties sont maintenant en 16′ et chaussées en Continental de 205/55 et 225/50. Mais le principal se trouve derrière l’habitacle… Rien de bien méchant, mais le V8 3.0l a laissé sa place à son homologue qu’on retrouvait sur les 328 et Mondial 3.2 QV. Le 3.2l avec sa culasse Quatrovalvole envoie maintenant 270 ch aux roues arrière. En y étant, il a reçu un allumage électronique et une ligne complète libérée… quitte à avoir un V8 32 soupapes italien, autant le laisser chanter acapella !
Pour finir le tableau, l’habitacle a reçu une p’tite remise en forme avec les compteurs qui vont bien pour coller au nouveau gazier qui sommeille maintenant derrière le pilote.
Voilà, j’vous l’ai dit… quelques bricoles. En tout cas, niveau gueule, entre sa robe noire, ses jantes en 16′ et son gentil droppage, cette 308 GT4 en impose ! Elle n’a peut être pas les perfs, ni l’efficacité chirurgicale d’une moderne, mais elle au moins, elle a la classe. Et ça, ça change tout !
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