Falcon F7 – Jusqu’à 1100 ch pour le missile américain…
par Thierry Houzé | 20 mai 2021 | Street |
Je suis toujours scotché en voyant le nombre de supercars qui sont nées de l’idée d’un ou plusieurs gars, en débarquant sans que personne n’en ait entendu parler, produites à une poignée d’exemplaires, avant de disparaitre comme si elles n’avaient jamais existé. La Falcon F7 fait partie du lot.
Quand la Falcon F7 débarque en 2010 au North American International Auto Show, personne n’en avait jamais entendu parler. A l’époque, ce n’était encore qu’un prototype. Elle s’appelait encore Mach7 Motorsports Falcon et allait surprendre son monde en étant étonnamment bien née et extrêmement aboutie.
Fruit de l’imagination de Jeff Lemke – un designer et ingénieur américain – la Falcon est un mélange d’inspirations diverses, principalement la Ferrari 288 GTO, mais on y retrouve aussi des airs de Corvette, de Viper ou encore de Ford GT. Enfin, c’est ce qu’affirme Jeff à qui veut l’entendre. Et comme c’est lui qui l’a dessinée, on ne va pas le contredire ! En tout cas, contrairement à certaines créations loufoques qu’on pouvait croiser à l’époque, la Falcon 7 affiche des proportions équilibrées, pour un style viril et plutôt réussi.
Malgré ses origines artisanales, elle est aussi très bien pensée. Le châssis est en alu, carbone et kevlar, avant d’être équipé de trains roulants à double triangulation maintenus par des suspensions KW identiques à celles de la Viper ACR. Y’a pire comme référence. Le freinage Stoptech compte sur des disques rainurés mordus par des étriers 6 pistons. Il ne cherche pas à se cacher derrière les jantes forgées spécifiques de chez Forgeline en 10 et 13 x 20″ chaussées en Michelin Pilot Super Sport. En fait, cette structure monocoque a été conçue en partenariat avec Lingenfelter Performance Engineering, un société basée à Brighton dans le Michigan et spécialisée dans le développement de châssis de dragster. C’est aussi à eux qu’on doit de nombreux châssis de modèles sportifs de chez GM.
En position centrale arrière, on retrouve un gros V8 LS7, celui de la Corvette Z06. Sauf que là il a été entièrement revu, libéré et passé en carter sec. Admission XXL et échappement full inox, le gazier oublie alors ses 512 ch pour en afficher maintenant 620 ch envoyés aux roues arrière via une boite 6 manuelle avec embrayage bi-disque. Et encore, ça c’est dans la version la plus soft puisque pour les clients les plus énervés – et riches – il était possible de cocher l’option biturbo et de voir alors le gazier grimper à 1100 ch. De quoi mettre à mal les gommes du Bibendum.
L’habitacle n’avait rien à envier aux productions européennes, ni par sa qualité, ni par sa finition. On voit que la voiture a été réalisée à la main et que l’équipe y a apporté la plus grande attention. Une fois encore l’alu et le carbone y côtoient le cuir des baquets. C’est bien fini, clean et de bon gout… suffisamment rare dans une supercar américaine pour le signaler.
La caisse elle aussi mise sur le carbone et le kevlar. Légèreté et rigidité sont de mise, sachant que l’ensemble n’affiche pas plus de 1270 kg. Le rapport poids / puissance est impressionnant, même dans la version 620 ch. Les perfs sont donc missilesques avec un 0 à 100 annoncé en moins de 4 secondes (moins de 3 pour la biturbo). Pour le reste, on n’en saura pas plus. Seules sept Falcon F7 (un nom prémonitoire finalement) sont sorties de l’atelier de Lemke avant que l’histoire n’en reste là. Comme souvent, site à la désillusion des ventes (Lemke misait sur 15 voitures par an), en proie à des difficultés financières, la production est stoppée sans même que quiconque s’en rende compte.
Les quelques journalistes ricains qui ont eu l’occasion de l’essayer en sont sortis comblés, découvrant une voiture équilibrée, efficace et qui apparemment encaissait bien la charge du V8, du moins en version 620 ch. Pour la 1100 ch, on a aucun témoignage… ou survivant !
Good!!!