Avec la Fiat 131, Fiat va mettre le paquet pour combler ses ambitions, allant même jusqu’à lui offrir une nouvelle usine rien que pour elle, inaugurée à coup de pasta à volonté et concert d’Umberto Tozzi qui s’époumonait sur son « Ti amo » ! Il n’empêche qu’avec tout ce show, y’avait pas à tortiller, fallait en vendre des Fiat 131… alors pour lui coller un bon coup de pub, on allait miser sur Abarth et le rallye…
Depuis 1973, c’est la crise ! En quelques semaines, le cout du baril triple, et le marché de l’automobile se retrouve dans une sacrée substance nauséabonde (ils ont changé chez DLEDMV ! Oui, avant ils auraient dit merde…), et rapidement, la tendance n’est plus vraiment aux moteurs sportifs qui gonflaient leurs cylindrées pour devenir avides de carburant ! L’impact allait être général, impactant même le prix des matières premières et des transports. Chez Fiat, pour essayer de limiter la casse, la famille Agnelli va tenter d’abuser de ses salariés en tirant sur la main d’oeuvre… forcément, une telle pratique allait aboutir à une grève générale de 40 jours pendant lesquels les usines du constructeur italiens furent totalement bloquées.
C’est dans cette formidable période de fête et d’amour que va se faire le développement et la naissance de la Fiat 131… d’autant plus qu’elle devait remplacer la 124, véritable Best Seller pour la marque (vendue également sous licence AvtoVAZ). Ainsi, c’est au printemps 1974 que Fiat présente sa toute nouvelle berline 131 au salon de Turin… en plein bordel.
Du coup, la Fiat 131 va essayer de se la jouer bonne figure en sacrifiant toute notion de plaisir. Contrairement à son ainée, elle n’aura pas le droit à sa version Spider ni au coupé à carrosserie spécifique. Non, le coupé se contentera d’être un berline deux portes. Par contre, pour rassurer les clients, la nouvelle berline affichera fièrement son slogan « La Fiat 131, conçue pour que vous la gardiez 10 ans »… certains oseront rajouter « ou jusqu’à ce qu’il pleuve ! ».
Pendant c’temps là chez Abarth, on cherche une remplaçante pour la 124 Spider Rallye. Mettant la priorité sur la X1/9, l’état major de Fiat va plutôt s’orienter vers une voiture plus populaire et offrant un potentiel de ventes plus important. Vous l’avez déjà deviné, c’est la 131 qui va finalement passer entre les main du préparateur maison et se retrouver affublée du logo au Scorpion. Et malgré la promesse de chasteté, la sage berline va recevoir le feu vert pour passer entre les mains de Bertone et d’Abarth afin de devenir un monstre de rallye.
mais avant d’en arriver là, il faut homologuer la bestiole en Gr.4 (l’ancêtre du Gr.B) et pour cela, il faut assembler 400 Stradale. La production va durer d’octobre 75 jusqu’à mars 76. Un mois plus tard, la Fiat 131 Gr.4 décroche son ticket d’entrée au championnat du monde des rallyes.
C’est Bertone qui va se charger du style. Sur la base du coupé qu’ils vont habiller d’un kit en polyester au look plus qu’agressif. Les pare-chocs sont virés. Une lèvre vient compléter l’avant maintenant largement aéré, tout comme le capot. Elle se prolonge sur les côtés pour ne former qu’un avec les extensions d’ailes avant. Un prise d’air prend place devant les ailes arrière qui elles aussi ont pris du muscle. A l’arrière, le coffre est en fibre et équipé d’un aileron. Un deuxième appendice aéro vient se poser au sommet de la lunette arrière. En y étant, on en a profité pour passer les portières et le toit à l’aluminium dans le but de lui faire perdre 65 kg.
Dans l’habitacle, on change de répertoire. Si l’extérieur se la joue méchant, l’intérieur mise plutôt sur une ambiance classe. Tout est noir et sobre, même si les baquets en simili / velours et le volant trois branches peinent à camoufler le caractère de l’engin…
Sous le capot, Abarth n’a pas conservé les bloc proposés sur la 131. A la place, ils ont préféré le 4 cylindres 2.0 l double arbres Lampredi de la Lancia Montecarlo. L’ingénieur va le revoir, y greffer des culasses 16 soupapes (8 pour la Lancia) et un carbu double corps Weber 34. A l’arrivée, le gazier gagne 20 ch pour passer de 120 à 140 ch. Accompagnée d’une boite courte et affichant seulement 980 kg, l’italienne est capable d’atteindre les 100 km/h en 8,2, avant de franchir la borne kilométrique en 28,7.
Tout ça c’est bien, mais si c’est pour se vautrer au premier virage venu… et on est pas loin de la vérité. D’origine, la 131 n’a qu’un seul atout… sa propulsion. Pour le reste, c’est pont rigide ! Abarth va tout revoir en y adaptant les solutions appliquées sur la 124 Rallye. Du coup, on vire le pont pour y mettre une suspension à roues indépendantes, et les quatre roues passent en double triangulation avec combinés ressort / amorto et barre anti-roulis réglable à l’arrière ainsi qu’à l’avant où elle est plus grosse et montée sur rotule. Pour finir le tableau, le freinage se contente de quatre disques en 227 mm, ventilés à l’avant et planqués derrière des Cromodora en 14″ chaussées en Pirelli en 185/60.
A l’arrivée, la Fiat 131 Abarth est digne du Scorpion qu’elle arbore discrètement. La gueule est impressionnante et le caractère aussi chaud que ce qu’on attend d’une italienne. Ca pousse, ça tient et si on commence à chercher cette propulsion (la dernière de Fiat), elle se déhanche comme une fan de twerk ! C’est viril… du moins comme on le faisait à l’époque. Sans filtre… faite pour rouler vite, mais demandant des notions de pilotage pour aller y chercher le potentiel…
En 75, elle entame sa carrière sportive dans le championnat italien avant de débarquer au mondial de rallye pour la saison 76. Dès la saison 77, Fiat décroche le titre constructeur. L’année suivante, c’est le doublé, constructeur et pilote pour Markku Alèn avant que Walter Röhrl passe la deuxième couche en 80.
Il faudra attendre 1978 pour que Fiat puisse écouler les 400 exemplaires de sa 131 Abarth. C’est à ce moment là que la marque de Turin décide de faire évoluer sa berline en présentant la Série 2, légèrement retouchée esthétiquement et mécaniquement. Afin de prolonger l’engagement en rallye, la 131 Racing va venir décrocher l’homologation en Gr.1. Bien que moins énervée que l’Abarth avec son 2.0 l de 115 ch, elle prend sa place et devient la sportive de la famille. En 81, après avoir pris sa retraite sportive, la Fiat 131 connait une dernière version sportive pour les deux dernières années de carrière qu’il lui reste… la 131 2000 Volumetrico Abarth. Il s’agit en fait d’une Racing équipée d’un compresseur Roots. Ainsi armée, elle sort 140 ch et 220 Nm. Mais ceci est une autre histoire…