Les constructeurs ont toujours eu dans leurs gammes une voiture simple, banale. Un déplaçoir lambda, sans aucune prétention, un peu dans l’esprit d’un produit d’appel qui, finalement, deviendra populaire voir même parfois fun. C’est un peu ce qui est arrivé à la Nissan Pao… sauf que là, c’était volontaire !
Au début des 80’s, les voitures japonaises révolutionnent tous les marchés où elles posent les roues. Leur fiabilité et la richesse de leur équipement rattrapent largement un look qui s’avère, sur la plupart d’entre elles, aussi séduisant et excitant qu’une boite de conserve !
Chez Nissan on en a conscience… les voitures se vendent, mais apporter un peu plus de fun aux lignes, ça ne devrait pas faire de mal. Quoique, le marché japonais est très traditionaliste… mais aussi un peu chtarbé. Une proposition au style décalé ce serait un peu comme un coup de pile ou face. Ca passe ou ça casse. Il n’empêche que chez Nissan, on a bien envie de tenter le drop.
En 84, le constructeur ouvre donc un centre de design spécifique, la Pike Factory, avec à sa tête, Naoki Sakaï, un « artiste » qui s’était fait un nom et un paquet de dollars en vendant, dans les années 60, des t-shirts ornés de dessin inspirés des tatouages japonais. Pour l’accompagner, Sakaï a le feu vert pour recruter des talents aussi barrés que lui.
L’année suivante, Nissan dévoile au salon de Tokyo le tout premier concept de cette équipe pas comme les autres, la B1, qui deviendra Be-1 en 87, une citadine à la bouille néo-rétro craquante. L’accueil est enthousiaste et afin de garder les clients en haleine, Nissan prévoit de n’en produire que 10.000. Le pari est gagné et la marque est prête à passer la 2ème couche. Alors que la Be-1 se vend comme des sushis, en octobre 87, Nissan présente une nouvelle fois au salon de Tokyo, les deux futures « Pike Cars », la S-Cargo et la Pao. Si la première est un utilitaire, la deuxième reprend le concept de la Be-1 en poussant encore plus loin l’esprit néo-rétro.
Pour la Pao, l’équipe de la Pike Factory est allée chercher l’inspiration dans les populaires européennes. Le look général fait référence à la 4L. L’ouverture des vitres arrière sont reprises à la 2CV. La carrosserie fait penser à de la tôle ondulée, comme pour le Type H. Les charnières de portes extérieures apparentes imitent celles de la Mini. Le hayon est en deux parties, comme sur l’Austin A40 Countryman. Dans l’habitacle, le tableau de bord minimaliste se contente des commandes de la ventilation et d’un gros compteur rond qui réunit toutes les infos nécessaire… comme sur la Fiat 500. Le toit ouvrant se contente d’une toile qui s’ouvre sur toute sa longueur… une fois encore comme la 2CV. bref ! La Pao est aussi mignonne que simple et pratique. L’engin à vivre peinard, sans se prendre la tête. De toute façon, avec son petit 4 pattes de 1.0 l pour 52 ch, et même si elle ne pèse que 760 kg, avec son 0 à 100 en 18,5 secondes, il n’y a rien de violent à attendre. Juste du fun.
Même pour vendre sa voiture Nissan va mettre en place une méthode pour le moins originale. A partir de janvier 89, les clients auront seulement trois mois pour passer commande, pas un jour de plus. A terme, Nissan va mettre en production 51.657 Pao.
C’est l’une d’elle qui s’est retrouvée passée en mode pompelup. Oui, alors que certains en ont fait un objet de collection, d’autres n’hésitent pas à les rendre encore plus radicales. A la base la voiture était Aqua Grey (il n’y avait que quatre couleurs proposées) mais ceci est de l’histoire ancienne puisqu’elle s’affiche aujourd’hui toute de noir vêtue. En y étant, les pare-chocs ont été enlevés, la calandre passée au noir, les phares modernisés et des jantes AW en 13″. Des coilovers font rouler la Pao plus bas et un silencieux libéré rend le 4 cylindres plus bruyant. Enfin dans l’habitacle, les panneaux de portes sont passés eux aussi au noir et une sono vient décrasser les tympans du « pilote » !
Avant de vous quitter, sachez qu’il y aura une toute dernière Pike Car. Après le succès de la Pao, Nissan donne son feu vert pour produire la Figaro, un minuscule cabriolet 2+2 aussi mignon que désirable… mais bon, vous l’avez déjà compris… ceci est une autre histoire !
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