Eccentrica Diablo – L’excentrique passé devenu perfection moderne…
par Thierry Houzé | 8 juillet 2023 | Street |
J’avoue, j’étais pas prêt ! Un restomod sur une Mustang, une Porsche 911 ou une Alfa GTV, autant dire qu’on est rodé. Mais sur une Lamborghini Diablo… d’autant plus que le monstre, d’origine bestial, s’est transformé en porno mécanique et esthétique qu’on appelle désormais Eccentrica Diablo.Tout un poème…
Il faut croire que le jour où Ferruccio Lamborghini s’est fait traiter de pecnot par un Enzo Ferrari en très grande forme, il a alors décidé de signer un pacte avec le Diable. En tout cas, depuis ce jour là, il s’est efforcé de mettre ses propres voitures sur la route en face de celles du Commendatore avec l’ambition d’en faire plus ou du moins, un peu différent et plus violent !
La recette à Sant’Agata Bolognese est grosso modo la même qu’à Maranello, on mise sur un V12. Mais pendant qu’Enzo ne voyait ses voitures que par la course auto, Ferruccio voulait juste leur mettre la fessée sur la route. Et après les 350 et 400 GT, Lamborghini allait transformer l’essai avec la Miura et son V12 central arrière transversal. Belle et performante, elle affiche également un caractère bestial qui va finalement devenir l’ADN de Lamborghini.
Et cet ADN, s’il en est une qui l’a poussé à son paroxysme, c’est bien la Diablo, aussi bien par ses lignes que par son aspect technique et mécanique, tout juste civilisé. Alors oui, la Murcielago et l’Aventador ont fait mieux, plus puissantes, plus performantes, plus rapides, plus méchantes que la Diablo, mais elles n’ont fait qu’exploiter, moderniser et développer ce qu’était la Diablo. Avec l’arrivée de la transmission intégrale et de la boite robotisée, elles ont fini par rendre la copie civilisée, du moins exploitable au quotidien. Ce qui est loin d’être le cas d’une Diablo, à moins d’aimer vivre dangereusement. Avec elle c’était propu, boite manu, avec pour seule assistance le talent du pilote.
Bref, tout ça pour dire que la Diablo, elle porte bien son nom, en digne représentante de l’enfer sur terre. ‘Savez, ce genre de voiture qui créée une fracture temporelle dans l’histoire d’une marque. Il y a eu la F40, la R5 Turbo, la 205 T16, la XJ220, la 911 Turbo et chez Lambo, il y aura la Diablo.
Eh bien c’est une sorte d’hommage que lui a rendu l’équipe d’Eccentrica Cars associée pour l’occasion au studio de design BorromeodeSilva. Le projet à vu le jour dans la tête d’Emanuel Colombini, dirigeant d’une des plus grosses entreprises italiennes spécialisées dans la création de meubles, collectionneur de Lamborghini et accessoirement pilote dans le Lamborghini Super Trofeo. Amoureux de la Diablo, la mode du restomod allait lui donner des idées. Pour cela, il va demander au studio de design milanais BorromeodeSilva d’étudier une refonte de la supercar des 90’s, en s’inspirant de la plus méchante de toutes, la GTR. L’étude lui plait et la passion va être plus forte que la raison. Il pète son PEL et lance le projet Eccentrica Diablo en s’associant aux meilleures spécialistes, Pirelli, Brembo, Capristo, Marantz…
La voiture a été reconstruite. Le châssis tubulaire est revu, renforcé et rigidifié. La suspension et le freinage n’ont rien à envier à une hypercar actuelle. La carrosserie reprise d’une voiture donneuse a juste servi de moule pour y façonner les éléments en carbone. Seul le pare-brise a été conservé. Au niveau du look, c’est une pure tuerie. Les lignes sont là, juste affutées, modernisées, optimisées sans pour autant dénaturer le dessin originel de Gandini. C’est la même mais en mieux ! A noter les phares pop-up qui se dévoilent derrière deux plaques en fibre qui basculent à l’horizontal (non, les pop-up ne sont pas morts !). Tout le travail a consisté à revoir le style dans les détails et à la fin, ça fracasse la rétine. La Diablo n’a jamais semblé si actuelle, au point de ringardiser une Lambo moderne. La robe grise satinée y est pour beaucoup.
Les proportions n’ont pas changé pourtant, les voies ont été élargies et les porte à faux raccourcis. Les jupes latérales reçoivent une aération, le capot moteur arrière est une prouesse de modernité. Les jantes racing noires s’affichent en 19″ accompagnées de Pirelli Trofeo Race. L’arrière est aussi sobre qu’impressionnant, agrémenté de deux feux ronds en LED. Le déflecteur arrière peine à cacher la double sortie centrale en titane. Le V12 de 5.7 l a été refait, il accueille de nouvelles culasses et est gavé en air frais par les deux écopes en carbone qui fournissent l’admission. Il revendique 550 ch à 7000 trs ainsi que 600 Nm à 6500 trs.
Dans le cockpit, le traitement est tout aussi superbe, misant là encore sur le luxe de la sobriété. Alcantara à tous les étages, baquets, cuir, alu poli, interrupteurs et combinés digitaux. Rien d’ostentatoire, mais une fois de plus les détails, la finition et le rendu sont hallucinants.
La voiture est toujours en cours de développement et les modifs du moteur attendent d’être validées histoire de ne pas jouer avec la fiabilité. La cure de carbone et de titane (beaucoup de pièces sont issues de l’impression 3D) a fait perdre de précieux kilos à l’Eccentrica Diablo qui revendique avec son rapport poids/puissance de 2,9 kg/ch, le 0 à 100 en 3,5 secondes, 335 km/h en vmax et une tenue latérale à 1,2 G.
Une fois terminée, la voiture sera homologuée et une série de 19 exemplaires proposée à la vente pour un prix qui devrait frôler les 7 chiffres ! Sa première sortie officielle se fera le week end prochain lors du Festival of Speed de Goodwood. Ca laisse le temps de gagner à l’Euromillions…!
Ma-Gn-Fi-QuE, comme dirai Cristina…
J’adore, aucune faute de gout. Une pure merveille
Rhââ Lovely…!