C’est marrant comme une caisse peut devenir subitement intéressante. La Golf Rallye, il y a encore une grosse dizaine d’années, personne n’en voulait. Puis y’a eu l’apparition du bonus Youngtimer qui a fait de cette caisse que presque personne n’aimait – en dehors de quelques fans de tuning – un pur collector à la côte délirante !
Fin 83, la Golf évolue et devient Golf II. Bien entendu, dès 84, la GTi est de la partie. Si ce n’est que depuis 75, la sportive allemande a bien grandie… et grossie puisqu’elle a pris quasiment 100 kg pour flirter avec les 950 kg, même si vu d’aujourd’hui, on relativise rapidement. Quoiqu’il en soit, comparée à son ainée et face à ses rivales toujours plus énervées et excitées, le constat est simple, la Golf semble s’être embourgeoisée !
Dès 86, VW rectifie le tir. La 4 cylindres 1.8 l accueille une culasse 16 soupapes et passe à 139 ch. Si ce n’est que l’histoire ne s’arrête pas là (ce serait con… et court !). Chez VW, on veut prouver que la Golf a conservé son ADN sportif et pour le montrer à tout le monde, la marque de Wolfsburg décide de la faire homologuer en Gr.A. Mais pour obtenir le ticket d’entrée, il faut 5000 exemplaires d’un modèle de série produit sur 12 mois. Chez VW, on va revoir la copie.
Ce sera le rôle de la Golf Rallye. Les ingénieurs vont prendre la bloc de la GTi (laissé en 8 soupapes), réduire sa cylindrée de 1781 à 1763 cm3 (pour des questions de coeff de cylindrée appliqué aux moteurs suralimentés) et lui greffer un compresseur pour en tirer 160 ch et 224 Nm de couple. Sachant qu’en course, il recevait la culasse 16s et pouvait sortir jusqu’à 270 ch. Pour passer tout ce beau monde au sol, on lui avait greffé la transmission Syncro et élargi les voies, offrant à la Rallye un physique plus musclé. Les phares rectangulaires, c’était en prévision d’une éventuelle homologation sur le sol américain, sauf qu’elle n’y mettra jamais les roues… enfin de manière officielle.
Bref, pour les adeptes de sportives, la Rallye offre une fiche technique séduisante… voilà ! Parce que volant en main, c’est autre chose. D’une elle est chère (c’est en partie pour cela qu’elle n’ira jamais aux USA)… mais surtout, elle est lourde. Plus d’1T200, ça commence à faire beaucoup. Les chronos en payent les frais… 0 à 100 en 8,9 avant de passer le 400 m en 16,1 et le kilomètre en 29,7. Une Civic VTi EG6 la ridiculise et pour beaucoup moins cher. D’autant plus que la Golf offre un comportement efficace et sérieux, de quoi amplifier ce sentiment d’être au volant d’une caisse sous motorisée… Quoiqu’il en soit, VW écoulera ses 5000 exemplaires et, comme pour se faire pardonner, mettra au catalogue la Golf G60, simple traction, plus légère, moins chère et finalement plus en adéquation avec les attentes des clients… mais ceci est une autre histoire.
En dehors de quelques aficionados totalement accros (ou peut être visionnaires), la Golf Rallye est rapidement tombée dans l’anonymat. Même les amateurs de tuning lui tournèrent le dos, ce qui n’est foncièrement pas plus mal. M’enfin c’est quand même un signe ! En fait il faudra attendre la frénésie des youngtimers il y a une grosse dizaine d’années pour que la Golf Rallye sorte doucement mais surement de sa léthargie. Qu’on soit d’accord, si on fait abstraction de ses perfs, la Golf Rallye revendique un ADN plus qu’intéressant. Malgré la déception, elle reste une vraie stradale au look viril et séduisant. Puis c’est une Golf G60… les pièces et spécialistes pullulent pour pouvoir la dévergonder.
En tout cas, c’est c’que s’est dit Sören Liebchenin qui cherchait une caisse pour en faire le show car de son shop Blechworx. D’autant plus que la Golf Rallye qu’il allait trouver s’affichait dans un état assez pitoyable. La carrosserie avait morflé, la rouille commençait à la bouffer et la peinture portait les stigmates d’un manque flagrant d’attention. La base idéale… rare, sympa et quitte à la refaire, autant y apporter deux – trois bricoles.
La caisse va donc être refaite à neuf, tout comme le moteur qui se pavane maintenant dans un shaved bay impressionnant. Les ailes ont été légèrement tirées. Suffisamment pour laisser passer les BBS E28 en magnesium qui s’affichent en 18″ et enrobées de Nankang AS-1. L’essuie-glace arrière a été viré, tout comme les différents logos et les buses de lave glace. Les poignées de portes ont été empruntées à une Porsche 944. Une robe rouge Misano plus tard, la Rallye a retrouvé sa splendeur.
Pour rouler plus bas, elle est posée sur des Coilovers H&R Deep custom modifiés par K Custom afin de la dropper de 180 mm. Au niveau moteur, le 4 cylindres a vu débarquer un filtre conique… et c’est tout. Pas de poulie plus petite ou de ligne broap broap ! Dedans, c’est comme dehors…. neuf ! Cuir tissu avec surpiqûres rouges. La seule modif concerne le volant qui avant équipait une Lupo.
Visuellement, on se dit que cette Golf Rallye est « simplement » posée et chaussée en BBS. Pourtant, le taff a été bien plus sérieux que ça et le résultat est juste aussi sobre que beau. Elle est comme au jour de sa sortie d’usine, mais en mieux vu le level de la restauration ! En tout cas ça a faire d’elle l’une de stars du Wörthesee de 2019, sachant qu’entre temps, elle avait changé de main et appartenait à un certain Matthias Schubert.
Aujourd’hui la Golf Rallye a pris sa revanche sur l’histoire. Comptez entre 40 et 50000 € pour un modèle flambant… et ça continue de monter. De quoi en faire le collector de la famille Golf II… enfin juste derrière la G60 Limited.