Demandez à un gamin de vous dessiner une bagnole sur un feuille de papier, il vous tracera le profil de la Fiat 131…! Une simplicité qui s’est avérée payante puisque la berline est devenue une réussite commerciale mais aussi, une fois revue par Abarth, un engin de course démoniaque !
Commençons par le commencement ! Le big bang, la terre… jusqu’au salon de Turin de 1974. C’est dans un contexte économique difficile (1er choc pétrolier) que Fiat présente sa berline milieu de gamme, la 131 sensée remplacer la vieillissante 124. La ligne est basique, avec un charme latin qui finalement, vient de sa simplicité. 3 générations se succèderont, jusqu’en 1983 où elle laissera sa place à la Regata (Celle qui était comme ça !) après plus de 3.100.000 exemplaires écoulés !
Au delà d’une berline usuelle et familiale, celle qui nous intéresse aujourd’hui c’est la version sportive, voyez, on est sur DLEDMV quand même ! Et justement, Fiat y a pensé en confiant la sage berline aux sorciers de chez Abarth. L’objectif est de donner une image sportive à la 131, alors l’état major de Turin décide de l’engager en rallye. En 76, la 131 Abarth Rally fait sa 1ère apparition, ainsi que sa version stradale qui devait sortir à 400 exemplaires minimum pour avoir droit au ticket d’entrée en mondial.
La base est la version 2 portes de la 1ère génération. Elle reçoit tous les artifices nécessaires, kit large, gain de poids avec certains éléments taillés dans l’alu pour passer sous la tonne, châssis revu, voies élargies, train arrière à roues indépendantes (Au lieu d’un essieu rigide sur la berline de base), mais surtout, le 2.0 l 16s gavé aux double corps qui offre 140 ch sur la version routière et 235 ch en tenu de combat grâce à l’arrivée d’une injection mécanique. Ainsi armée, la 131 Abarth va engranger 18 victoires en Gr4 ainsi que 3 titres constructeurs (77, 78, 80) et 2 de pilotes en mondial (Markku Alén en 78 et Walter Röhrl en 80).
© Rallyfan
Déjà votre culture auto vient de s’enrichir gentiment, mais ce n’est pas fini. Car au delà de la version routière (Ainsi qu’en fin de carrière, des rares séries limitées Volumex) Abarth s’est penché sur le cas de 2 protos. Le 1er, le 031 a vu le jour avant la fameuse 131 Abarth Rally alors que 2nd, le 035, est né dans le but de lui fournir une remplaçante.
Avant de parier sur la 131, Fiat avait décidé d’engager son petit X1/9 en rally avant de stopper net le projet ! Mais voilà, Bertone avait déjà lancé la production des exemplaires d’homologation et terminé un proto équipé d’un snorkel pouvant rendre jaloux une F1 ! D’ailleurs ce proto fut engagé au Tour d’Italie 74 et Clay Regazzoni le mena jusqu’à la victoire.
Mais bon, décision fut donc prise que ce serait la 131 qui prendrait la suite de la 124 Abarth et de la mythique Stratos. En 75 (Je rappelle que la 131 Abarth Rally a vu le jour en 76), le proto 031 voit le jour, mu par le V6 de la Fiat 130 qui passait pour l’occasion de 3.2 l à 3.5 l, gavé par 3 Weber. 270 ch et un méchant kit spécifique plus tard signé Bertone, la 131 proto 031 gagnait le tour d’Italie. Elle permettra à Fiat Abarth de se faire la main, de confirmer l’architecture et deviendra en fait le mulet de la 131 Abarth Rally pour son engagement en 76.
En 79, on reprend les mêmes et on recommence, mais à l’envers ce coup ci ! Fiat commence à réfléchir à celle qui remplacera la 131 Abarth Rally et se penche sur le compresseur avec l’aide de Lampredi. De là va naitre un nouveau prototype qui prendra le nom de code 035, dans le but de tester un moteur poussé et boosté au Volumex. C’est encore une fois la 131 transformée en Golgoth qui servira de base. Kit super large et super aéré, 4 cylindres 2.0 l compressé pour sortir 290 ch. La marque envisage même de l’engager au Mans en 80. Mais des performances moyennes auront raison de la 035 qui restera proto et ne connaitra aucune course. En attendant, indirectement, l’Abarth 035 ouvrira la voix pour une future star des rallyes, qui en reprendra l’architecture mécanique, la Lancia 037, mais ceci est une autre histoire !
© Dane Crx Vtec – Photos via signatures éventuelles
Jules Lafond
Un beau gros pan d’histoire de l’auto italienne en rallye !!
Eduardo Showgan