Il y a des rencontres dont on se souvient, d’autres non. Certaines dont on préfère ne pas se rappeler et d’autres qui vous restent gravées. Ma première rencontre avec ma femme je devais être trop bourré pour me remémorer quoi que ce soit, par contre ma première rencontre avec une RX7 c’est comme si c’était hier… Ce récit est une histoire vraie.
Je me souviens d’une époque où mon taff m’emmenait dans le Gers. Pour ceux qui ne le savent pas, le Gers est un coin du Sud-Ouest composé uniquement de vaches, de champs et de vendeurs de foie gras. OKLM comme disent les jeunes qui ne savent pas écrire. Donc sûrement pas le premier endroit qui vient à l’esprit quand on pense RX7. Voilà qu’un jour en me baladant, enfin, se balader, c’est vite dit… je bossais quand même, je passe sur une route perdue entre Segoufielle et L’isle-Jourdain. (Putain c’est détaillé comme histoire ! On s’y croirait !) Et j’y aperçois de loin, au fond d’une impasse, le cul d’une auto qui ne ressemblait pas à quelque chose de courant. Étant assez amateur de culs, quels qu’ils soient, et la curiosité aidant, je m’interpelle : « Hé Ju, si t’allais donc faire un tour au fond de cette allée voir un peu ce que c’est ? »
Sans m’attarder outre mesure sur la santé mentale de l’homme qui se parle à lui-même et n’écoutant que mon courage, je décide de ne pas y aller. D’une, parce que c’est comme une boite de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on peut tomber quand on s’introduit dans un cul de sac dans le Gers, de deux, parce qu’on n’est jamais sûr de pouvoir en sortir. Vu la taille de mon véhicule de l’époque je réfléchissais à deux fois avant de m’engager dans des trucs étroits. Mais l’idée m’a quand même trotté dans la tête une bonne partie de la journée.
Le lendemain, me voilà rendu au même endroit que la veille avec la même furieuse envie de voir ce qu’est ce foutu engin qui me montre son boule, de loin. Mais cette fois-ci, étant assez pressé, je me dis que j’y reviendrais le lendemain, et que cette fois-ci ce serait la bonne bordel ! Manque de pot le lendemain je me suis retrouvé à une centaine de kilomètres de là. Enfin manque de pot, j’aime bien le Gers mais de là à y passer toutes mes journées faut pas non plus pousser mémé !
Ayant complètement zappé cette tranche de vie aussi inintéressante qu’une gifle d’un ex-rappeur désagréable sur un non moins désagréable chroniqueur télé, voici que mes pneus se dirigèrent une nouvelle fois vers ce lieu qui me hantait. Cette fois c’était le jour J, l’heure H, mon lap-dance perso avec cette diva Japonaise qui m’ouvrait les bras sans même avoir à lui glisser de billets dans le string. Je fais le tour de l’auto et apprécie une peinture caméléon comme on aimait à les appeler à l’époque. Mélange de marron, vert, turquoise, violet, etc… Les culs de bouteille qui me servent d’yeux ne savaient plus où donner de la tête jusqu’à ce qu’ils furent attirés par la plaque d’immatriculation qui présageait d’une importation anglaise.
Ma diva était donc anglaise. D’adoption bien sur… Ce qui d’un autre coté n’est pas si absurde que cela vu l’affection particulière de la population retraitée anglaise pour notre bouseux patrimoine. Mais alors, que faisait-elle ici ? Surtout qu’elle n’avait pas bougé d’un gravier depuis mon premier passage. Un si beau coupé, si recherché, préparé aux petits oignons avec une peinture qui claque sa race et un échappement aussi gros que l’ego de Kev Adams ! Quelqu’un l’avait-elle abandonnée ? Était-elle en panne ? Où donc était son propriétaire ?
C’est quelque peu déboussolé par ces questions que je quitte l’endroit qui paraît si irréel. Avec quand même la ferme intention d’y revenir pour éventuellement poser des questions aux voisins entre deux coups de fusil ou deux coups de blanc (les deux sont très répandus par là-bas) pour en savoir un peu plus, des fois qu’il y ait un coup à faire (‘perd pas le nord celui-la !). Oui mais voila, quand je suis revenu la voiture avait disparu. L’ange était passé. Ce qui dans ma tête n’a fait que multiplier les questions que je me posais, mais qui resteront à jamais sans réponse…
Vous aurez compris que je ne parlais pas de l’exemplaire qui illustre cet article superbement shooté par notre Kevin Renard national. De toute façon vous savez déjà tout sur la Mazda RX7 ! Pas la peine de réécrire l’histoire…
©Kevin Renard
Fabien Boetti