Cette caisse, elle est sortie de nulle part… enfin si, d’un contrôle technique ! Mais il a suffit que je la croise, pour devenir infernal, il fallait absolument qu’elle passe sur De l’essence dans mes veines… Attendez, comment voulez vous qu’il en soit autrement avec cette superbe Lancia Fulvia HF Fanalone aussi belle que neuve ?! J’la voulais… elle est là !
L’histoire commence avec quelques cacahuètes lors d’un apéro chez le poto Stéphane de VDR84. Les habitués commencent à le connaitre, puisque Steph’ nous gratifie régulièrement d’engins à tomber… La McLaren MP4 12C, la HF Integrale Verde York, la 360 Modena Spider ou encore le duo Clio V6 – R5 Turbo 2, c’était déjà VDR84. Sa spécialité, les sportives, de toutes époques et de tous types… Vous cherchez ? Il trouve pour vous… toujours dans un état exceptionnel et avec le sourire, le café ou l’apéro ! Elle est pas belle la vie ?!
Bref, je menais Stéphane récupérer une voiture qui venait de passer le contrôle technique. Mais bon, vous savez c’que c’est, on discute, on refait le monde mais surtout, on ne parle pas de ladite voiture ! Jusqu’à ce que je la découvre là, tranquille… ma parole, une Fulvia ! Et pas celle qui se faisait ravager par la rouille au fond du jardin… Non, une 1.6 HF Fanalone simplement magnifique…
Je tiens à vous avertir de suite, la Fulvia est à mes yeux, une des plus belles italiennes que les années 70 aient pu nous offrir, j’aurai donc du mal à rester totalement impartial… mais j’vous fais confiance pour faire le tri ! M’enfin qu’est ce qu’elle est belle. Tendue, compacte, simple, sportive, légère… Ils ne s’encombraient pas de fioritures à l’époque, et ça se voit. Du coup, ça fait toute la différence. Une voiture taillée et conçue pour le sport. Aujourd’hui, on fait des bagnoles d’ingénieurs, dictées par le CX, la fabrication, les couts, la rentabilité, les châssis communs, la sécurité active et passive, la consommation, les rejets CO2 et à la fin, on voit ce que ça donne !
La Fulvia a vu le jour en berline en 1963. Mais chez Lancia, chaque berline doit avoir son homologue 2 portes. C’est donc en 65 que le coupé Fulvia débarque à Genève. Aussitôt, Cesare Fiorio, le boss de la Squadra Corse HF Lancia se dit qu’il serait intéressant d’exploiter le potentiel de la belle en rallye. La direction accepte et en 66, on voit apparaitre la 1.2 HF suivie, en 68, de la 1.6 HF.
La robe est signée Pietro Castagnero. Simple et fluide, le coup de crayon n’a pas oublié d’être séduisant, profitant aussi de proportions idéalement compactes. Par rapport au reste de la gamme, la 1.6 HF, surnommée Fanalone, reçoit des phares plus gros. Les passages de roues sont plus échancrés (Pour chausser plus large) et les pare-chocs disparaissent pour gagner quelques kilos ! Bah oui finalement, à quoi ça sert ?! Les vitres en plexi et les ouvrants en alu continuent de grapiller quelques kilos de ci, de là. Et ça fonctionne puisque sur la balance, c’est 850 kg tous mouillés !
L’habitacle conserve son tableau de bord recouvert de bois, mais un compte tour et un mano de pression d’huile y font leur apparition. Même chose avec l’arrivée d’un duo de sièges baquets. Enfin, le levier de vitesse passe au plancher. La « nôtre » est équipée d’un extincteur et p’tit détail, un antivol intégré au moyeu du volant se déverrouille avec la clé de contact, bascule, se reverrouille et empêche au volant de tourner… même chose pour démarrer la voiture, vous tournez la clé pour ensuite appuyer dessus… 30 ans avant la S2000 !
A l’époque Lancia est à la pointe de la technologie. Les voitures sont séduisantes et proposent une fiche technique des plus modernes. La compétition fait partie de l’ADN de la marque. C’est le cas de la Fulvia. Elle adopte la traction avant, architecture encore rare dans les 60’s. Le moteur est longitudinal. Un V4 à 13° de 1584 cm3, double arbres, gavé par 2 double corps Weber. Fort de 115 ch, notre modèle est une version « client » avec son bloc préparé arbres à cames, carbus plus gros, il grimpe à plus de 130 ch, reconnaissable à ses couvre-culasses bleu et jaune. Le caractère est omniprésent, une fois qu’on a bien pris le temps de laisser tous les fluides monter en températures. Même chose pour la boite qui a besoin de s’échauffer avant de pouvoir enchainer les 5 rapports (1ère non synchro et 5ème en prise directe !), sachant qu’elle s’accompagne d’un autobloquant.
Ca racle, ça ratatouille, ça pétarade, ça craque… C’est ça la Fulvia HF, du caractère, qu’il faut remuer un peu, sinon, elle s’emmerde et vous le fait savoir. Mais attention, une mamie de plus de 40 ans, ça se respecte. On se réhabitue au double débrayage, on décompose les mouvements et on reste souple. A partir de là, elle vous le rend, se montrant d’une efficacité redoutable, douce, vive et enivrante !
La meilleure traction avant de la production auto… en tout cas, c’est ainsi qu’elle était définie par Lancia, les essayeurs et les pilotes. En même temps, Lancia a pondu un train avant aux petits oignons, du moins, ce ceux qu’il se faisait à la fin des 60’s. Il peut compter sur des roues indépendantes, une double triangulation et des ressorts à lames transversales. L’arrière est plus modeste avec son pont rigide, mais il reste bien guidé et docile. Surtout que la puissance est suffisante, maitrisée avec un carrossage qui fait le reste. Le tout est transmis via des roues Campagnolo en 14′. Les 4 freins sont à disques, efficaces et endurants.
50 ans plus tard, on reste impressionné et étonné par l’agilité et la vivacité de la Fulvia. L’ensemble est efficace et équilibré, chaque cheval est maitrisé et parfaitement transmis au sol, le poids se chargeant de faire le reste. Un voyage dans le temps, avec un moteur rythmé par les borborygmes du V4, blindé de caractère et qui ne demande que d’aller voir ce qu’il se passe au delà des 6500 trs !
Voilà donc une petite balade matinale, à bord d’une légende, une des icônes de mon enfance, qui vous donne du bonheur… Une championne du Monde ! Car la Fulvia va accrocher le titre 72 en rallye , qui s’appelait encore le Championnat International des Marques juste avant de devenir le championnat du Monde des rallyes à partir de 73. Elle va également ouvrir la voie des Lancia en rallye… Stratos, 037, Delta… le point de départ d’une épopée en participant également à l’histoire de « Squadra Corse HF Lancia » devenue l’équipe aux 100 victoires.
Avant de mettre le point final, je vous invite à suivre Stéphane et VDR84, et bien sûr, à le remercier pour avoir pu rayer la Fulvia HF de la liste des engins qu’il me fallait essayer absolument ! D’autres vont suivre, mais en tout cas, ce jour là, VDR84 avait l’accent italien !
© De l’essence dans mes veines via TiTi