Celui là, il ne s’embarrasse d’aucun compromis ! Du pur, du dur, comme un bon Jack Daniel’s, sec, qui vous emporte les boyaux au fur et à mesure qu’il se distille dans votre organisme. Pour mener ce Chevy 3100, il faut aimer ça… Il faut savoir sacrifier son p’tit confort. Mais à partir du moment où on a compris, c’est juste un truc qu’il faut essayer au moins 1 fois. Mais faites attention, vous risqueriez de tomber accro !
Vous poser au volant d’un engin comme ce Chevy, c’est tout simplement réaliser un voyage dans le temps… Le gros bébé affiche gaillardement ses 67 balais tout en vous collant un uppercut dans la face avec son look directement sorti d’un rasso sur un parking de Daytona Beach ! Vous aimez l’esprit ricain ? Avec lui, vous allez être servis.
Seb l’a fait venir des States (Hollywood exactement) tel que vous le voyez. Ah oui, Seb, c’est un petrolhead totalement dingue de la culture custom et de tout c’qui sort de l’ordinaire. Son Chevy 3100 il a vu le jour en 1951. Il fait partie d’une famille de trucks qui a été la 1ère a voir son dessin retouché après la 2nde Guerre Mondiale. Histoire de marquer la rupture stylistique, les dirigeants de Chevrolet décidèrent de l’appeler « Advance Design ». Il s’agissait d’un châssis, d’un cabine, et tout le reste pouvait s’accorder à la demande en fonction des besoins… Roues jumelées à l’arrière, taille du réservoir, de la benne, 6 en ligne ou V8, différentes cylindrées, tout était disponible à la carte, il suffisait de cocher les options et d’aligner les billets.
Comme souvent aux States, les pick-up d’hier deviennent les custom et hot rod d’aujourd’hui, gavés au V8, et aux chromes rutilants. Surtout que leurs gueules se prêtent parfaitement à une bonne cure de pompelup. Regardez ce Chevy 3100, avec ses ailes musclées, sa calandre de squale, son énorme capot et sa cabine plantée là, en plein milieu. Sans s’en rendre compte, son gabarit reste compact, ça sent bon le road trip sur la Route 66 et l’essence qui coule à flots…
Surtout que depuis sa dure vie de labeur originale, il a été lourdement revu ! D’une il est posé par terre… en static. Apprenez à regarder devant, car le truc vit, ça cogne, ça frotte, et quand ce n’est pas sur le bitume, c’est les immenses roues en 20′ polies qui viennent vous dire qu’elles se sentent un peu à l’étroit dans les passages de roues pourtant larges.
La robe est désormais passée en mode roots, qui sied parfaitement à l’utilitaire. Les traces de sa vie passée ont été conservées. Des touches de chromes étincelantes et sa benne refaite en acier et en bois, vous font deviner que le transport de charges n’est plus sa priorité. Il aurait pu afficher une robe flashy, mais non, après tout, ce genre d’engin n’est pas fait pour briller… On dirait que même dans sa nouvelle vie, il doit continuer de porter l’image de sa vie d’utilitaire.
Au rayon des détails, les feux arrière et les rétros extérieur sont en forme de croix de fer, symbole des choppers… Choppers qui donnent le feeling du Chevy, puisqu’il arbore le blason de Harley Davidson. Véhicule d’intervention pour Bad Boys. Et ça lui va comme un gant… de fer !
Sous le capot, on retrouve bien entendu un V8 Chevy de 350ci (5.7l) gavé au carbu Edelbrock. La ligne laisse cogner les gamelles et s’échappe de chaque côté en side pipe avec sorties rectangulaires. Enfin une boite auto 700R4 vient transmettre les watts aux roues arrière. J’vous arrête de suite, pas question de s’aligner sur un 400m D.A. Son truc, c’est le cruising, coude à la portière, Ray Ban collée sur le nez et avec du bon son venu tout droit des 60’s. Cela ne l’empêche pas d’avoir largement ce qu’il faut sous le pied droit, afin de lui faire vibrer le moindre centimètre carré de tôle, et de faire crépiter les silencieux en mode j’envoie du lourd.
Une fois dans l’habitacle, on reste déjà scotché par le sélecteur au volant, qui n’est autre qu’un poignée de tireuse à bière ! Ne manque que le bec verseur pour déverser une mousse bien fraiche… mais bon, j’ai cherché de partout, je n’ai rien trouvé. L’autoradio est d’origine… et a une classe de tueur ! Les compteurs aussi sont délicieusement vintage tout comme le volant qui vous rappelle que vous êtes à bord d’un custom en mélangeant cuir et alu poli. Des touches de chrome courent le long du tableau de bord… Enfin la banquette est tendue de skaï noir avec ourlets orange, tout comme les contre-porte qui reçoivent le renfort du logo Harley.
L’ambiance est juste indescriptible… Surtout sur nos routes ! Autant à L.A ou à Miami ils doivent être habitués, autant ici, c’est l’émeute assurée. Ce pick up Chevy 3100 custom old school attire la sympathie (On est loin de la jalousie qu’on peut ressentir au volant d’une hypercar moderne). Tout comme Seb d’ailleurs totalement accro à sa caisse et aussi cool l’un que l’autre.
Dès les 1ers tous de roues, c’est « Retour vers le futur ». Ca vit, vous perdez vos repaires, ça fait du bruit, ça chante, ça saute. Votre cul est posé sur un coussin aussi mou qu’un pouf gonflable. La porte claque (On vérifie 3 fois qu’elle est bien fermée), les vitres se descendent à la manivelle. Tourner le volant est aussi physique qu’une séance intense au Gold Gym de San Francisco ! Sans oublier qu’en butée, ça frotte de partout. Vous affolez pas, les roues vous le font savoir ! Rien que la clé vous rappelle que vous n’êtes pas à bord d’un truc ordinaire. Le moteur râle, tout tremble, et en plus il fait chaud… Mais putain qu’c’est bon ! Je ne sais pas si c’est l’âge, mais j’ai de plus en plus de mal avec les caisses modernes et leurs gadgets à la con, aussi utiles finalement qu’une paire de pantoufles pour un cul d’jatte ! Mais là, on revit, on se dit que finalement, l’essentiel c’est pas le contenant, c’est bien le contenu. Quand on est au volant, c’qui fait dresser les poils, c’est le plaisir qu’on prend à chaque mètre parcouru. Et là, on redécouvre des saveurs oubliées… Cruiser, cheveux au vent (Le 1er qui rigole…!), bercé par les ronrons du V8 le tout dans un engin totalement décalé et à la personnalité plus qu’affirmée.
Rouler dans ce genre d’engin, c’est totalement décalé et complètement barré… Faut l’vouloir. Mais une fois qu’on y a gouté, c’est difficile de s’en séparer !
© DLEDMV via Ti Ti