Saab, c’est la marque premium des rebelles des 80’s mais qui en vieillissant, se sont mis à porter charentaires et pantalons en velours, accompagnés de la moustache et d’une calvitie partielle, pendant qu’ils lisent des essais philosophiques sur l’ascension du communisme, en buvant du thé bio vendu en commerce équitable tout en écoutant les Stones, parce que le rock ça fait bad boys !
Saab, c’est le paradoxe suédois… Du premium, avec juste ce qu’il faut de sport, sans oublier d’être robuste et fiable, mais avec un style sobre, sérieux, agréable, sans pour autant être sexy. Et ça a marché. Les 900 et 9000 se sont vendues, avec cuir et turbo. Puis bon, rachetée par Général Motors en 1995, la marque est devenue la victime des politiques de groupe et des méandres du marketing moderne, où on se paluche le nez coincé dans le nombril autour d’une table, en oubliant l’essentiel et en croyant maitre de la science infuse et ultime, tout en essayant de multiplier les marges par 4… Mais le business a fini par avoir raison des Saab qui ont fini par perdre leur personnalité… ou par en faire trop ! Quoiqu’il en soit, les chiffres se sont cassés la gueule et la marque a tiré le rideau en 2011. L’année suivante, Nevs, une holding sino-suédoise rachète la marque et relance la production en 2013. Les voitures sont alors exclusivement vendues sur le marché suédois et chinois. En 2015, alors que la santé financière est toujours délicate, Dongfeng et Mahindra finalisent un partenariat qui viennent sauver le constructeur, mais aussi, tuer le nom Saab qui disparait définitivement pour devenir Nevs… Bien triste histoire ! Il n’empêche que la marque a quand même laissé son empreinte et des caisses plutôt sympathiques, notamment les séries 900 et 9000.
Et c’est justement une Saab 900 S qui vient se pavaner devant vous, celle d’Anthony. Mais bon, pensez bien que pour vous parler d’elle, il fallait bien qu’elle soit un peu plus pompelup que d’origine. Pourtant les choses avaient mal commencé… Quand Anthony, encore étudiant en médecine, se met à la recherche d’une voiture, sa mère s’oppose à sa passion pour l’automobile. Oui, elle ne fait que distraire et éloigner son fils bien aimé de cette magnifique carrière chirurgicale qui lui tend les bras. Du coup, le cahier des charges imposé par maman est plus de limité… Moins de 100.000 miles, 4 portes et un budget de 4000 $ (Oui, l’histoire se passe de l’autre côté de l’Atlantique… Si on modifiait des Saab en France, ça se saurait !).
Après avoir vu un Accord Wagon trop kilométré et une Lexus SC300 avec 2 portes en moins, il tombe sur une 9-3 2.0l qui plait à maman et fait découvrir à Anthony les charmes de la Suède… Une fois ses études finies et maman rassurée, il peut enfin compléter sa collection de suédoises mécaniques (J’préfère préciser, sinon on va encore m’insulter et me traiter de misogyne !). Une 9-3 Aero de 2004 rejoint le garage, puis une 9-3 Turbo X… mais la pièce maitresse reste sa 900 S de 1989, avec LE style Saab, celui qui s’inspirait encore de l’aéronautique.
Pour la petite histoire (Et votre enrichissement culturel histoire d’en mettre plein la tronche au beauf dimanche prochain !) il faut savoir que le design, dirigé en interne par Björn Envall, a été entièrement pensé pour répondre à des contraintes bien spécifiques… Ceux qui pensaient que la Saab misait sur un dessin sportif, vont devoir aller changer de caleçon ! Les objectifs étaient simples, fonctionnalité, ergonomie et sécurité. Attendez, c’est pas fini ! la carrosserie est dessinée pour facilité le dégagement de la neige et tout ce qui est poignées et boutons spécifiquement étudiés pour une utilisation avec des moufles ! Ah ouais, on est dans le sport là… Le pare brise est plus large que la normale pour optimiser le champs de vision. Le tableau de bord est orienté vers le pilote. Les montants latéraux sont rigides pour éviter au toit de s’aplatir en cas de retournement tout comme l’acier plus épais afin d’offrir une résistance accrue. On a l’impression de lire la fiche technique d’une Volvo, marque suédoise elle aussi… Enfin, devant tout ce sérieux, on se dit que finalement, apporter à une Saab (Ou une Volvo) une touche de pompelup, c’est juste lui rendre service en lui apprenant à sourire.
Anthony connaissait la voiture avant qu’elle ne rejoigne son garage. Elle appartenait à Pat, un autre membre du California Saab Club. Mais voilà, avec 9 Saab dans le garage, il faut croire que la femme de Pat a fini par craquer : « C’est tes Saab ou moi » (Elles sont un peu casse burnes quand même les femmes dans cette histoire !). Du coup Pat décide de faire un peu de place et donc par la même occasion, de garder sa femme. Anthony franchit alors les 300 km qui les sépare, et il fait affaire avec Pat pour acheter sa 900 S. Mis à part qu’une fois sur la route, la voiture commence à montrer son côté obscur. Les cul ne tire pas droit, le moteur se montrait poussif et Anthony réussit à trouver la 5ème qu’une fois à 15 bornes de chez lui (En même temps, c’était la 1ère fois qu’il conduisait une boite manuelle !). La voiture est alors immobilisée dans le garage et Anthony décide alors de la refaire.
Il lui faudra 8 mois pour qu’elle ressemble à celle qui défile sous vos yeux. La face avant est remplacée par celle d’un modèle de 87, réputée pour son style. Le pare choc est enlevé et juste remplacé par 2 antibrouillards Hella. La touche racing est donnée. Un kit aéro SPG vient ensuite habiller la caisse, ce qui change radicalement l’apparence de la voiture qui se virilise. A noter que trouver un tel kit tient du miracle, car il n’a été produit qu’aux USA en 85 et 86. Le hayon voit débarquer un aileron d’époque et des louvers tellement vintage. Enfin, il fait peindre un drapeau suédois sur le toit… Originalité qui sied parfaitement à l’esprit racing old school qu’il a donné à sa voiture. Les ailes reçoivent des Speedline Mistral en 8×16′ chaussées en Falken. Au niveau suspat’, le combo est simple mais éprouvé, avec des amortos KYB accompagnés de ressorts SPG raccourcis.
Pour l’habitacle, il s’offre un jeu de Recaro et des harnais Crow Enterprises. Des manos VDO et un volant Momo Corse complètent le tableau. C’est propre, sobre et ça colle toujours aussi bien au feeling de la caisse. Au niveau mécanique, le 4 cylindres 2.0l turbo basse pression développe 145 ch et est laissé d’origine. Pour le moment, Anthony estime que ça lui suffit.
Au final, quand vous tombez sur une Saab comme celle là, vous abandonnez les charentaises pour une paire d’Air Jordan, le velours repasse au Jeans. Vous vous rasez la moustache et la tête, vous passez votre temps libre à pousser de la fonte plutôt qu’à lire et vous remplacez le thé bio par du lait de soja (Ouais bon, ça reste une Saab quand même !). Mais y’a de quoi retrouver son âme de rebelle ! En tout cas ici, on aime bien les suédoises quand elles sont chaudes…
© Stanceworks via Blake Addams