« Père Motor, raconte nous une histoire »… Eh bien les enfants, aujourd’hui, je vais vous parler d’une frêle voiture de course des années 50 qui, malgré les apparences, affiche un palmarès plus qu’impressionnant avec plus de 130 victoires pour 14 titres de catégories dans différents championnats. Et si vous vous attendez à voir débarquer un Porsche ou une Ferrari, hé bien détrompez vous puisqu’il s’agit des Abarth 204 et 205 Berlinetta…
Karl Abarth est né à Vienne en Autriche. A 15 ans, il commence la compétition en s’inscrivant à des courses de moto. Deux ans plus tard, il part en Italie travailler pour la Carrozzeria Castagna avant de revenir en Autriche. Mais après la 2nde guerre mondiale, il décide de s’installer définitivement en Italie et il va demander la nationalité italienne et se faire appeler Carlo. Il monte alors son atelier où il commence à se faire un nom en préparant des voitures de course mais surtout, en développant une gamme de pots d’échappement aux hurlements caractéristiques.
Repéré par Carlo Dusio, propriétaire de Cisitalia, il lui propose alors un poste de manager et directeur du team Cisitalia. Mais deux ans plus tard, en proie à des difficultés financières, Dusio part s’installer en Argentine et Abarth retourne à son garage et décide désormais de lancer ses propres voitures.
Et c’est ainsi qu’en 1950, le salon de Turin voit débarquer un joli petit coupé dessiné par Giovanni Michelotti alors designer pour la carrozzeria Vignale. Frappé d’un logo en forme de scorpion (le signe astrologique de Carlo), l’Abarth 204 Berlinetta affiche un gabarit contenue pour des lignes dont la simplicité créée la beauté, l’élégance et la sportivité. Y’a pas à tortiller, mais les italiens savaient dessiner des courbes à l’époque !
Sa magnifique carrosserie est façonnée en aluminium. Aux quatre coins, des roues à rayons Borrani. Cette berlinette 2 places respire la légèreté. Compacte et affutée, elle a été imaginée et développée pour participer à des courses comme la Targa Florio ou les Mille Miglia. Bien qu’imaginée pour la course, cela n’empêchera pas Abarth d’en proposer une version route (la 205), avec un habitacle habillé avec de la moquette, des baquets tendus de cuir et d’afficher une finition qui n’avait rien à envier aux reines de la catégorie.
Sous la robe, on retrouve un treillis tubulaire qui permet de combiner rigidité et légèreté. Cette propulsion dispose de suspensions indépendantes à l’avant et d’un pont arrière rigide maintenu par des lames de ressorts elliptiques. Le freinage était confié à des tambours.
Sous le capot de la sportive italienne, on retrouve un petit 4 cylindres 1090cm3 Alfa Romeo qui développait 80 ch perchés à 7000 trs. Il était accompagné d’une boite 5 Alfa et avec moins de 800 kg, la petite berlinette était capable d’atteindre les 190 km/h. Cela lui suffira largement pour amasser les victoires dans sa catégorie. Sachant qu’en 1954, Abarth se penche sur le moteur et le modifie dans tous les sens pour le faire passer à 135 ch !
En tout et pour tout, moins de 10 voitures sortiront des ateliers de Carlo… Et presque 70 ans plus tard, les Abarth 204 (Ou 205, comme vous voulez…) sont considérées parmi les plus belles voitures de leur époque, à tel point que leur palmarès, au delà de toutes les victoires en course, s’est enrichi de celles dans les concours d’élégance. Si ce n’est quelques autres voitures directement sorties de son imagination (Comme la 1100 Sport réalisée avec Ghia en 53), Carlo Abarth commencera doucement à s’orienter vers la préparation et l’élaboration de kits.
Le 31 juillet 71, Carlo Abarth vend sa marque à Fiat, au grand désarroi de son responsable, l’ingénieur Enzo Osella qui quitte alors Abarth pour monter sa propre écurie, Osella Racing. De son côté, Abarth devient la structure sportive officielle de Fiat, confiée à Aurelio Lampredi, avant que des conflits internes avec Squadra Corse Lancia poussent la famille Agnelli à fusionner les deux structures rivales pour n’en faire plus qu’une entité nommée EASA (Ente per l’Attività Sportiva Automobilistica – Organisation pour les activités de sport automobile) et dirigée par Cesare Fiorio.
Abarth survit sur la route en devenant la signature des sportives de la marque avant de disparaitre dans les 80’s. Il faudra attendre le début des années 2000 pour le voir revenir en Europe.
© Abarth via signatures éventuelles