Haaaa s’il y en est une qui a laissé des traces aussi bien sur la route que dans les calbut’ des jeunes lecteurs qui tombaient dessus, c’est bien ce missile sol-sol à la philosophie totalement folle. La Dauer 962, c’était l’occasion de prendre une Groupe C pour aller chez le boulanger… Oui, la baguette n’attend pas !
Un tel délire, qu’on peut même se demander si la Dauer a réellement existé, du moins si elle a déjà bel et bien foulé l’asphalte routier, ou s’il elle ne s’est contentée que de quelques shootings pour un bon coup de marketing. Mais pour répondre à cette question, il faut replonger dans l’épopée du Gr.C.
Ces monstres surpuissants ont animé les courses d’endurance de 82 jusqu’en 93. Pendant cette période, l’endurance, et notamment les 24h du Mans, vivent leurs heures de gloire. Un règlement hyper permissif fait exploser les puissances. La série est spectaculaire et les performances sont dantesques, au niveau des F1… les protos flirtent avec les 400 km/h dans les Hunaudières, crachent le feu et font peur aux petits enfants ! C’est le show assuré. Les spectateurs aiment ça, les médias aussi, et il n’en faut pas plus pour attirer pilotes et constructeurs. Bref, c’est la fête, la discipline séduit autant que la F1. Faut dire aussi qu’à cette époque, quelle que soit la discipline, le sport auto vit son âge d’or.
Mais comme à chaque fois, la fête est gâchée. Le niveau des voitures ne cesse de grimper, il en faut toujours plus et la formule perd ses repères. Pour gagner il faut avoir les meilleurs ingénieurs, les meilleurs pilotes, encore plus de puissance… les budgets explosent, et les gros constructeurs commencent à quitter la discipline pendant que les petits n’osent plus tenter leur chance. On assiste alors à une rencontre élitiste avec un plateau qui se vide.
L’arrivée du GT1 est sensée remettre un peu d’ordre dans tout ça. Le règlement impose alors que les voitures soient dérivées d’un modèle routier… enfin, le truc habituel voyez, un minimum de production pour obtenir le ticket d’entrée en GT1. C’est donc là dessus que Dauer va jouer intelligemment et exploiter cette faille laissée par la FIA et l’ACO.
Le préparateur allemand va se rapprocher de Porsche et leur propose d’homologuer la vieillissante 962. La caisse a tout remporté, mais ces dernières années, ses concurrentes lui tournaient autour, et la 962 se voyait repoussée dans la 2ème partie du top 10. Par contre, face aux nouvelles GT1 et LMP1 en manque de développement, elle a encore une dernière carte à jouer.
Dauer et Porsche flairent donc le bon coup. Depuis sa sortie en 1984, la voiture est largement amortie financièrement. Elle a su évoluer et garder le potentiel pour rajouter une dernière victoire dans la Sarthe à son tableau de chasse. Ainsi la marque valide la culbute et Dauer va donc se charger de proposer une version routière de la bête ! Proposée à 10.000.000 F elle offre cuir, clim et un flat 6 de 3.0 l refroidi par eau et turbalisé pour envoyer 730 ch sur les roues arrière.
Dauer produit donc 1 exemplaire, gagne son homologation en GT1 et s’empresse de construire 2 modèles pour les 24h. Le 19 juin 1994 la Dauer 962 n°36 de Yannick Dalmas, Hurley Haywood et Mauro Baldi boucle le 344ème et ultime tour des 24h devant une Toyota 94C-V et la 2nde Dauer qui complète le podium. Le coup marketing est magistral et génial, même s’il est un peu fourbe !
En parallèle, l’homologation routière de cette Gr C de légende accompagnée de sa récente victoire au Mans vont enflammer les aficionados fortunés… Si, pour débourser 10 millions en 94, il fallait être très fortuné ! Et un peu ch’tarbé, surtout quand une F40 coutait 1.720.000 F, une XJ220 4.000.000 F ou une McLaren F1 autour des 6 millions ! Ouais, pour le prix d’une Dauer et quelques options, on pouvait quasiment avoir les 3 autres dans son garage… Même si niveau perfs, on entre dans l’hyper-espace, surtout avec 1080 kg ! Autour des 400 km/h et un 0 à 100 en 2,6 secondes. Mais il n’existe aucun réel chronométrage, ni comparatif avec l’élite de l’époque. Les seuls témoignages parlent d’accélérations foudroyantes et de hurlements envoutants… tu m’étonnes !
Bien entendu, la Dauer n’avait absolument rien d’exploitable sur route, et inutile d’imaginer ce monstre en ville, tenter un créneau ou aller chercher les gamins à l’école. Mais bien entendu, le milieu de la bagnole n’ayant aucune limite financière aux délires des plus fortunés, 12 modèles sortiront de chez Dauer entre 94 et 97.
La Dauer 962 reste un ORNI sur la planète auto. Il y en a peu… Puis avouez qu’il n’est pas commun de pouvoir aller au boulot et manger chez la belle mère au volant d’une voiture qui a gagné les 24h du Mans non ?!
Jonathan Treillet
Remy Samama
La ok
Pour gagner l’événement du ressort, quoi que même avec ça bilou serait capable de perdre