« Voilà, démerde toi maintenant »… La Ferrari 250 GT SWB, on vous en a parlé, que ce soit Julien ou moi. Mais que voulez vous, à chaque fois que je trouve un shooting d’une telle merveille, je me dis que je ne peux pas passer à côté et que je dois obligatoirement vous en faire profiter… Mais voilà, les images c’est bien, mais qu’est ce que je vais bien pouvoir vous raconter avec ça ?!
Pour une fois, je vais laisser de côté le côté barbare sanguinaire, qui bouffe de la viande crue en buvant des verres de pue (Ouais, elle est bien dégueulasse celle là !). Oui, on va se limiter aux sentiments que peuvent créer les courbes de cette oeuvre métallique et mécanique.
Il y a peu, je vous plantais un billet qui comme souvent, n’engage que celui qui le rédige (en l’occurence moi…!), en essayant de monter l’un contre l’autre les 2 camps qui s’opposent, à savoir modernes vs anciennes. Pour être franc, je m’attendais à récolter des réactions du genre : « Ouais, mais bon, pourquoi choisir ? Finalement, une moderne en daily ne remplacera jamais le plaisir d’une ancienne pour aller cruiser le week-end ». En effet, je trouvais cet article maladroit… Sur un blog où on prône à longueur d’articles la tolérance, le respect des gouts différents, en criant que même si on n’a pas les mêmes voitures, on a tous la même passion, je me trouvais gonflé de vous imposer de choisir un camps. Mais bon, personne n’a percuté… alors passons !
Mais, quand je regarde cette sculpturale Ferrari 250 GT SWB (Châssis court, Short Wheel Base), tout en faisant abstraction de son pedigree, son blason, sa notoriété, sa valeur… ou tout ce qui pourrait influencer ma vision, comment ne pas regretter cette époque ?
Je vous rassure, je ne l’ai pas connue… Je n’étais encore qu’un valeureux gamète mâle mobile en devenir, attendant la stimulation des gonades paternelles, stimulation qui allait intervenir à la fin de l’année 1974 et enfanter le magnifique bébé qui allait voir le jour en juillet 75 ! mais je m’éloigne du sujet car admirer une 250 GT SWB est un choc en soit… Une grosse claque en pleine tronche qui vous sonne avant même qu’elle ne vous touche.
L’alu (ou l’acier) était façonné à la main. Les formes pensaient encore à être voluptueuses avant de laisser la priorité à une quelconque efficacité aérodynamique. Elle était belle, c’est tout. Justement proportionnée, intelligemment compacte, délicieusement sportive. Sans chercher à en faire trop, elle sait allier beauté des courbes, sportivité, nervosité et efficacité, car elle est née avant tout pour la course et le Grand Tourisme.
D’ailleurs le pilote Heinz-Ulrich Wieselmann disait d’elle qu’elle est « Docile comme un amour d’été… le plaisir absolu sur quatre roues, aujourd’hui encore à la portée de quelques heureux élus ». Ca colle parfaitement à la 250 SWB.
Et encore, écoutez ses vocalises, reniflez son cuir, caressez ses courbes, on dirait qu’elle est née pour exciter les sens et non pas les chronos. Culte ? Elle savait qu’elle allait le devenir. Ses parents, Pininfarina, Scaglietti, Carlo Chitti, Giotto Bizzarrini, Gioacchino Colombo, tous orchestrés par Enzo Ferrari, peuvent être fiers d’elle. Elle marquera les esprits, son époque, et tous ceux qui la croiseront et plus encore ceux qui l’essaieront.
Quand on la compare à ses descendantes actuelles, celles qui disent s’inspirer d’elle, on se rend compte des dégâts qu’ont fait le temps et la technologie. Elle est belle, simple, esthétique mais sans oublier d’être utile. Aujourd’hui, elles sont technologiques, aérodynamiques, futuristes, atomiques en offrant des performances et une efficacité juste délirantes. Mais sont elles aussi pures ? Aussi émouvantes ? Aussi tactiles ? Ou avons nous plongé dans un monde mécanique certes impressionnant, mais tellement artificiel ?
Si ce n’était pas une voiture, on pourrait croire qu’elle a une âme, et que son V12 n’est autre qu’un coeur qui bat ! Et pour beaucoup d’entre nous, c’est à cause d’elle (Et de quelques autres appelées aussi Type E, Miura, Cobra, GT40, 356, 300 SL…) que la passion a pu naitre à travers les yeux d’un enfant…
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Excellemment bien écrit … j’en ai la larme à l’oeil 🙂
Et magnifique voiture comme on ne peut plus en fabriquer, quelle ligne … de l’érotisme et du sensuel pure