’66 Ferrari 365 P Berlinetta Speciale – « Tre Posti » V12 !
par Thierry Houzé | 6 mars 2019 | Street |
Elle aurait pu tout bouleverser à Maranello, mais le Commendatore n’en voudra pas… Le moteur central, c’est pour la course, et encore…! Sur la route, le V12 doit être devant… Il n’empêche que cette Ferrari 365 P Berlinetta Speciale, concept proposé par Pininfarina sur demande de Fiat, il aurait pu changer les choses. Histoire…
Nous sommes en 65 année où la plupart d’entre nous n’étions même pas encore à l’état de têtard dans les bourses paternelles. Il n’empêche que Sergio Pininfarina, le fils de… son père Battista « Pinin » Farina, propose à Enzo une série de concepts. Tous sont basés sur une architecture à moteur centrale. Il faut dire que depuis quelques mois, des rumeurs circulent comme quoi à Sant’Agata Bolognese,il se préparerait un taureau énervé avec un V12 derrière le pilote. Mais voilà, à Maranello, ce n’est pas la même chanson… car celui qu’il faut convaincre, c’est le Commendatore, Enzo Ferrari, dont le caractère est loin d’être simple !
Pour lui, les choses ne sont pas compliquées… Un moteur en position centrale arrière, c’est pour la course. L’architecture n’a rien de « logique » pour une sportive routière car, comme il répète sans cesse, « le cheval tire sa carriole » et non l’inverse. Le Commendatore pense qu’un moteur central offre un comportement trop délicat pour confier la voiture à un pilote amateur. Donc pour la course, oui, pour la route, non ! Et quand Enzo dit non, c’est non !
Sergio, qui a la ferveur de sa jeunesse, a pourtant envie de proposer à Enzo un concept qu’il pourrait exposer sur le stand de Pininfarina au salon de Paris en 66. Il sera comblé grâce à Luigi Chinetti, un des meilleurs pilotes de l’entre-deux-guerres qui s’est ensuite expatrié aux USA pour devenir importateur officiel Ferrari. Le Commendatore est un de ses amis. De plus, pilote talentueux, il a toute son estime.
Ainsi, il réussit à convaincre Enzo en lui expliquant qu’il faut fabriquer plus de voitures pour développer les ventes. Mais pour le faire craquer sur le moteur central, il va trouver un allié de poids… en se rapprochant de Gianni Agnelli qui accepte de commander 2 voitures qu’il va financer. Pininfarina n’attend que ça, et Ferrari finit par accepter sous la pression des trois.
Ferrari fournit 2 châssis de 365 P2 que Pininfarina va s’empresser de rhabiller. Il dessine une ligne qui s’inspire de la Dino 206 GT qui n’est encore qu’en développement et rentrera en prod’ que l’année suivante. Enfin, les dimensions sont adaptées à celle du proto, et à son architecture avec le V12 de 4.4l disposé au centre.
La voiture est élégante, longue, basse et très large. A tel point que Pininfarina imagine un original habitacle appelé Tre Posti… 3 places, avec le pilote au milieu et ses 2 passagers de chaque côté… Comme la McLaren F1, 30 ans plus tard.
Avec 380 ch, la 365 P Berlinetta Speciale annonce une Vmax de 290 km/h. Et sur le stand Pininfarina du salon de Paris, c’est l’effervescence. Mais malgré cela, Enzo n’ira pas plus loin. Il validera quand même la fabrication de la 2ème voiture qui deviendra le véhicule personnel de Gianni Agnelli alors que la 1er proto rejoindra le garage de Luigi Chinetti.
Finalement, la 365 P Berlinetta Speciale sera une sorte de super Dino 206… Car la petite sportive italienne aura bien un moteur central arrière, mais seulement un V6, qui fera qu’elle ne s’appellera pas Ferrari, Enzo ne voulant que des V12 dans ses voitures. Mais ceci est une autre histoire…
© Signatures éventuelles
« Enzo ne voulant que des V12 dans ses voitures. »
quelle époque, alors que maintenant c’est au moins disant, et des turbos à foison …