L’histoire commence en 1976 avec l’arrivée du coupé BMW série 6 qui vient remplacer le vieillissant 3.0 CSi E9. Donc pendant que le gros coupé vient exciter les petrolheads, chez Alpina, on cherche à se développer. Le préparateur est déjà connu, ses sportives gagnent sur la piste et jusqu’à ses préparations ont une bonne notoriété, mais les choses vont s’accélérer avec l’arrivée de la famille Alpina B7 Turbo…
Alpina a vu le jour en 63. A l’époque, Burkard Bovensiepen profite de l’arrivée de la BMW 1800 pour proposer un kit à tous ceux avaient acheté un 1500 et qui sont frustrés par la différence de puissance. Le sérieux de ses préparations va convaincre BMW va alors lui donner toute sa bénédiction en garantissant les BMW qui sortent de chez Alpina.
En 66 Alpina fait son entrée en compétition et c’est à partir de 1968 que les choses vont s’accélérer avec l’arrivée de la 2002 Ti qu’Alpina va aussitôt engager en courses de tourisme. Le succès de la 2002 Alpina est tel que Burkard Bovensiepen constate que certains de ses clients s’offrent un autre kit complet pour équiper leur 2002 de route. Ainsi, en 70, alors que le préparateur remporte le championnat européen de voitures de tourisme, il va mettre en place un partenariat avec le réseau BMW, et ainsi distribuer ses accessoires et kits, chez les concessionnaires BMW en Allemagne, en Angleterre et en Suisse.
L’année suivante, BMW demande à Alpina de collaborer au développement de la version course de la 3.0 CS qui deviendra alors CSL. Et là encore, c’est un succès sur les circuits. En 73, Alpina décroche un nouveau titre en européen en tourisme et réédite l’exploit en 77. Avec une notoriété qui n’est plus à faire, la direction de l’entreprise décide alors de s’orienter vers la production de routières sportives et en 78, l’Alpina B6 2.8l E21 voit le jour avec, à ses côtés, la B7 Turbo basée sur la berline E12 et le coupé E24… voilà, nous y sommes !
Le préparateur va récupérer le vieillisant M30B30, le 6 en ligne 3.0l de la E9 3.0 CSL et de la berline Bavaria, un gazier de 184 ch et 255 Nm. Le bloc va être revu et renforcé, les pistons et les bielles sont maintenant forgés, le taux de compression est rabaissé, et un nouvelle injection est adaptée. De nombreux autres éléments vont être redessinés et modifiés afin de recevoir un turbo KKK 27. Une molette installée du la console vient permettre au pilote de faire varier la pression de 0,4 à 0,85 Bars pour faire passer le 6 cylindres de 250 à 300 ch sur les roues arrière, via une boite 5 Getrag avec la 1ère en bas à gauche.
L’ensemble moteur / boite va ensuite se retrouver sous le capot de la E12 et du coupé E24… qui deviennent d’abord les Alpina 530 et 630 avant d’être renommés Alpina B7 Turbo et Alpina B7 Turbo coupé. Les perfs font un bon en avant… plus de 250 km/h, le 1000m passe sous la barre des 26 secondes et le 0 à 100 est shooté en 6. Pour l’époque, c’était du violent ! Surtout qu’avec des roues en 16′, un châssis rabaissé et rigidifié, un autobloquant refroidi par huile, une direction plus directe, un freinage plus puissant et surtout aucune aide électronique, ça devenait rock’n roll dès que la route devenait glissante !
Accusant plus d’1T600, les B7 Turbo ne se transformaient pas pour autant en ballerines, mais elles revendiquaient le statut de grosses GT puissantes, performantes, qui savaient se montrer dociles à partir du moment où on n’oubliait pas leur poids.
Physiquement, elles embarquaient le spoiler avant, les jantes en 16′, les liserets latéraux dorés, et un discret aileron pouvait équiper le cul des teutonnes. Même choses dans l’habitacle avec les sièges baquets Recaro, les compteurs, un volant et un pommeau spécifiques à Alpina. Pour la sellerie, c’était au choix avec cuir ou tissu.
En 81 chez BMW, la E28 vient prendre la place de la E12 et la B7 Turbo disparait avec elle. L’année suivante, c’est le coupé B7 Turbo qui s’arrête. Chez Alpina, ce sont les B7 S Turbo qui va rentrer en jeu avec sous le capot, le nouveau 3.5l Turbo maison qui développe 330 ch et 500 Nm de couple. Le 0 à 100 s’approche des 5 secondes et la vmax dépasse les 260. Elles sont commercialisées en série limitée avec seulement 30 coupés et 60 berlines, le temps qu’Alpina devienne enfin constructeur à part entière en 1983 juste avant que le 3.5l turbo équipe enfin la nouvelle B7 Turbo basée sur la E28 et B7 Turbo coupé qui débarquent en avril 84. La puissance n’a pas bougé seul le couple est passé à 512 Nm. Les perfs deviennent bestiales puisque les deux missiles viennent flirter avec les 270 km/h, la E28 B7 Turbo accrochant même au passage le titre de berline la plus rapide du monde.
En 86, de nouvelles normes feront perdre 10 ch au 6 en ligne, mais le couple passera 520 Nm. Mais en décembre 87, la production de la E28 B7 Turbo s’arrête suivi par le coupé en juin 88.
Après les succès en compet’, Alpina va magnifiquement enchainer avec ses succès commerciaux. La B7 Turbo connaitra une belle carrière, 209 berlines E12 sortiront des lignes, S Turbo y compris. La E28 fera grimper les chiffres de vente avec 278 exemplaires supplémentaires. Enfin plus de 310 coupés E24 tomberont des lignes, tous modèles confondus. Sachant qu’en parallèle Alpina commercialisera aussi, sur les mêmes bases, les modèles B9 et B10 avec le 3.5l atmo… mais ceci est une autre histoire !
© RM Sotheby’s et signatures éventuelles
La E24 ‘vert chasseur’ plus haut est vraisemblablement une des 20 toute dernières version catalysée (Motronic ML3.1) de 1988. La plus rare à trouver et aussi, probablement, la plus exclusive Alpina jamais produite.