Quand la Lamborghini Huracan débarque au salon de Genève 2014, la transmission intégrale est gravée dans la fiche technique de la « baby supercar » italienne. Mais il faudra attendre 1 an pour la voir arriver en propulsion, prête pour aller s’tortiller du cul pour dédicacer le bitume de ses larges gommes arrière… Alors, vous montez ?!
Avec leur Huracan, les ingénieurs de Lamborghini ont pensé, dès la conception, à développer la voiture en deux ou quatre roues motrices, histoire d’éviter une charge fastidieuse et lourde financièrement. Donc si la voiture sera présentée et principalement vendue en version intégrale, la propulsion viendra compléter la gamme beaucoup plus rapidement que sur sa devancière, puisqu’elle va faire son entrée en jeu dès le salon de Los Angeles en 2015.
La recette appliquée sur cette Huracan LP 580-2 est la même que pour la Balboni. On enlève du poids, un peu de chevaux (Surement pour ne pas handicaper la motricité), on revoit les réglages du châssis et des trains roulants, et la recette à la sauce Sant’Agata Bolognese rend la voiture plus vive et radicale. L’objectif n’est pas forcément d’en améliorer les perfs, mais plutôt d’en faire un engin au caractère trempé, affirmé, censé séduire les pilotes exigeants qui recherchent un tempérament plus délicat à dompter et moins artificiel. Un engin pour les purs et durs.
Esthétiquement, croiser une Lamborghini reste une claque visuelle, ce genre de moment où vous avez l’impression que le temps s’arrête. Bon, quand on porte le nom d’un taureau de combat, mieux vaut le faire avec panache ! Si Renault avait baptisé sa Twingo du nom de Diablo, il y a aurait eu quelque chose de ridicule dans l’équation. Avec une Lambo’, au moins on ne perd pas de temps à se poser ce genre de question, et l’Huracan marie le nom à l’image.
Le son aussi, puisqu’avec un cheptel de 10 cylindres en V pour 5.2 l de cylindrée, le tout, sous respiration naturelle, on gravite dans le monde des moteurs qui ont su garder une véritable identité… Un survivor dors et déjà condamné sur l’autel des normes anti-pollution. Simple question de temps…! Mais plutôt que de nous apitoyer, profitons en avec cette rencontre au sommet… Une Huracan confiée par le garage Drivart, menée sur les routes du Ventoux, pour un instant immortalisé par notre trio de « serial shooter » composé de Rudy, Gregory et Charly (Oui, on y met les moyens !).
Un physique aguicheur qui ose une rare robe Rosso Mars avec bas de caisse noir; après tout, au volant d’une Huracan, oubliez toute notion de discrétion. Puis dans tous les cas, si on ne vous voit pas, on vous entendra.
Esthétiquement, la LP 580-2 adopte un dessin de spoiler plus aéré et affuté ainsi que des jantes spécifiques qui viennent la différencier du reste de la famille. Pour le reste, ou du moins ce qui ne se voit pas, il faut être derrière le volant. Certains regretteront les 30 ch qu’elle a perdus au passage. Mais une voiture et les sensations qu’elle diffuse ne se limitent pas à une fiche technique. Puis peut-on encore s’en plaindre quand on passe les 100 km/h en 3,4 secondes, la barre des 200 en 10 secondes, qu’on explose le kilomètre en moins de 20 avant d’aller coller l’aiguille du tachi à 320 ? On oublie que dans ce genre de voiture, on est hors la loi en seulement 5 secondes. Alors 30 ch de plus ou de moins…!
En pleine action sur ce terrain de jeu exceptionnellement fermé à l’occasion du Supercar Experience, le V10 hurle, et prend sa respiration au delà des 8000 tours, rythmé par un pied droit plus ou moins lourd. La route est lisse, large, l’Huracan saute de virage en virage. Les rapports s’enchainent, aussi rapides que violents, ponctués d’une déflagration qui résonne dans ce paysage lunaire. Sam le pilote est aux commandes de son avion routier, semble se jouer des lois de la physique, un moment presque solennel, à 1900 m d’altitude.
Avec l’Huracan LP 580-2, c’est du sans filtre. Coupez les aides et ça va se passer entre elle et vous. Contrairement à sa soeur à transmission intégrale, elle sera bien moins tolérante avec les excès d’optimisme. Manquez lui de respect, et ça se soldera, au mieux, par une bonne frayeur, au pire, par une communion avec la nature !
Mais une fois que vous saurez la maitriser, elle vous téléportera d’une courbe à une autre, le V10 derrière votre dos hurlant à bielles déployées. Le poil dressé, vous jouez au chef d’orchestre d’un concert mécanique en piston majeur, tout en encaissant les G ou en signant l’asphalte à grands coups de boudins arrière !
Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Le monstre finit par se poser, rompu, cliquetant de bonheur. L’espace se distord sous l’effet de la chaleur. L’occasion d’observer la bête, de lever son capot, de contempler cet écrin optionnel en carbone forgé avec le V10 au centre, d’admirer cet habitacle tendu de cuir et d’alcantara, gouter à cette ambiance qui vous plonge dans l’atmosphère d’un avion de chasse, du moins comme on l’imagine du côté de chez Lamborghini.
A Sant’Agata Bolognese, depuis 1963, de la Miura à l’Aventador, en passant par les Countach, Diablo, Murcielago et même LM002, on a toujours misé sur la bestialité. Cette Huracan LP 580-2 ne rompt pas avec cette tradition, bien au contraire, elle l’entretient, et d’une bien belle façon !