Coup de tonnerre au Tokyo Motor Show de 1964… Sur le stand de Mazda, paisiblement posée sur la moquette et baignée par la lumière des projecteurs, trône une caisse à l’allure résolument sportive, futuriste et qui embarque sous son capot un original moteur rotatif. La Mazda Cosmo Sport pointe le bout de son capot… et père motor aussi !
Avec le Wankel sous le capot, la sportive japonaise fait parler d’elle sur toute la planète auto. Même si elle arrive quelques mois après la NSU Ro80… enfin, par rapport à l’allemande, la japonaise rajoute des lignes tendues et affutées.
Bon, après le buzz du salon la magie est vite retombée. En fait, les ingénieurs de Mazda ont blindé la Cosmo Sport d’une technologie avant gardiste pour l’époque. Mis à part que lorsque la voiture a été présentée, ils ne maitrisaient pas forcément tout le bazar qu’ils y ont foutu dedans. Du coup, il leur faudra 3 ans et 80 voitures de pré-production pour tout mettre au point afin de rendre la sportive fiable et efficace.
La Mazda Cosmo débarque donc en concession en mai 67. Chaque modèle est assemblé à la main et le dernier verra le jour en 72, le 1176ème exemplaire. Malgré une carrière courte de 5 années, la Cosmo connaitra une évolution mécanique. Le dessin, lui, ne bougera pas, avec un plumage largement au niveau du ramage. A l’époque, les designers japonais cherchaient leur inspiration. Et pour la trouver, ils s’inspiraient de ce qui se faisait de mieux.
Un peu d’anglaise, une touche d’italienne, un zest d’américaine et on touille pour obtenir un dessin agréable, fin, équilibré, dynamique et compacte. La Cosmo est longue, étroite, basse surmontée d’un cockpit qui donne l’impression d’un roadster coiffé d’un hard top. Les phares sous verre reprennent les codes de l’époque, pendant que l’arrière ose un original pare choc chromé qui vient cutter les feux en deux. Osé, mais originale. Et finalement, la japonaise offre une ligne qui ne lui appartient qu’à elle !
Le sport est également présent dans l’habitacle. Noir du sol au plafond, l’ambiance austère est malgré tout marquée par quelques touches d’alu, de chrome et de bois, notamment grâce au magnifique volant Nardi. Le tableau de bord est assez consensuel, si ce n’est la ribambelle de manos et compteurs qui l’habille. C’est sobre, classe et ça reflète parfaitement l’esprit atypique et sportif de l’engin.
Sous le capot, le Wankel affiche 982 cm3… et une santé de fer. Gavé par un carbu 4 corps Hitachi KCA 306-1, il développe 110 ch SAE à 7000 trs, en respiration naturel ! 112 ch/litre, en 1967, la prouesse avait de quoi en impressionner plus d’un. Par contre au niveau du couple, avec 13,3 mkg à 3500 trs, il n’y a pas de quoi se dévisser les cervicales !
Roues avant indépendantes, pont arrière rigide, disques à l’avant, tambours à l’arrière, le châssis n’offre rompt avec l’avancé technique du moteur pour conserver une architecture tout ce qu’il y a de plus classique, jusqu’à la direction précise mais plutôt fainéante. Du coup une fois à bord de la Cosmo, on comprend rapidement que le spectacle, il est visuel et sur la fiche technique, car sur la route, la Mazda atteint rapidement ses limites. Heureusement que la bébête n’accuse que 980 kg… Plus aurait été trop !
Un an et 343 exemplaires après son arrivée sur le marché, les ingénieurs de Mazda revoient la copie… Le rotatif passe à 128 ch (130 ch/l !) et 14,2 mkg de couple. La boite compte désormais 5 rapports. Les jantes font maintenant 15′ au lieu de 14′. La Cosmo accroche les 198 km/h après avoir tapé le 400m en moins de 16 secondes. Le comportement devient plus affuté, surtout qu’un servofrein vient rassurer les adeptes de la grosse attaque. La Cosmo Sport phase 2 va séduire 1176 clients, dont… 6 américains.
Pendant qu’en face Toyota proposait une 2000 GT, plus affutée et sportive, la Cosmo Sport a su trouver sa place mais surtout, donner le départ de l’histoire du rotatif à celle de Mazda. Une histoire qui va les mener à une victoire au Mans en 91… mais ceci est une autre histoire !
© Artcurial via Eduard Tikhonov
91 la victoire au Mans. Sinon pour la mauvaisse blague, ça marche toujours bien les alliances germano-nippones!!!