Quand on parle de Jaguar Type E passée en mode compet’, on pense automatiquement à la Lightweight. Mais saviez vous que juste avant elle, en guise de coup d’essai, les ingénieurs anglais ont imaginé la Low Drag dont l’objectif était d’aller chauffer Enzo et sa 250 GTO. Une seule voiture pour une histoire qui valait le coup d’être racontée.
En 61 la Jaguar Type E est manifestement la référence des sportives routières et la caisse la plus tendance, celle qu’il faut avoir pour pécho et être le king du parking de Monaco à St Trop ! Mais une fois le jogging enfilé, jugée trop lourde, elle risque d’avoir du mal à suivre le rythme de la 250 GT. Bon, ça ne l’empêche pas se vendre, mais le constructeur de Coventry aimerait bien que son coupé collectionne les victoires aussi facilement que les people !
Du coup en 62, une équipe d’ingénieurs vont donner naissance à une version largement inspirée par la Type D et la XKSS. Le châssis est désormais habillé d’une caisse composée de panneaux d’alu collés et rivetés. La bouche de calandre troque le charme contre l’efficacité, le pare brise est plus incliné pour favoriser l’aéro pendant que le hayon est soudé et plus profilé. Des prises d’air se chargent des freins, aussi bien pour les refroidir que pour évacuer les calories. Les vitres latérales et la lunette arrière sont en plexi’.
Dans l’habitacle, la voiture n’a plus rien du luxueux coupé qu’il affiche dans les show room. Seul le tunnel de transmission reste isolé, tout le reste s’affiche en alu.
Au niveau du bloc, Jaguar lui a greffé le 6 en ligne 3.8l qui équipait les toutes dernières Type D. Il envoie 320 ch et 36 mkg aux roues arrière via une boite 5 manuelle signée ZF. Avec 975 kg sur la balance, la voiture s’avère performante et prête à aller se frotter aux italiennes.
Ce sera le cas lors de l’édition des 24h du Mans 62, où une Low Drag sera engagée aux côtés de deux roadsters, qui reprennent les mêmes codes dont un équipé d’un hard top et appelé Lightweight ! Et pendant que le 6 en ligne de la Low Drag va rendre l’âme au 50ème tour, les deux Lightweight vont accrocher les 4ème et 5ème places. La messe est dite… La Low Drag est abandonnée, remplacée par la Lightweight… qui je vous l’avoue, nécessite un oeil d’expert pour être différenciée d’une Low Drag !
Le seul et unique exemplaire va être vendu et il va alors passer de mains en mains jusqu’à ce qu’il arrive dans celles de Peter Lindner, l’importateur Jaguar en Allemagne. Il va alors transformer la Low Drag en Lightweight et l’engager au Mans en 64 où elle n’ira pas plus loin que le 149ème tour. Quelques mois plus tard, Lindner se tue lors des 1000 km de Paris courus sur l’autodrome de Linas-Montlhéry. Il était au volant de sa Type E qui est totalement détruite dans l’accident.
La voiture sera reconstruite quelques années plus tard avec les spécificités Lightweight. Cependant, « 49 FXN » (Son numéro de licence) reste une Lightweight pas comme les autres. A tel point, que le designer Marco Diez a voulu lui rendre hommage en construisant – en partenariat avec Fast Cars Ltd et RS Panels – une version actuelle, réplique exacte, si ce n’est qu’elle est équipée de baquets tendus de cuir, de la clim, de 4 freins à disque et d’un 6 en ligne double arbres 3.8l construit chez Crosthwaite et Gardiner. Gavé aux Weber, il développe 380 ch.
Une légitimité que les puristes pourront – encore – mettre en doute. Il n’empêche qu’esthétiquement, la Jaguar Type E Low Drag, que ce soit l’originale ou la version signée par Marco Diez, un véritable clone du 21ème siècle, est probablement la plus belle voiture du monde. Enfin ça, ce n’est pas moi qui l’ai dit… Non, c’est un certain Enzo Ferrari !
© Marco Diez Concepts