En fait la Cord 812, on l’a tous déjà vu une fois. Mais c’est un peu le problème des images… C’est bau, c’est cool, mais ça n’en dit pas plus. Qu’est ce qu’elle a sous le capot ? D’où elle sort ? Pourquoi la marque n’existe plus ? C’est quoi ce supercharged ? Je crois que Père Motor devrait pouvoir vous donner les réponses !
Bon rassurez vous, je ne vais pas vous planter un bouquin en 4 tomes ! Cord a vu le jour en 1929, à l’initiative d’Errett Lobban Cord. 4 ans avant, il avait mis un pied dans le milieu de l’auto ne rachetant Auburn. Mais un peu mégalo sur les bords, il lance sa marque éponyme et continue de poser son empire en rachetant également Duesenberg et Lycoming Engines (Un fabricant de moteurs d’avions). Il n’empêche que dans les années 30, Cord est à la tête d’un empire qui regroupe les marques autos les plus luxueuses des Etats Unis… Je reviendrais une autre fois sur Auburn et Duesenberg, pour le moment, on reste sur Cord (Tim, calme toi, c’est une expression !).
Donc en 1929, c’est la Cord L-29 qui débarque sur la route. Le style est déjà original, musclé et bien entendu, luxueux. Notez que la voiture est une… traction avant, la première sur une voiture de production ! Oui, 5 ans avant la Traction de Citroën. Et ce n’est pas tout. Châssis rigide en X, essieu De Dion à suspensions semi-indépendantes, freins à tambours à assistance hydraulique, 8 cylindres en ligne de 4.8l pour 125 ch signé Lycoming Engines emprunté à un avion… La caisse est aussi impressionnante qu’avant-gardiste.
Proposée soit sous forme de châssis carrossable, soit avec 4 types de carrosseries (Phaeton, Cabriolet, Brougham et Sedan) Cord va écouler 5010 exemplaires de son paquebot prestigieux pendant sa courte carrière qui s’arrêtera en 1931. Malgré les apparences, c’est une véritable prouesse pour une voiture qui a débarqué sur la route en plein krach économique qui engendrera la grande dépression des années 30. Il n’empêche que Cord annule le projet de sa remplaçante L-30 qui devait recevoir un V12 et préfère prendre le temps d’étudier et de développer celle qui arrivera en 1936, la Cord 810 et 812.
Cord va frapper un grand coup avec sa voiture qui une fois encore, va ringardiser ses concurrentes. Le dessin est signé Gordon Buehring, réputé pour avoir déjà signé une grande partie des Duesenberg mais aussi l’Auburn Speedster. Arrière fastback, inspiration paquebot, style art déco, gros flexibles d’échappement latéraux mais surtout, des ailes proéminentes qui débouchent sur une paire de phares escamotables… les premiers de la production auto. La 810 reprend également les spécificités techniques de la L-29.
La voiture est présentée au salon de New York en 1935. Rapidement, la gamme compte 4 modèles. Berline Beverley et Westchester (Plus luxueux et sophistiqué) ainsi que cabriolet 2 ou 4 places. Les premières voitures sont livrées en avril 1936.
En 1937, la 810 évolue légèrement et laisse sa place à la 812. Quelques détails permettent de les différencier. Mais la plus grosse évolution se cache sous le capot. Le V8 4.7l toujours signé Lycoming Engines peut recevoir, en option, un compresseur Schwitzer-Cummins. Avec 170 ch, il permet à la grosse berline de 1860 kg de croiser à 170 km/h et de revendiquer le 0 à 100 en 13,2 secondes, ce qui en fait la berline la plus rapide de la production américaine.
Mais voilà, Errett Cord est la cible du Securities and Exchange Commission, l’autorité fédérale de réglementation et contrôle des marchés financiers. Il est soupçonné de fraude fiscale. Lassé, il se cloitre dans sa villa de Beverly Hills et prend tout le monde de court en décidant en 1937, de se séparer de son groupe qu’il revend Stratford Army Engine Plant (une division de l’armée américaine !) ainsi qu’à plusieurs groupes d’investisseurs. Voilà qui va signer la fin des marques Cord, Duesenberg et Auburn !
De son côté Errett va se reconvertir dans l’immobilier à Los Angeles ainsi que dans les médias (presse et télé) en Californie puis dans le Nevada. Après avoir été sénateur, il se retire dans son ranch de Reno où il décède d’une crise cardiaque en 1974. 2 ans après sa mort, il est intronisé au prestigieux Automotive Hall of Fame.
Quant à la Cord 810 ou 812, elle connaitra donc une courte carrière de 2 ans pendant laquelle elle s’écoulera à 2320 exemplaires. Aujourd’hui, elle reste toujours aussi originale et décalée par rapport à son époque. Un véritable collector !