Ferrari 250 GTO Hot Rod… Une Gee Tee Ho de 601 ch !
par Thierry Houzé | 20 octobre 2020 | Street |
Ho ça va, commencez pas à faire votre puriste effrayé et constipé… On est sur De l’essence dans mes veines ici, pas à une compet’ de padel ! Alors oui, cette Ferrari 250 GTO en a vu de toutes les couleurs avant de devenir un missile de 601 ch capable de montrer ses fesses à une F40 ! Allez chercher votre boîte de Kleenex, quel que soit votre camp, ça va vous servir !
Ce n’est pas la première Ferrari 250 GTO pompelupisée à poser ses roues sur DLEDMV. Je vous avais déjà parlé de celle préparée par les gars de chez Edelweiss Customs, des spécialistes allemands qui ont shooté une belle replica sur base de Datsun 280Z, en mode airride. Déjà à l’époque les puristes avaient failli se flageller à grands coups de l’annuel d’Auto Plus !
Du coup, et comme on aime jouer avec eux, aujourd’hui on va passer la 2ème couche avec cette 250 GTO habillée en Giallo Fly. Notez d’ailleurs que pour brouiller les pistes, la diva adopte des roues à rayons soit en 15′ comme sur le modèle d’origine, soit en 17′. L’important est de très bien les chausser, car si d’origine, la légende italienne devait composer avec 300 ch, maintenant elle doit faire en sorte de passer plus de 600 ch au sol…! Avec une puissance multipliée par deux, inutile donc de vous préciser l’importance du choix des pneus en sélectionnant un jeu réellement adapté, afin d’offrir le maximum de grip tout en encaissant les charges du V12. C’est bien à eux que va revenir le plus gros du taf, celui de négocier avec l’asphalte, histoire de ne pas s’évaporer en fumée à la moindre sollicitation un peu trop chargée.
Pour ce faire, elles peuvent compter sur l’aide du châssis… celui d’une Ferrari 400i « Speciale », modifié et équipé d’une suspension empruntée à une 365 GT4 BB. Absolument plus rien à voir avec celui de la GTO, même si le nouvel hybride est habitué en 300 et 400 ch, on reste encore loin du nouveau haras qui se déchaîne maintenant sous le capot. D’ailleurs pour freiner ses ardeurs et stopper l’engin, on retrouve également les freins de la Berlinetta Boxer… Eux aussi doivent avoir quelques coups de chaleur !
601 ch à 8000 trs en sortie de boîte… voilà le chiffre qu’il faut retenir. A la rigueur, les 611 Nm de couple, perchés eux aussi à 7000 trs. Je vous laisse imaginer l’uppercut à l’approche de la zone rouge perchée à 8500 trs ! Car il s’agit du V12 d’une 575M Maranello qui crèche sur le train avant pendant que sa boîte manuelle à 6 rapports a déménagé à l’arrière, pour offrir à cette GTO une architecture transaxle.
Pour sortir autant de watts, le V12 a bien entendu été libéré. La culasse a entièrement été modifiée, revue et les 12 cylindres inspirent à travers une admission composée d’une batterie de papillon et expirent – hurlent ? – par le biais d’une ligne inox réalisée sur mesure.
Au point où nous en sommes, vous devez bien vous douter qu’aucune 250 GTO n’a été victime de quoi que ce soit. Tout comme les Ferrari qui ont servi de donneuses d’organes. La 400i avait péri dans un incendie alors que la 365 et la 575M sommeillaient elles aussi au fond d’une casse, victimes d’un pilote surement aussi optimiste que maladroit !
Et la caisse alors ? Oui vous devez vous poser la question. Une fois encore, le boulot a juste été hallucinant. En fait, Will Tomkins, le proprio de la voiture est également le boss de Project Heaven, un garage anglais, spécialisé dans la restauration, le custom et les hot rod. Leurs spécialités ? Tout… ils sont capables de tout refaire de A à Z, de la sellerie, à la carrosserie en passant par les moteurs, les modifs, et le sur mesure s’il le faut puisqu’ils sont équipés pour tout refabriquer. Ainsi, cette 250 GTO possède une carrosserie façonnée à la main dans des tôles d’aluminium, et reprenant scrupuleusement le gabarit du modèle originel. Seules les ailes arrière ont été repensées et élargies de 4″. Il faut le savoir pour s’en rendre compte. Du coup, si un jour vous croisez Will, ne lui parlez pas de restomod. Pour lui, sa Ferrari 250 GTO est ce qu’il appelle : « The Ultimate Ferrari Hot Rod »… vu que c’est sa caisse, qu’elle sort de son imagination et de ses ateliers, on ne le contredira pas.
Quoi qu’il en soit, notre « Frankenrarri » a bien conservé le style de sa légendaire descendante qu’elle cherche à imiter. Les trois prises d’air à l’embase du capot, celles sur les ailes avant, le cul bombé, jusqu’au fond de l’habitacle. Honnêtement, en étant sur une refabrication partie d’un assemblage d’éléments venus de plusieurs chevaux cabrés, Wil aurait pu de contenter de l’esthétique… et encore. Eh bien non, il a poussé le vice jusqu’à l’aspect du V12 et de ses trompettes à peine cachées derrière le plexi qui trône sur le capot. Même la ligne d’échappement a repris les codes du début des 60’s.
Et c’est pareil en ouvrant la porte. En voyant le volant à droite, on pourrait se dire… Même pas, sur les 36 Ferrari 250 GTO produites, il y en a eu 8 en RHD. Et les pistes sont toujours brouillées en regardant les superbes baquets vintage, le tableau de bord, le levier de vitesse et sa célèbre grille, le cuir matelassé, les portes alu avec pour simple accessoire le câble pour ouvrir la porte (les vitres sont fixes), ou encore le volant à gros diamètre en bois. Allez, comptez juste le nombre de rapports sur la grille de vitesse… oui, il y en a 6 maintenant. Tout comme les différents commutateurs en guise de console centrale et portes fusibles devant le passager.
Au final, on finit par se rendre compte que quelques détails ne collent pas. Mais qu’est ce que c’est bien fait ! Ambiance course assurée dans une finition brute mais complètement raccord avec l’esprit de la GTO qui, ne l’oublions pas, a été développé exclusivement pour les circuits et le titre du championnat Gran Tourisme. D’ailleurs, elle ne s’en cachait pas… GTO, Gran Turismo Omologata. Objectif rempli avec trois titres consécutifs de 62 à 64. Bien sûr un pedigree qui n’a rien à voir avec celle de Will Tomkins.
On peut se demander la raison pour laquelle Will a justement cherché à cloner une 250 GTO. Provocation, savoir faire, envie personnelle, pari… On ne le sait pas. En tout cas, s’attaquer à une telle légende de cette façon permet surtout de montrer l’étendue des talents de l’équipe de Project Heaven, puis niveau retombées et buzz, ça fait largement le taf… et ça, c’est du priceless. C’est d’ailleurs pour ça que Will en a fait sa voiture perso ! Et dernier détail, elle plafonne à 330 km/h… de quoi laisser une F40. Surement de la provoc’ finalement !
Ce n’est pas pire que les 250GT O Favre ou d’Alain Garnier