Certains ne se rendent pas compte du taf qu’on se coltine pour vous parler de certaines caisses ! Tenez, prenez l’exemple de cette magnifique Alfa Romeo 1900 Speciale…Eh bien sachez qu’elle n’est jamais sortie de chez Alfa, mais de chez ATL, un petit carrossier italien spécialisé dans le sur mesure ! Allez, on va réveiller Père Motor !
L’Alfa Romeo 1900 débarque en 1950… c’est celle qui allait pousser la 6C à la retraite. Conçue dans les années 20, il fallait bien la remplacer par une voiture de conception plus moderne. C’est donc le rôle de la 1900 qui mise maintenant sur sa coque autoporteuse, sa suspension innovante pour l’époque avec amortos et ressorts, mais surtout, son 4 cylindres (en lieu et place des gros 6 et 8 cylindres, si chers en taxes) en alu, double arbres et gavé au double corps pour développer 90 ch. Avec seulement 900 kg, la 1900 est rapide et dynamique.
Le premier proto roulant va poser ses roues sur la piste Alfa Romeo en mars 1950. Deux mois plus tard, la voiture est présentée officieusement devant le salon de Turin. Les quelques spectateurs sont déçus et trouvent ses lignes trop proche de celles de la Fiat 1400. Alfa ne changera rien et la voiture fait son apparition officielle au salon de Paris en octobre 1950, avec pour slogan : « La berline qui gagne des courses » faisant allusion à la récente victoire de la marque à la Targa Florio… enfin, c’était avec un 6C 2500, mais on dira rien !
Au salon de Genève 51, la gamme se développe… Empattement court sur la 1900 C (corto) et version Sprint, un coupé dessiné par Touring, dont le 4 cylindres a été porté à 100 ch. En 52, les chaines de production étant à 100% opérationnelles, Alfa lance la 1900 TI (Turismo Internazionale), la berline reprend alors le moteur de 100 ch. L’année suivante, c’est la 1900 Super qui entre en jeu. La cylindrée passe de 1884 à 1975 cm3 et deux double corps alimentent le 4 pattes qui passe alors à 115 ch. La Super TI et Sprint Super rejoignent le catalogue. En 59 sa production s’arrête après 17243 voitures produites.
Et notre 1900 Speciale alors ? Eh bien l’Alfa 1900 a connu un grand succès auprès des carrossiers italiens. Je m’explique… A l’époque, il n’était pas rare qu’un client achète un châssis et le fasse livrer chez un carrossier dans le but de faire réaliser un robe sur mesure. D’autant plus qu’en Italie, les Carrozzeria ne manquaient pas. Ghia, Pinin Farina, Zagato, Boneschi, Touring, Boano, Colli, Bertone, Vignale… Les plus connues sont les quatre 1900 C Disco Volante de 1952 revues par Touring Superleggera ou encore les quatre concept BAT de Bertone.
Celle qui défile sous vos yeux sort de chez Autotecnica del Lario (ATL), une carrosserie nichée à Mandello, sur les rivages du lac de Côme, à deux pas du siège de Moto Guzzi. Fondée par Ercole Zuccoli dans les années 60, ATL était spécialisée dans la réalisation de toutes petites séries de voitures, quand ce n’était pas celle de modèles uniques. Des voitures de sports habillées de carrosseries réalisées à la main. La plus belle de leur création ? Vous l’avez devant les yeux. Une Alfa 1900 SS (Sprint Super) de 1953, revue et corrigée par l’équipe d’ATL et réalisée selon leur méthode spécifique, c’est à dire sans croquis, ni gabarit ou maquette. Une sorte de sculpture sur roues loin de la mécanique de précision, mais totalement dans ce qu’on entend par charme à l’italienne.
La coque a été conservée, mais largement modifiée car ATL a préféré réaliser un châssis tubulaire en acier pour les parties avant et arrière. Les organes mécaniques y sont greffés avant que le tout soit recouvert d’une carrosserie faite de fins panneaux d’aluminium. Les quatre roues sont indépendantes, maintenues par des amortos et ressorts. Le freinage vient d’une Alfa 2600 et se cache derrière de magnifiques jantes à rayons. Sous le long capot aéré, on retrouve le 4 cylindres double arbres de la 1900 avec ses 115 ch, équipé d’une ligne libérée et de sa boite 5 pour remuer un engin qui affiche moins de 800 kg.
La ligne est magnifique, délicieusement compacte et affutée. Difficile de ne pas reconnaitre une Alfa. Les hanches sont prononcées et le pilote est quasiment assis au niveau du train arrière. Véritable symbole d’une époque où les sportives préféraient encore miser sur le poids plutôt que sur la puissance. A ce qu’il parait, ATL en aurait construit huit… Aujourd’hui, seulement deux sont connues. Une verte qui est toujours du côté de Mandello et cette rouge, qu’un père aurait offert à son fils pour ses 23 ans et homologuée en tant qu’Alfa 1900 de 1953. On en prendrait bien le volant pour un road trip italien sur les routes de la Targa Florio par exemple !
Un seul regret, que cet article ne soit pas plus long…
C’est tellement bien écrit, rythmé et complet.
Merci, j’ai vraiment apprécié en tant qu’ Alfiste convaincu.
Merci