Chez les constructeurs allemands, depuis des années, c’est le concours de celui qui a la plus grosse. Tous les moyens sont bons… Coller le max de watts, pulvériser les chronos en ligne droite ou sur le Nürb, ou shooter les records de vitesses. Et au début des 80, la barre était encore à 300 km/h… et c’est la BMW M1 qui arrive qui a été la première à aller voir ce qu’il y avait après…
De base, la BMW M1, c’est une engin démoniaque… pour son époque. Aujourd’hui, une RS6 lui montre ses fesses et lui met sa race. La dure loi de l’évolution technique et mécanique. Il n’empêche qu’à la fin des 70’s, quand la BMW M1 a montré le bout de sa calandre, avec ses lignes signées Giugiaro (largement inspiré par Paul Bracq) et son 6 en ligne sorti de chez BMW Motorsport, elle a fait son effet. D’autant plus qu’elle a été développée dans l’optique de finir sur un circuit. Basse, large, aérodynamique, la supercar allemande repose sur un châssis tubulaire dans lequel se love le célèbre M88 en position centrale arrière.
Pour le reste, entre le Procar, le championnat du monde de voitures de sport, l’endurance, et même le rallye et la course de côte, la M1 va entrer au Panthéon automobilistique. Mais pas que… puisque BMW a voulu en remontrer à ses concurrents en envoyant son missile sol-sol à plus de 300 km/h.
Remettons nos dans le contexte de l’époque… Nous sommes en 1981 et sur la route, aucune voiture n’a encore franchi la barre symbolique des 300 km/h. La Miura plafonnait à 285. Chez Ferrari, la 365 GTB4 BB, bien qu’annoncée pour 302 km/h, n’avait jamais passé les 290 km/h. Et c’était pareil pour la Countach (du moins quand elle ne s’envolait pas !). Si ce n’est dans des conditions spécifiques (Bonneville), en sport auto ou quelques caisses préparées (Koenig 512 BB ou Countach Wolf Specials), aucune caisse d’origine et de production ne passe encore les 300 km/h. Mais avec la BMW M1, les choses pourraient changer.
L’initiative va venir du pilote autrichien Harald Ertl. Alors que sa carrière commence doucement à décliner (après avoir piloté entre autre pour Alfa, Schnitzer, Zakspeed ou Hesketh en F1) et qu’il en profite pour basculer dans le journalisme auto, il va s’associer à BP qui cherche une opportunité afin de faire connaitre son AutoGas… le GPL ! Il leur propose d’utiliser sa propre M1 et de l’optimiser pour aller chasser les 300 km/h et ainsi s’offrir, ainsi qu’au pétrolier, un coup de pub sans précédent.
La voiture, un modèle de 79, va alors être dopé au GPL. Sachs rejoint l’aventure en fournissant de nouvelles suspensions. On l’équipe de jantes pleines de type Turbofan. Et Blaupunkt change les haut-parleurs… ne me demandez pas pourquoi, même ceux qui y étaient en 81 se posent toujours la question ! Un kit carrosserie vient habiller la M1 avec un spoiler avant, des bas de caisse et un nouveau coffre qui vient optimiser la trainée. Quelques prises d’air ont fleuri pour alimenter le 6 en ligne, mais surtout les deux turbos KKK qui sont venus lui prêter main forte en le shootant de 277 à 410 ch…
Le 17 octobre 1981, sur le circuit allemand d’Ehra-Lessien, Harald Ertl passe enfin la barre des 300 km/h avec une pointe à 301,4 km/h… dans une voiture qui n’est plus d’origine. Oui voilà, tout ça pour ça ! D’autant plus que le record ne sera jamais officialisé et qu’aucun document n’a été conservé, donc impossible de garder la moindre trace de ce « record »… la bonne grosse loose quand même.
Harald Ertl s’est tué l’année suivante dans un accident d’avion…. Ne reste donc que sa BMW M1 qui aurait été stockée sans y porter d’intérêt jusqu’à l’année dernière. Elle a refait surface et a par la même occasion permis de raviver la mémoire de certains quant à cette histoire de record officieux. Dans un sale état, elle s’est vendue pour 153000 €… un prix plus que correct pour celle qui serait la plus rare de la famille M1.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là… car peu de temps après la vente aux enchères de cette BMW M1 par Coys, une équipe de journalistes allemands se retrouve nez à nez avec la voiture dans un garage de Düsserldorf… qui présente un état surprenant, digne du jour de sa sortie d’usine ! Mis à part que le cuir de l’habitacle était crème, et pas noir. Après avoir mené l’interrogatoire auprès de Marcus Keller le propriétaire du garage Comco Classic Car Leasing où était exposé la voiture, l’histoire allait devenir claire. Il y a bien eu deux voitures…
A l’époque, Harald Ertl était associé avec Gerhard Freudenberg, un spécialise de la publicité avec qui il avait monté l’entreprise CAR, qui permettait d’organiser divers évènements autour de l’automobile, comme le fameux record pour BP. Et justement, dans le but de promouvoir le record de la M1 biturbo, ils ont fait assembler une 2ème voiture qui en reprenait l’esthétique mais pas la mécanique. Orange d’origine, elle a été équipée du même kit en Kevlar développé par Seger & Hoffmann, puis peinte en noir. Marcus Keller a d’ailleurs précisé que les ingénieurs du Walter Wolf Racing auraient contribué à son développement.
Comme quoi, celle que tout le monde croyait unique, s’est en fait, quelques jours plus tard, avérée avoir une soeur jumelle… plus soft, mais jumelle quand même. Allez, de quoi shooter le beauf dimanche prochain entre le poulet et la tarte aux pommes ! Non, ne nous remerciez pas…
Histoire sympatoche de début d’année!!!
je vais peut etre finir cultivé avec tout ces articles! merci pour cette page d’histoire