Ah la Californie… Les plages de sable fin, les palmiers, les filles en bikini, les surfeurs huilés (ouais faut équilibrer la balance !), le soleil toute l’année et ses roadsters pour cruiser cheveux aux vent ! La Porsche 356 Speedster s’avère être le déplaçoir idéal, pour se la jouer à la Dylan sur Sunset Boulevard. Surtout que celle qui arrive, elle y est même fabriquée…

Porsche 356 Speedster... West Coast Choucrout' ! 1

L’histoire de la Porsche 356 est étroitement liée aux USA et à un certain Max Hoffman. Les fidèles connaissent déjà ce prénom, celui d’un autrichien né à Vienne en 1904, fils d’un fabricant de vélo et qui dans les années 30, va devenir un importateur de voitures à succès. Mais voilà, l’emprise de l’Allemagne et leurs origines vont pousser les Hoffman à quitter l’Autriche pour s’installer à Paris avant d’être rapidement contraints de quitter l’Europe pour les USA et de poser leurs valises à New York. En plein conflit mondial, Max se lance dans le business des bijoux fantaisies. Il va ronger son frein jusqu’en 1947, année où il va enfin pouvoir revenir à ses premiers amours en ouvrant un show room au 430 Park Avenue afin d’importer mais surtout d’y vendre des Delahaye aux américains.

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Mais Max n’a surtout pas l’intention de s’arrêter là. Les GI, à leur retour d’Europe, ont kiffé ces p’tites sportives européennes, loin des blocs de tôle proposés par Detroit, des caisses plus compacts, plus légères, plus fun et souvent animés par de petits moteurs pétillants et blindés de caractère. Max a le nez fin et sent bien cette nouvelle vague envahir l’Amérique. En 48, plus de Delahaye, il va prendre contact avec Jaguar, Bentley, Rolls-Royce, Austin, Cooper Healy ou encore Morgan qui, bien trop occupés à remettre en place un réseau chez eux, acceptent de laisser à Max l’exclusivité pour distribuer leurs voitures sur la côte est américaine. En 1950, c’est Volkswagen qui rejoint les marques distribuées par Hoffman.

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Cette même année, Anton Piëch, le beau frère de Ferdinand Porsche et accessoirement ami de Max, lui parle d’une certaine 356. Aussitôt séduit, il décide de se rendre au salon de l’auto à Paris, afin d’y rencontrer Ferdinand. Quelques jours plus tard, Max retourne à New York avec deux 356 dans ses valises mais surtout, un contrat d’importateur exclusif sur tous les USA, avec un deal de 5 voitures vendues par mois à partir de 1951. Malgré ses efforts, Max ne remplira pas son objectif en vendant 32 voitures sur l’année. Mais il va largement se rattraper en 52 en écoulant pas moins de 283 Porsche 356… soit 20% de la production de Porsche.

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Cette année là, Hoffman sait qu’il peut faire mieux avec une voiture spécifique pour le marché américain, notamment en Californie et en Floride, avide de cabriolets et roadsters européens. Porsche répond à sa demande avec la 356 America Roadster, basée sur le cabriolet, carrossée en alu et équipée du Flat 4 de la 1500S fort de 70 ch pour 609 kg. Max ne va vendre que 16 voitures qui, pour lui, elle est encore beaucoup trop chère et trop élitiste. Alors il insiste et demande à Ferdinand de pousser le concept encore plus loin en imaginant un version plus pure, débarrassée de tout mais avec une carrosserie en acier pour pouvoir la vendre autour des 3000 $. Ferdinand remet ses ingénieurs au boulot qui, sur la base du coupé, imaginent un roadster à la silhouette plus dynamique. Histoire de tirer les couts au maximum, elle est débarrassée de tout superflux, équipée de deux baquets, d’un tableau de bord modifié et simplifié, et d’un pare-brise rabaissé et d’une fine capote fine étudiée juste pour du dépannage avec des vitres latérales escamotables. Le Speedster (Speed + Roadster) est né, et devient une version affutée, sportive et abordable.

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Présenté à l’automne 54, le Speedster devient rapidement un engin convoité par les sportifs vite séduits par son rapport poids / puissance. Qui plus est, tradition Porsche oblige, il est possible de le préparer pour aller lui chercher des watts en plus. Léger, sportif et tendance, il n’en faut pas plus pour séduire les californiens et le tout Hollywood.

Née low cost, c’est aujourd’hui l’une des 356 la plus prisée par les collectionneurs. Elle reste encore un déplaçoir fun, tourné vers les sensations, d’autant plus sur une petite route ensoleillée où ses 650 kg font des merveilles. Au niveau watts, née avec 60 ch, elle terminera sa carrière avec 110 ch sous le capot, et une Vmax de 200 km/h. Sauf qu’avec un côté qui dépasse les 250000 €, rouler en 356 Speedster, c’est aussi vivre dans le stress !

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Heureusement, il reste la solution de la réplique, d’autant plus que les spécialistes sont nombreux et que les réalisations souvent hyper clean, comme celle qui défile sous vos yeux, signée Vintage Speedsters. Châssis de Cox, liaisons et suspensions revues, caisse en fibre, Flat 4 aircooled de 1.8 l gavé aux carbus Solex et associé à une boite pont Freeway Flyer à 4 vitesses, jantes Lemmerz en 15″, intérieur cuir chocolat, volant Banjo, touches d’alu… On la croirait tout droit revenue des 50’s ! Qui plus est, elles restent immatriculables (j’ai pas dit homologuées) puisqu’avec une CG de Cox… même modifiée. Autant ne pas chercher à provoquer non plus. Mais l’avantage de la 356 Speedster, c’est qu’il n’y a pas besoin de mettre sa vie en danger pour se faire plaisir et en profiter.

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