Le restomod n’est plus une tendance, c’est devenu une véritable épidémie ! Elles y passent presque toutes… de la Dino 246 à la Type E… même la 205 GTi y a droit ! Aujourd’hui, c’est une Jensen Interceptor qui vient poser ses roues sur DLEDMV. Et autant vous dire que quand tu t’appelles Interceptor, on attend du lourd…

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Jensen Brothers

Si les Jensen brothers vont lancer leur marque dans les années 20, autant dire qu’au fil des décennies, leurs productions vont rarement dépasser la centaine d’unités et encore… 50 S-Type, 15 H-Type, 20 PW, 88 Interceptor (1ère du nom de 50 à 57) puis 226 Jensen 541 avant que la CV8 ne vienne exploser les chiffres avec une production de 499 exemplaires. Pas de quoi tirer un feu d’artifice !

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Big block et robe italienne pour l’anglaise

Mais voilà au moment de lancer de développement de la future remplaçante de la CV8, Jensen va confier le dessin et la future Interceptor à la Carrozzeria Touring. Pendant c’temps là, c’est Chrysler qui va fournir le V8. Pour le châssis, c’est Jensen qui va s’en charger (celui de la CV8 légèrement revu pour l’occase). Dans un premier temps, les châssis partaient en Italie afin que les voitures puissent être assemblées chez Touring mais aussi du côté de Vignale qui venait porter main forte. Si ce n’est que la qualité n’étant pas au rendez vous comme le voulaient les anglais, de sera finalement l’inverse qui se produira. Les carrosseries assemblées et peintes en Italie prendront la route de l’Angleterre.

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Interceptor

En 66, la Jensen Interceptor est présentée au salon Earl’s Court Motor Show, aux côtés de sa soeur jumelle, la Jensen FF, dont le particularité est d’embarquer une transmission à 4 roues motrices afin de devenir la 1ère voiture hors utilitaire, à embarquer ce type de transmission, 5 ans avant la Subaru Leone, 13 avant l’AMC Eagle et 14 avant l’Audi Quattro… Mais ceci est une autre histoire !

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Sous verre

La Jensen Interceptor affiche des lignes modernes pour l’époque. Son long capot et sa lunette arrière qui prend la forme d’un dôme de verre, attirent les regards. Dans l’habitacle de cette GT 2+2, on croise des tapis en laine Wilton, du cuir Connolly, des placages chromés… de quoi assumer son statut hors norme pour aller rivaliser avec les références de la catégorie.

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V8 Mopar

Sous le capot, le V8 6.3 l Mopar (Chrysler) et ses 335 ch est associé à une boitoto 3 vitesses ou, en option, une manuelle à 4 rapports. Vous comprendrez que le sport n’est pas forcément de la partie. Malgré ses perf dignes d’une Jaguar Type E ou d’une Aston DB6 et un châssis équipé de quatre freins à disque et d’amortisseurs réglables en dureté depuis le tableau de bord, l’Interceptor a du mal à suivre le rythme une fois les lignes droites disparues. 1800 kg et une conception dépassée suffisent à en faire une reine du cruising.

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Six Pack

Justement, en 69, l’Interceptor MkII affiche un châssis avec de nouveaux réglages… du mieux, mais pas de miracle pour autant. Deux ans plus tard, Jensen remplace le 383 ci par le V8 Six Pack, un 440 ci (7.2 l) fort de 305 ch (un carbu 4 corps) ou 385 ch (gavé par trois double corps). Une façon de recycler ce big block qui a été bani des States en raison de ses rejets de CO2 trop importants. De quoi faire de l’Interceptor SP, l’une des GT les plus rapides du marché et d’en profiter pour faire évoluer une fois de plus l’Interceptor qui passe en 71 en mode MKIII. Même si le poids ne s’arrange pas, le châssis commence enfin à encaisser sans pour autant devenir une spécialiste du time attack.

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Trop c’est trop

C’est à ce moment là que chez Jensen, on se sent pousser des ailes. En même temps, l’Interceptor a enfin permis au Jensen de se faire un nom et de remplir les carnets de commandes. Mais comme souvent, l’état major s’enflamme et en 72, on voit débarquer la Jensen Healey, un roadster équipé d’un 4 cylindres 2.0 l Lotus. Sur le papier, le projet est aussi séduisant qu’ambitieux. Dans la réalité, c’est un cauchemar… la fiabilité n’est pas là et cela va plomber la santé de Jensen. En 73, l’Interceptor connait sa dernière évolution et voit débarquer un cabriolet. En 74, les comptes sont dans le rouge. En 75, Jensen présente l’Interceptor coupé (montant central et lunette arrière revus), mais c’est déjà trop tard… quelques mois plus tard, c’est le dépot le bilan ! Fin du game… après 6595 exemplaires vendus.

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Remise en route

Maintenant que les présentations sont faites (et bien faites !) on enchaine avec celle qui vous taquine la rétine depuis le début de cet article. Une Interceptor MKIII de 73 avec son gros 440 ci qui pionçait un fond d’un hangar de Guernesey. Elle avait besoin d’être remise en route et d’une bonne cure de rafraichissement. En y étant, le gars est parti sur un restomod. Un peu de pompelup n’a jamais tué personne… en dehors de quelques puristes ! Mais il parait qu’en Angleterre, ils ont droit à un quota de pertes !

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Jennifer !

Bref ! Il va falloir 5 ans pour redonner vie à celle qui va s’appeler Jennifer… ne me demandez pas pourquoi (j’trouve ça tellement ringard de donner un prénom à sa caisse…!). Il n’empêche que Jennifer va retrouver mise à poil avant de recevoir quelques panneaux neufs et que le reste soit refait dans les règles de l’art. En y étant les ailes ont gagné du muscle, les pare choc ont été enlevés et la lèvre avant retravaillée. Les poignées ont disparu et une robe Mercury Silver empruntée au nuancier d’Aston Martin se charge du look. Dans l’habitacle, la sellerie en cuir noir matelassé est contrasté par des surpiqûres blanches. On y trouve aussi des compteurs Jaeger, un volant Moto Lita, une clim Vintage Air et une sono à vous faire saigner les tympans !

Enfin au niveau

Au niveau châssis, les trains roulants n’ont plus rien à envier à une sportive moderne. Double triangulation à l’avant, multibras réglables à l’arrière, freinage Fosseway Performance et jantes Rocket Racing de 17″ chaussées en Goodyear de 225/55.

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Edelbrock Performance

Sous l’capot, le V8 440 ci a vu débarquer un kit Edelbrock Performance avec de nouvelles culasses équipés d’arbres à cames plus pointus, de grosses soupapes en alu, des poussoirs et galets, mais aussi d’un carbu 4 corps d’un collecteur d’admission et d’un allumage électronique. Toute la ligne est en inox et débouche sur deux sorties asymétriques.

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A suivre…

Finalement, la cure restomod sied parfaitement à la GT anglaise. Modernisée sans pour autant renier son ADN puisqu’elle conserve son V8 d’origine. Rien à voir avec l’Interceptor de Letty dans Fast 6 qui embarquait un V8 LS3 ou avec la méchante Viperceptor, celle de Brook Anderson au V10 de Viper. Elles aussi va falloir qu’on en parle…

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