Pontiac Fiero Huffaker IMSA 1985 – Racer demi-portion ?
par Martin Gillet | 11 juin 2021 | Racing |
Y a des caisses comme ça, qui se trainent une réputation incroyablement ringarde. Pourtant elle est plutôt cool cette Pontiac Fiero, un coupé 2 places à moteur central, ça ne court plus trop les rues de nos jours ! Enfin si sa dégaine est aujourd’hui kitschissime, GM y croyait dur comme fer à son bolide, à tel point qu’ils l’ont engagée en IMSA !
Je vais replacer cette Pontiac dans son contexte : car elle est plus qu’une base de replicas Ferrari foireuses. Cette caisse, c’est la riposte de GM face au péril jaune ! Depuis les années 70, les constructeurs Japonais, n’ayant manifestement pas encaissé de s’être fait vitrifier la gueule par Oncle Sam, envahissent le marché américain, grignotant petit à petit le pré carré des Big Three.
Autant l’offensive Jap était subtile, les nippons occupant des créneaux négligés par Detroit, autant la riposte sera frontale : les ricains vont tenter de réinvestir les dits créneaux. À moins d’être aveugle, on devine de suite la cible de Pontiac : la Toyota MR. Un truc hi-tech, un petit coupé sexy mû par un 4 cylindres, une voiture pour michetonneuse de Beverly Hills en somme.
Mais à Detroit, les caisses de cagoles pour faire la navette entre le spa et l’esthéticienne, ce n’est pas vraiment leur tasse de Jack. Du coup Pontiac a souhaité mettre en avant les perfs de la Fiero en engageant sa dernière née dans le championnat GT le plus viril de la planète : l’IMSA.
Drôle d’initiative… Dans la gamme Pontiac, il y a une autre caisse qui passerait bien en IMSA… La Firebird ! Bien sûr, vous voyez direct : la caisse de Michael Knight ! Descendante des Muscle Cars, elle vise justement le marché des moustachus à Stetson membres de la NRA que l’on retrouve au bord des Speedways. Mais bon, au marketing on s’est dit qu’on pouvait peut être leur fourguer des 4 cylindres… Curieux !
Rassurez vous… Il y a une explication rationnelle à tout ça. Durant les années 80, la règlementation IMSA a évolué et autorise l’utilisation de voitures « Silhouette ». Pour faire court, exit les voitures dérivées de la série, bonjour les châssis tubulaires avec coque en fibre évoquant vaguement un modèle commercialisé ! Vous la voyez l’arnaque ?
GM a donc profité de l’aubaine et missionné Joe Huffaker pour concevoir une machine de guerre déguisée en Fiero. Le préparateur californien n’est pas franchement un débutant, ses roadsters anglais affutés et méchants protos maison écument les championnats SCCA ou Can-Am depuis les sixties avec un certain succès. Le bonhomme a notamment fait rouler Dan Gurney, excusez du peu !
Huffaker Engineering va donc pondre 15 châssis aux specs IMSA-GTU pour Pontiac. La gamme Fiero a beau être chapeautée par un V6, c’est bien un 4 cylindres que l’on retrouve sous la fibre de verre. Enfin un 4 pattes US hein… Il cube tout de même 3 litres ! Mais ce n’est pas un moulin rustique pour autant, nanti d’une culasse alu et gavé par un injection Kinsler, c’est une vraie bête de course ! Hewland fournit la boite 5 chargée d’envoyer la patate sur les gros Goodyear arrière.
Et de la patate, il y en a… 345 bourrins pour être précis ! Amplement suffisant pour permettre à ce poids plume de rivaliser avec bien plus balèze. Ça commence à moins rigoler du coup, et pour enfoncer le clou, Pontiac va la faire courir sous une livrée bien badass : Goodwrench, les pièces aftermarket GM, comme la caisse de Dale « The Intimidator » Earnhardt, légende badass de la NASCAR.
C’est donc un vrai monstre cette petite Pontiac, et son palmarès le confirme. À son volant, Bob Earl va amasser pas moins de 10 victoires et 16 pôles, écrasant totalement la catégorie GTU. Pas mal pour une caisse de gonzesse à 4 cylindres non ?
Prix du jouet aujourd’hui? Peut être cool pour faire du track days ultra hype!!!
J’en ai possédé une, le V6 fast black, vraiment sympa, le bruit surtout, mais… je n’ai jamais pu l’immatriculer, elle venait de Hambourg, elle est partie à Bruxelles… ☹️