La Fiat 8V, vous mettez n’importe qui devant c’te caisse et vous lui dites que c’est une Fiat, jamais on ne vous croira. Si en plus vous rajoutez qu’elle a un V8 sous le capot, vous risquez de gagner un aller simple pour l’asile avec en bonus, le gilet avec les manches dans le dos. Et pourtant ! C’te beauté mécanique a bien vu le jour à Turin…
Voilà, j’ai enfilé mon costume de père motor. Bien obligé pour vous causer d’une voiture comme la Fiat 8V qui doit probablement être la Fiat la plus bandante de l’histoire. La plus surprenante aussi car véritablement décalée par rapport au logo qui orne sa calandre… ou pas, puisqu’il faut croire que même chez Fiat, on a tellement été surpris par le level de l’engin, qu’ils se sont dits : « Non laissez, on va pas dire que c’est une Fiat ! ». Ouais, n’en déplaise aux aficionados de la marque, mais rien n’affiche les origines turinoises de la belles, si ce n’est son logo 8V.
Fiat a vu le jour en 1899, fruit de l’association de 30 actionnaires dont un certain Giovanni Agnelli. 120 ans plus tard, l’image de Fiat, c’est la populaire italienne. Ca fait sourire, mais ça a suffit pour en faire un mastodonte industriel pour tout ce qui est motorisé… de l’utilitaire aux véhicules agricoles en passant par les poids lourds, les engins de travaux publics et les générateurs. De quoi racheter Chrysler en 2009…
Enfin si Fiat a toujours cherché à proposer des voitures populaires et accessibles, il fut un temps où la marque a vu les choses en grand en voulant s’attaquer au marché américain. Pour cela, il faut un V8. Les ingénieurs vont sortir un bloc pendant que Pininfarina va se charger de lui assembler un proto pour l’accueillir sur base de la berline 1400. Sauf que l’essai va être loin d’être transformé. La caisse est trop lourde et c’est un veau. La direction revoit alors ses plans et décide de conserver le moteur, tout en misant sur un coupé sportif plutôt que de miser sur une familiale. Le projet châssis / Carrosserie va être confié à Siata (Societa Italiana Auto Trasformazioni Accessori) et pour le moteur, c’est Rudolf Hruska, un ancien de chez Porsche qui va se charger d’aller lui trifouiller les conduits.
L’équipe de Siata va assembler un châssis tubulaire aussi rigide que léger à suspension indépendante à l’avant et à l’arrière. Il est ensuite habillé de panneaux d’acier pour en faire un coupé fastback dont les lignes vont être peaufinées à Turin dans la nouvelle soufflerie Fiat. Il reçoit le V8 tout alu de 2.0 l, compact (70°), avec un arbre à cames monté au milieu et gavé par deux carbus double corps Weber 36. Il développe 105 ch à 6000 trs pour 146 Nm. Avec 930 kg sur la balance, au début des 50′, ça faisait le game.
La Fiat 8V débarque officiellement au salon de Genève 52, un coupé biplace aux courbes aérodynamiques et au caractère sportif. La première voiture achetée va être engagée quelques semaine plu tard aux Mille Miglia où elle terminera 5ème de sa catégorie.
En 54, Fiat a vendu… seulement 34 voitures ! Au salon de Turin, Fiat présente une évolution de la 8V. Le bloc est passé à 115 ch et une version Competizione optionnelle le fait passer à 126 ch. La carrosserie est maintenant en fibre de 3mm et n’affiche que 49 kg. Mais elle ne sera jamais produite, en septembre 1954 la direction de Fiat ne relancera jamais la production de la 8V. Game over !
Au final, 114 Fiat 8V vont tomber des lignes… enfin, 114 châssis (plus les 96 fournis à Siata). Au delà des 34 voitures officielles, plusieurs châssis se sont retrouvés chez des carrossiers différents. 30 sont passés par les ateliers de Zagato, 10 par celui de Vignale (dont 3 coupés Red Demon et 2 Spider), enfin les 40 ont été confiés à Ghia où 15 d’entre eux passeront en Supersonic, qui comme leur nom l’indique, sont inspirées de l’aviation. Leur histoire, je vous l’ai déjà racontée dans cet article…
Cacher ce qui aurai pu être son porte étendard, cela peut t’il expliquer l’échec du programme??? Les cotes de ces rares engins doivent elle être réellement « supersonic »!!!