Rassurez vous, j’vais pas vous refaire le coup des ricains qui collent des V8 de partout… mais il faut bien reconnaitre qu’les gars ils ont un problème avec ça. Tenez, prenez cette BMW E3, ou Bavaria c’est comme vous voulez. Elle avait besoin d’être remise en état alors de suite, sans avoir le temps de s’en rendre compte, elle s’est retrouvée avec un V8 entre les ailes avant ! Allez venez, je vous raconte…
Enfin il y a une petite différence entre la BMW E3 européenne et la BMW Bavaria américaine. Et cette différence, on la doit à un certain Max Hoffman. Si rappelez vous, l’importateur number one des sportives européennes sur le sol américain qui a convaincu plusieurs constructeurs afin de donner naissance aux 300 SL Gullwing et roadster, Porsche 356 Speedster, Mercedes 190 SL, BMW 507 et 2002 ou encore à la Lancia Aurelia B20 GT Spider…
En 69, la BMW E3 était importée de l’autre côté de l’Atlantique avec les 6 en ligne de 2.5 l et 2.8 l. Mais une fois encore, Max Hoffman va venir changer la donne en demandant à BMW de revoir la gamme spécialement pour lui. L’importateur demande au constructeur d’assembler deux modèles spécifiques pour le marché américain. Le premier devra proposer la finition de base de la 2.5 l sauf qu’elle recevra le 2.8 l, l’objectif étant d’en faire un produit d’appel vendu à 6000 $. Dans le second, on retrouve une version full options, motorisée par le 6 en ligne de 3.0 l (que BMW finira également par mettre dans la gamme en Europe). Un grand écart qui va séduire les amateurs de la marque à partir de 71 alors qu’Hoffman a rebaptisé la E3 qui s’appelle maintenant Bavaria. En 77 elle prend sa retraite, remplacée par la E23, celle qui allait inaugurer la nouvelle série 7 chez le constructeur allemand. Mais ceci est une autre histoire…
Il n’empêche que la E3 est rapidement tombée dans l’oubli… forcément, beaucoup ont fini mangées par la rouille au fond d’un terrain, d’autres plus chanceuses entreposées à l’abri d’une grange ou d’un hangar, attendant une éventuelle remise en route. C’est le cas de celle qui défile sous vos yeux. Après plusieurs décennies de repos forcé, elle a revu la lumière du jour. Si la caisse et l’habitacle n’avaient pas foncièrement morflé, ce n’était pas le cas du 6 en ligne qui avait rendu l’âme, bloqué à tout jamais !
Du coup, un gros nettoyage ne lui a pas fait de mal. La caisse, débarrassée de son pare-choc pour un look plus racing, a rapidement retrouvé sa gueule de squale en robe Riviera Blue. Dans l’habitacle c’est la même… full d’origine à part le duo de baquets Recaro SRD en tissu bleu.
Niveau moteur, il fallait donc remplacer le 6 en ligne et forcément, aux states qui dit swap, dit V8… du coup, notre berline allemande s’est retrouvée avec un LS1 sur le train avant. Le gazier, emprunté à une Pontiac Firebird, est donc un 5.7 l de 345 ch et 486 Nm de couple, associé à une boite 6 manuelle, une Borg-Warner T-56 et à un DGL de BMW E28.
Histoire qu’elle puisse encaisser et rester sur la route, le châssis a été revu. Les suspensions sont des combinés amortos Bilstein avec ressorts Ireland montés sur les platines Ground Control afin de régler le camber. Le pont arrière vient d’une E28, tout comme le freinage. Aux quatre coins, la caisse est posée sur des jantes M-System en 17″ chaussées en Hankook Ventus de 235/45.
Elle vous a inspiré ? Alors bougez vous. Si la BMW E3 s’échangeait pour le prix d’un paquet de Pepito il y a encore une p’tite dizaine d’années, aujourd’hui, sa côte a méchamment pris de la graine. D’autant plus que les survivantes propres, commencent à se faire rares. BMW en a produit un peu plus de 220000 exemplaires. Lorgnez du côté des granges, il doit y en voir quelques unes qui doivent encore y trainer…
© Blyguy via BaT