Retour dans le passé en Avril 2003, au salon de l’auto à Barcelone où, pour une fois, tous les projecteurs vont se tourner sur… une Seat ! Qui l’eut cru ?! Avec sa Cupra GT le constructeur ibérique souhaite démontrer le savoir faire de ses équipes mais aussi, montrer qu’il pouvait se mêler à l’élite du GT sur circuit… ou pas !
Seat a vu le jour en 1950 en pleine sortie du conflit mondial, alors que l’Europe est en pleine reconstruction et avide de petites voitures populaires. La Sociedad Española de Automóviles de Turismo passe donc un accord avec Turin afin d’assembler sous licence et de vendre sur le territoire espagnol, des Fiat 1400 et 1500, une berline familiale cossue, pas forcément en adéquation avec les attentes de la population.
Non, le véritable coup de maitre qui va réellement lancer la marque, il va arriver en 57 avec la Seat 600 qui va rapidement devenir le symbole de la reconstruction nationale, rien que ça ! La 600 est une voiture modeste, mais qui sait se montrer pratique et familiale, capable d’être fidèle pour mener la famille sur la Costa Brava. Bien entendu, la Seat 600, c’est une Fiat 600… retouchée et légèrement modifiée afin d’y donner une identité propre. En 63, Seat va même lui rallonger l’empattement et y greffer deux portes arrière. Elle devient la Seat 800 et va même avoir droit à une version utilitaire. Le succès est au rendez vous avec 100 000 voitures vendues dès la première année.
C’est en 1976 qu’à côté des Fiat rebadgées, la marque va proposer son propre modèle, la Seat 1200 Sport, un coupé largement inspiré par NSU… d’ailleurs vous remarquez, quand une marque veut se créer une véritable identité, elle le fait par un modèle sportif ! J’vous en ai parlé y’a pas longtemps avec la Dacia 1310.
En 1979 un projet d’accord d’intégration préliminaire est signé entre Seat et Fiat, pour une période d’un an. Cependant, le constructeur italien demande à l’état espagnol de couvrir les 20 milliards de Pesetas dettes de Seat. Pour montrer sa bonne foi, Fiat verse 3 milliards. Un bras de fer commence entre les Agnelli et le gouvernement ibérique en pleine mutation depuis la mort de Franco en 75 et alors que tout le monde voit déjà la marque espagnole rejoindre le paquebot italien, en juin 1980 en proie à des difficultés sociales dans ses usines, Fiat se désengage et cède toutes ses actions à l’INI (Instituto Nacional de Industria) une entité gérée par l’état espagnol.
En 81, Seat réussit à conclure un nouvel accord avec Fiat pour prolonger les licences des 127, Ritmo et Panda. La marque stoppe ses projets et l’ambition n’est plus de mise dans les couloirs du siège à Martorell. Les clients sont déçus, les ventes s’effondrent. En 1982, alors qu’on s’dit que ça commence sérieusement à sentir le sapin pour Seat, une surprise va venir d’Allemagne. Le Groupe VAG lorgne sérieusement sur le constructeur espagnol. Le gouvernement espagnol renfloue les caisses à hauteur de 180 milliards de Pesetas alors que VAG achètent 50 % des parts pour 40 milliards. En contre partie, le groupe allemand offre à Seat un réseau de vente international et s’engage à assembler certaines Audi et VW dans les usines espagnoles. Le deal est passé au grand damne des Agnelli qui voient rouge et se sentent lésés par la différence de traitement entre eux et le constructeur allemand.
En 84 l’Ibiza entre en jeu, en reprenant en fait un projet signé Italdesgin qui avait alors été refusé par VW pour en faire la Golf 2. Elle emboite le pas à la Malaga, basée elle sur la plateforme de la Ritmo. Le temps de laisser Seat arriver au terme de ses licences avec Fiat et en 86, les allemands passent alors à 75% au capital pour en faire officiellement le 3ème constructeur de VAG derrière VW et Audi. La machine est en route… Le blason Porsche apparait sur les petites Ibiza. Puis en 91 l’arrivée de la Toledo signe l’entrée en jeu de ma première Seat développée en collaboration avec le bureau d’étude de VW et qui jouit d’une qualité plus germanique qu’ibérique ou italienne. En 93 la nouvelle Ibiza enfonce le clou en étant un clone de la Polo. La Deutsche Qualität a traversé les Pyrénées ! Mais malgré cette impressionnante transformation, Seat garde l’étiquette de la marque populaire. Les ventes sont là, même si chez VW on aimerait bien relever l’image de la marque espagnole… et une fois encore, c’est par le sport que ça va passer.
En 2003, au salon de l’auto de Barcelone, les projecteurs sont tous tournés vers le stand Seat où repose une impressionnante supercar, la Cupra GT. L’objectif est multiple. D’abord inaugurer avec Cupra l’arrivée de la nouvelle appellation sportive de chaque modèle de la marque. Ensuite l’homologuer afin de l’engager dans le championnat GT espagnol. Enfin, montrer le savoir faire du constructeur espagnol puisque la voiture est née d’une collaboration conjointe entre Seat Sport et Seat Design Center.
Les premiers se sont chargés du châssis et du moteur. Deux treillis tubulaires réunis par une coque centrale en carbone renforcé offrant rigidité et légèreté, reçoivent les trains roulants à double triangulation, maintenus par des suspensions Öhlins. Le freinage vient de chez AP Racing et se cache derrière des jantes forgées en 18″ avec écrou central chaussées en 265/650 et 285/680. En position centrale arrière, on retrouve un V6 3.0 l d’origine Audi, shooté par deux turbos pour lui faire cracher 500 ch et 600 Nm qui filent aux roues arrière via une boite 6 séquentielle. Affichant 1100 kg sur la balance, la Cupra GT revendique le 0 à 100 en 4 secondes avant d’aller plafonner à 295 km/h.
Les seconds se sont occupés du dessin, avec à leur tête, Walter de Silva (papa entre autre, de l’Alfa 156, des Audi TT et R8 mais aussi de la Miura Concept de 2013)… les lignes sont impressionnantes, séduisantes et sportives. Dictées par l’aéro on reconnait la signature visuelle du constructeur et de son créateur. C’est une réussite… d’autant plus que c’est une voiture de course à l’aéro particulièrement travaillée avec lèvre avant, fond plat qui débouche sur un diffuseur XXL et un aileron monstrueux. Pourtant Seat n’a pas osé franchir le pas en la commercialisant… les clients auraient ils déboursé un prix à six chiffres pour acquérir une supercar signée Seat ? On ne le saura jamais…
En attendant, elle enfilera un jogging pour passer en mode compet’ et s’aligner en championnat GT espagnol où finalement la Cupra GT s’avèrera plus séduisante que performante… Engagée de 2004 à 2006, elle prendra 27 départ, verra la ligne d’arrivée à seulement 11 reprises, pour ne réaliser qu’un seul podium (2ème place) et deux victoires de classe. Pas de quoi faire péter le champagne…
Il n’empêche que l’objectif fut quand même rempli. Même si aujourd’hui la Cupra est tombée dans l’anonymat, à l’époque, elle avait fait saliver les médias auto européens, tous séduits par sa ligne. Une Seat sportive… qui l’eut cru ? En attendant, si depuis la marque n’a toujours pas franchir le pas pour proposer une supercar, elle n’a rien à envier aux références sportives des différentes catégories où elle est présente !
© DR via signatures éventuelles
L’allure générale du concept rappelle d’autres autos plus moins « ibériques » sorties plus tard comme la GTA Spano ou dans une moindre mesure l’ Hispano Suiza Boulogne Carmen électrique. Pour peu qu’une partie des designeurs soit les mêmes .
Seat a evolué vers plus de sport et Cupra et maintenant une marque « premium » » à part » (comme DS chez Citron)!!!
C’est moi ou elle a un faux aire de bugatti veyron?
Le design est pas mal, je me souvenais pas de se modèle.