’79 Rolls Royce Corniche Saloon – Une berline deux portes pour les VIP !
par Thierry Houzé | 3 mai 2022 | Street |
Pour moi, une Rolls Royce Corniche, c’était la version cabriolet de la Silver Shadow. Eh ben non ! Il a fallu que je me rende à un rasso il y a quelques semaines pour croiser la route d’un imposant coupé Corniche tout de blanc vêtu qui, je le reconnais, a excité ma rétine. Quelle présence, quelle classe et quelle caisse qui mérite que je vous en cause sur DLEDMV !
En 65 chez Rolls Royce, l’arrivée de la Silver Shadow, c’est le passage à la modernité, à l’originalité mais surtout, la fin d’un conservatisme qui devenait lourd à porter. Attention, modernisme ne veut pas non plus dire bafouer l’ADN du Spirit of Ecstasy. Faut pas déconner non plus. Mais la marque a quand même besoin de dépoussiérer les traditions ancestrales qui dictaient la conception de ses voitures avant elle.
La Silver Shadow va ainsi devenir la première Rolls monocoque autoportante, posée sur des trains roulants indépendants, avec suspension arrière hydropneumatique accompagnée d’un correcteur d’assiette et équipée de freins à disques. Pour le reste, on ne sera pas perturbé. Le look est indémodable, le gabarit impose le respect tout comme le luxe qui habille l’habitacle… une vache par siège, un mouton par tapis de sol et une noyer par placage ! Enfin sous le capot, la Silver Shadow va se contenter du V8 6.25 l de la Silver Cloud avant de recevoir à partir de 1970, le tout nouveau 6,75 l tout alu associé à la moderne boitoto Hydramatic Turbo de chez GM.
Pour la petite anecdote, le passage à la monocoque va signer la mort des carrossiers Park Ward et H.J. Mulliner qui habillaient les châssis Rolls. Et plutôt que de les abandonner à leur sort, la marque va simplement les racheter et leur confier la fabrication d’un coupé… ou plutôt une berline deux portes dont la ligne adopte un léger décroché à la naissance des ailes arrière. C’est l’une d’elle que j’ai eu la chance de croiser il y a quelques semaines… et dont j’ignorais totalement l’existence ! En même temps, cet élégant coupé n’a été diffusé qu’à 1699 exemplaires au cours de ses deux vies…
En effet, en 66, quand il rejoint le catalogue Rolls Royce, il s’appelle Silver Shadow two door saloon (591 produits)… avant de devenir à partir de 71 Corniche Saloon (1108 produits plus 63 avec le blason Bentley) pour disparaitre en 1980.
Il n’empêche que malgré sa rareté, l’engin en impose et affiche une posture à l’image de son statut social. Ne croyez pas ce que racontent les photos, son format est XXL avec 5m20 de long pour presque 1m90 de large sur 1,50 de hauteur. Le gabarit d’un bon gros bébé de 2,3 tonnes ! En même temps, on est Rolls ou on ne l’est pas. Car dans l’habitacle, où que vous posiez les yeux, vous ne croiserez que du cuir, du bois, de la moquette ou du chrome. Le style a vieilli, mais le charme fait toujours son effet.
Si l’engin revendique 200 ch et 540 Nm de couple, c’est tout simplement pour déplacer l’enclume à un rythme… correct. De toute façon, on ne provoque pas une Rolls, elle n’est pas faite pour cela. Avec elle, on se vautre dans le luxe de son habitacle, bercé par du Bach ou du Mozart, et on part cruiser en mode retraité sur une route qui longe la côte méditerranéenne ou atlantique… oui, sur une corniche. C’est d’ailleurs pour cela qu’on lui en a donné le nom. D’ailleurs si vous roulez au rythme d’une péniche, le V8 engloutira sagement ses 25 l au 100… et si vous voulez jouer du pied droit pour voir c’qu’il a dans le vendre, il passera allègrement des 35 l de moyenne !
Bon, entre nous, si c’est pour cruiser, ça peut aussi marcher avec du bon vieux hip hop, du airride, des jantes en 18″ et une ligne inox histoire de laisser chanter le V8. Oui, un Spirit Of Ecstasy à la sauce VIP, ça doit claquer du boule et énerver les coincés du sphincter… et ça, on aime bien !
La grand mère de la Wraith, le dynamisme en moins!!!