Croiser une Mitsubishi Lancer Evo X, c’est déjà pas courant… alors croiser une Mitsubishi Lancer Evo X qui coure en rallye, c’est encore plus rare. D’après Lionel, ils seraient moins de 5 à les dompter dans les spéciales du championnat de France et de la coupe de France des rallyes. Alors forcément, j’ai sorti le matos et j’me suis dit que j’allais vous en parler…
La Mitsubishi Lancer Evo X, c’est le dernier chapitre d’une lignée qui a démarré en 92 histoire d’homologuer la bestiole en rallye. La base n’a jamais changé, 4 roues motrices et bloc 4 cylindres 2.0 l 16s turbo… pour le reste, la Lancer Evo n’a cessé d’évoluer au fil des générations.
En 2005, Mitsu dévoile au salon de Tokyo le Concept X. Conçu par Omer Halilhodžić, la voiture annonce les prémices de celle qui va débarquer en octobre 2007… sauf qu’entre temps, Mitsubishi va cesser son programme officiel en WRC au terme de la saison 2005. Attention, cela ne veut pas dire que la marque a abandonné le rallye. Non, elle fournit la voiture, dont l’engagement est désormais géré par des teams privés ou semi-officiels.
Il n’empêche que l’Evo X, reprend l’ADN de ses frangines. Son 4 cylindres tout alu remplace l’éternel 4G63 qui a fait le bonheur des Mitsu depuis la Lancer EX 2000 Turbo et la Galant VR4. Fort de 295 ch et avec 406 Nm de couple dès 3500 trs, il est associé à une boite 5 manuelle ou à une boite robotisée 6 vitesses (Twin Clutch SST) à double embrayage et palettes au volant.
Au niveau du look, la japonaise affiche la couleur avec sa gueule qui semble grande ouverte pour dévorer l’asphalte. La Lancer Evo X joue à la méchante. Au niveau du châssis, lui aussi entièrement nouveau, Mitsu y a mis tout son savoir faire. Par rapport à l’Evo 9, il est plus rigide, les ingénieurs japonais ont pris soin d’abaisser le moteur, de raccourcir les portes à faux, de rallonger l’empattement, d’y coller des suspensions plus raides et d’envoyer la batterie dans le coffre pour une meilleure répartition des masses. Le train avant est à double triangulation, l’arrière fait confiance à du multibras. La transmission intégrale S-AWC est une évolution de celle de l’Evo 9 avec la collection de différentiels comprenant le Torsen à l’avant et les deux autres pilotés électroniquement au centre (ACD) et à l’arrière (AYD) assistés par un ESP entièrement déconnectable.
Malheureusement l’Evo X a un gros défaut. Mitsu a voulu la positionner en face des berlines allemandes. Son équipement et sa finition ont fait un bon en avant… son poids aussi. Et encore, ils ont limité la casse en adoptant beaucoup d’aluminium (amortisseurs, trains, triangles, capot, ailes, toit ou encore pour le bouclier arrière). Mais avec 1600 kg sur la balance, la ballerine est devenue rugbyman. Ferme sur ses appuis, mais plus adepte du passage en force que de la grâce. Il ne faut pas avoir peur de l’envoyer, de la violenter, de la jeter… Allez lâche toi, mets lui la fessée elle aime ça et en redemandera !
Et ça, c’est maintenant le rôle de Lionel… chasseur de chrono depuis 1997, notre homme a plus de 100 rallyes à son actif avec un beau palmarès fait de scratchs, de victoires de classe en Gr.N couronnées de plusieurs coupes de France N4. A partir de 99, il va se faire la main en N2 pendant trois saisons sur une 106 Rallye, avant de passer sur sa soeur S16 en 2002. Puis une ZX 16v qui va l’accompagner pour deux saisons (en F2/14) avant de sauter derrière le volant d’une Clio RS (N3) jusqu’en 2011 où il passe en A6K avec une Saxo VTS Kit Car. C’est en 2014 qu’il revient en N4 à bord de sa première japonaise, une Mitsu Lancer Evo 9 qu’il remplacera en 2020 par l’Evo X.
La bête, vous l’avez devant les yeux, en tenue de combat, stickée et vidée. Le poids a beau avoir diminué, elle reste lourde face aux légères (débrouillez vous avec c’te phrase !). Sous le capot, le bloc d’origine mais libéré via une ligne inox en straight pipe, affichait un peu plus de 300 ch… sauf que pour la saison 2022, Lionel a décidé de passer en A8 et y a greffé une boite carbone pour gaver l’admission avec une bride de 34 mm… de quoi gagner 20 ch. Elle conserve également sa boite 5 manuelle en H.
Une fois en action, Lionel le reconnait, il ne faut pas lui faire de cadeau. La Lancer encaisse, poussée dans ses retranchements. Elle s’agrippe au bitume, passe en force, et déchire le silence en ponctuant chaque changement de rapport d’une déflag’ ! Voilà, c’est ça une Lancer Evo, un monstre qui ne craint personne mais qui demande juste à être dompté.
Assisté par le garage Barnouin, Lionel est prêt pour la coupe de France des rallyes 2022. Et faisant partie des DLEDMV Racers, on va suivre sa saison et on vous donnera des nouvelles.