’88 Porsche 911 Carrera 3.2 Targa – Du backdating cheveux au vent…
par Thierry Houzé | 14 juin 2023 | Street |
Si vous êtes un fidèle lecteur, vous savez qu’il nous faut régulièrement notre p’tite cure de Porsche 911… l’icône des sportives européennes, la grand mère de Stuttgart a en effet une place d’honneur sur DLEDMV. Et en plus, si elle est backdatée ou restomodée, alors là, c’est feu d’artifice !
Au milieu des 70’s, la Porsche 911 n’est plus que l’ombre d’elle même. En pleine crise pétrolière, la sportive allemande a du mal à se frayer une place au milieu des 924 et 928. D’autant plus que le Dr Furhmann, le boss de Porsche depuis 1972, ne voit l’avenir de la marque qu’à travers les PMA.
Si cette nouvelle politique commerciale a de quoi énerver les puristes, les chiffres de ventes confirment pourtant sa vision. La Porsche 924 est un succès, les ventes sont au rendez-vous. A l’opposée, la Porsche 928 s’avère être la référence des GT. Même si les ventes sont plus anecdotiques, son prix offre à Porsche une marge confortable et permet surtout de renflouer les caisses.
Pendant ce temps là en 76, la 911 Carrera s’efface et laisse la SC seule représentante de la famille 911. Elle doit se contenter de 180 ch, une honte à son ADN… et les conséquences ne se font pas attendre, la 911 ne s’est jamais aussi peu vendue. Jugée dépassée, victime d’une conception qui commence à accuser le poids des années, surtout face aux nouvelles venues avec leurs moteurs à l’avant, les experts valident que ça sent méchamment le sapin pour celle qui a vu le jour en 64 et dont manifestement les jours sont maintenant comptés. Certains diront que quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage !
Pourtant, depuis 75, la 911 s’offre un sursaut d’orgueil. L’arrivée du turbo sous son capot montre qu’elle a encore de beaux restes à partir du moment où on veut bien lui laisser sa chance. La 930 Turbo pulvérise toutes prévisions de ventes. Les fans sont bel et bien encore là. Ils montrent juste qu’ils veulent une vraie 911, sportive, avec des watts dans l’cul !
Il faudra alors un concours de circonstances pour que la donne finisse par changer. En 1980, le Dr Furhmann se voit obligé de quitter ses fonctions, en proie à de graves problèmes de santé. Il est remplacé par Peter Schutz, un américain d’origine allemande qui va alors faire prendre un nouveau virage à la marque.
Il commence en faisant entrer la 944 au catalogue. Cette 924 qui a poussé de la fonte trouve son public et s’avère être un succès commercial dès son arrivée en 81. Et alors que la direction veut en terminer avec la 911, Schutz va leur prouver que la sportive n’est pas morte. Contre toute attente, après l’arrivée du cabriolet en 83, l’année suivante il réactualise la 911 en faisant remplacer la 3.0 SC par la Carrera 3.2 forte de 231 ch. Les ventes repartent à la hausse… à tel point que la 911 ne s’est jamais aussi bien vendue. Schutz a gagné son pari et la 911 est sauvée. 40 ans plus tard, à travers 7 générations, la 911 s’est écoulée à plus d’1 million d’exemplaires…
Eh bien au milieu de ce million de voitures, le proprio d’une 911 Carrera 3.2 Targa de 88 s’est dit que personne n’y verrait d’inconvénient s’il offrait une p’tite cure de backdating à la sienne. Alors il a commencé par l’équiper d’un kit longhood, de pare-chocs en fibre, d’une prise d’air à mailles sur le capot arrière, de phares à LED et d’ailes un peu plus larges que celles d’origine. Une robe blanche et quelques stickers bronze et le tour esthétique était joué (et bien joué !).
Sous la robe, les suspensions sont un chouill’ droppées et si le freinage est laissé d’origine, il se cache maintenant derrière des Fuchs bronze en 16″ chaussées en Bridgestone Potenza de 225/50 et Toyo Proxess de 255/50. Pas besoin de plus puisque le Flat 6 3.2 l se contente juste d’une admission libérée et d’une ligne inox qui débouche sur une double sortie centrale. De quoi le débrider puisque sur le marché américain, le 3.2 l devait se contenter de 217 ch au lieu des 231 des modèles européens.
Dans l’habitacle, les baquets, le tableau de bord et les panneaux de portes de type RS sont tendus de cuir bordeaux, couleur qui a aussi servi d’inspiration pour le toit Targa. Niveau pompelup (ça faisait longtemps !) on note le volant Momo Prototipo, le pommeau de type 917 et l’autoradio Blaupunkt d’origine.
Au final, cette Carrera 3.2 Targa est sympa. Juste de quoi sortir du lot. Bien sûr on est loin du level d’une Singer ou d’une Kaege, mais elle montre que pour un bon backdating ou restomod, c’n’est pas non plus forcément nécessaire d’aller claquer le budget du Bengladesh !
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